La maison de Paquius Proculus |
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Plan | Visite |
Paquius Proculus et sa femme |
Ces habitations ont été
fouillées en 1868. PROCULE FRONTONI
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Il est donc certain que cette habitation appartenait
à P. Paquius Proculus, ce même citoyen qui,
suivant une autre inscription publiée par Garrucci 1
avait été nommé à
l'unanimité duumvir chargé de rendre la
justice, P. Paquium Proculum ii v ir. i. d. d. r. p.
universi Pompeiani fecerunt.
«Et qu'était, dit M. G. de Petra, ce Proculus
que les Pompéiens élevèrent unanimement
à la haute dignité de duumvir
chargé de rendre la justice ? Rien de plus qu'un
boulanger. Ce fait nous autorise à conclure
qu'à Pompéi les magistratures municipales
n'étaient pas le monopole des riches seuls, et que
ceux-ci mêmes reconnaissaient de bonne grâce
qu'il était convenable d'y faire participer les
citoyens les meilleurs et les plus estimés parmi ceux
de condition plébéienne».
Après avoir franchi le prothyrum, à
gauche duquel sont trois marches de pierre que surmontait un
escalier de bois, on se trouve dans un atrium dont le
portique était soutenu à chaque angle par des
piliers en forme d'équerre ayant chacun deux
demi-colonnes adossées, et dans chaque face par deux
colonnes isolées, le tout réuni par un
pluteus. Dans l'angle gauche est une grande auge en
maçonnerie, d'une hauteur égale à celle
du pluteus, et où l'eau des toits était
amenée par un tuyau de plomb qu'on y voit encore. Les
trois entre-colonnements du portique de droite avaient
été fermés après coup par un mur
percé de deux fenêtres dans sa partie
supérieure.
A gauche de l'atrium sont cinq portes, toutes,
à l'exception de la dernière, munies d'un seuil
de marbre. Les pièces auxquelles elles donnent
accès sont dénuées de tout ornement. M.
G. de Petra croit que la première fut une cuisine,
bien que le fourneau n'existe plus, et avec nos idées
modernes, le motif sur lequel il se fonde semblerait au moins
singulier, si l'on ne connaissait par maint autre exemple la
coutume des anciens ; ce motif, c'est qu'il y a reconnu
l'indication de certain retrait, dont une inscription
tracée à la pointe ne permet pas de mettre en
doute la destination.
Dans la chambre suivante furent trouvées deux
très curieuses peintures sur verre, de 0m 15 sur 0m
11, malheureusement en morceaux, représentant des
Amours, et conservant des traces de dorures. Les trois autres
pièces n'ont offert aucune particularité
intéressante.
Le côté droit de l'atrium présente
également plusieurs ouvertures ; la première et
la troisième sont les portes de deux pièces aux
murailles grossières et sans revêtement ; un
petit mur se trouve au fond de chacune d'elles, et cette
disposition nous porte à croire que là
étaient les écuries des bêtes de somme
employées aux moulins. Entre elles est le corridor,
communiquant avec la maison voisine ; mais M. G. de Petra a
remarqué que telle n'était pas sa destination
primitive. On reconnaît en effet qu'après le
premier tiers, qui ne fut d'abord qu'une réserve, une
apotheca, le passage était fermé par un
mur qui fut abattu lorsqu'on voulut réunir les deux
propriétés. La quatrième salle
était le pétrin, ainsi que le démontrent
cinq massifs de maçonnerie qui portaient les tables de
bois sur lesquelles on manipulait la pâte, et la
présence de divers récipients destinés
à contenir l'eau nécessaire à cette
opération. Une baie ouverte sur le fournil, le
praefurnium, permettait de passer directement les
pains au furnacator chargé de les
enfourner.
Au fond de l'atrium, et à la place qu'eût
occupée le tablinum, est une large porte qui
conduisait à la boulangerie renfermant le four, le
magasin à farine et cinq moulins. Trois de ceux-ci
sont entiers ; du quatrième il ne reste que la base en
maçonnerie, et du cinquième cette même
base surmontée de la partie conique sur laquelle
tourne le corps du moulin, le Catillus. On voit aussi,
dans cette enceinte, plusieurs réservoirs en
maçonnerie et un puits que fermait un couvercle ; il
reste peu de traces de la peinture des dieux Lares, qui
existait ordinairement dans les boulangeries.
Enrichi sans doute dans son commerce et se voyant
élevé à une magistrature municipale,
Paquius Proculus sentit la nécessité
d'adjoindre à son établissement une habitation
un peu plus en rapport avec sa nouvelle position ; ce fut
alors qu'il dut acheter la maison voisine et percer la
communication dont nous avons parlé.
Cette seconde maison, qui avait sa véritable
entrée par une boutique n° 32 faisant face
à la porte de la maison de Lucretius, est encore assez
modeste, bien que plus ornée que la
précédente, et elle conserve quelques-unes de
ses peintures. La première chambre à droite de
l'atrium est un cubiculum, ayant son
soubassement rouge avec des plantes aquatiques, et ses
murailles blanches avec des candélabres, des cygnes,
des griffons et des oiseaux surmontées d'une corniche
de stuc colorié. Vient ensuite une petite ala,
où l'on voit une Victoire ailée, sur fond
jaune, portant un trophée. M. G. de Petra croit que la
pièce suivante était destinée à
tenir lieu de tablinum ; nous pensons qu'on ne doit y
voir autre chose que la chambre à coucher du
maître. Sa décoration est analogue à
celle de la première chambre, mais un peu plus riche ;
on y voit sur les parois un homme ailé avec un
carquois, et une Femme nue tenant une corne d'abondance et
une corbeille de fleurs.
Au fond étaient deux peintures, qui ont
été portées au musée ; l'une
représente l'Amour et Psyché ; l'autre,
placée au-dessous, excita une certaine
curiosité au moment de sa découverte en
août 1868, parce qu'on la regarda comme
présentant les premiers véritables portraits
trouvés à Pompéi. On y voit le buste
d'une jeune femme tenant de la main gauche des tablettes et
de la droite un style, dont elle appuie la pointe contre ses
lèvres en paraissant réfléchir à
ce qu'elle va écrire.
Telle Ovide nous peint Biblis méditant sa lettre
à Caunus (Met. IX, 520). Derrière elle
est son mari, revêtu de la toge magistrale, tenant un
rouleau, un volumen auquel pend son titre, titulus, et
sur l'extrémité duquel il appuie son menton. Sa
figure assez commune répond bien à
l'idée qu'on peut se faire de ce boulanger devenu
duumvir.
Au fond de l'atrium est le tablinum, grande
pièce sur laquelle a été pris un
corridor conduisant à une cuisine sans fenêtre,
qui ne pouvait recevoir l'air et le jour que par le toit et
la porte. Le corridor et le tablinum ont la même
décoration, des médaillons sur fond jaune
où l'on voit de petits génies,
Hélène, Pâris avec un Amour qui lui parle
à l'oreille, un jeune guerrier avec une lance, et, en
pendant, une jeune femme, sans doute Méléagre
et Atalante.
Dans la salle, à droite du corridor, le
triclinium, est un petit génie entre deux
médaillons d'homme et de femme, et en retour, à
droite, sont deux autres génies presque
effacés.
Cette pièce ouvrait, par une large fenêtre
percée sans doute au moyen d'une servitude, jus
luminum, acquise par Proculus, sur une troisième
maison qui avait pour entrée une boutique ou un
très large prothyrum, portant sur la rue de
Stabia le n° 24. Après avoir franchi ce passage,
qui comme les boutiques se fermait par des volets, on se
trouve dans un péristyle qui n'avait de portiques que
de trois côtés, chacun d'eux étant
soutenu par quatre colonnes. Là sont dix fourneaux et
des jarres de terre cuite qui semblent indiquer une
teinturerie, une fullonica.