Problèmes de datation

L'archéologue italien Salvatore Aurigemma, dans son ouvrage I mosaici di Zliten (1926), propose une datation de l'époque flavienne (69-96 après JC), en avançant trois arguments :

La finesse de la facture d'une mosaïque de la même maison, dans une pièce voisine, plaide pour une datation aussi proche que possible de l'époque augustéenne (début du Ier siècle après JC).

La coiffure de la joueuse d'orgue hydraulique est typique de l'époque flavienne.

La scène de damnatio ad bestias semble pour Aurigemma être en relation avec une défaite des Garamantes relatée par Tacite et datée de 70 après JC.

En 1965, G. Ville a proposé une datation fondée sur des données archéologiques, à partir de l'examen des costumes et de l'armement des protagonistes de la venatio et du munus (« Essai de datation de la mosaïque des gladiateurs de Zliten », in La Mosaïque Gréco-Romaine, Paris, 1965) :

La tunique courte, à manches ajustées, des chasseurs qui ont les jambes nues semble appartenir à la fin du Ier ou au début du IIe siècle après JC.

Les casques des Thraces et des Myrmillons semblent d'un type intermédiaire entre celui de Pompéi et celui d'un gladiateur de l'époque trajanienne dont on a retrouvé le relief funéraire : G. Ville les date donc de la fin de la période flavienne, ou du début de la période antonine (fin du Ier s./ début du IIe siècle après JC).

Cette datation haute est globalement acceptée par certains historiens de l'art ; mais elle est totalement contestée par d'autres, qui proposent une datation plus tardive. C'est le cas de David Parrish, qui en 1985 a proposé de dater la mosaïque vers 200 après JC, dans la première époque des Sévères (in Antiquités africaines, 21, 1985, pp.137-158) :

Il souligne en particulier la similitude de l'équipement des deux Samnites de Zliten (à gauche) et de Bad Kreuznach (Allemagne), dont la mosaïque est datée des environs de 250 après JC (à droite).

Le même rapprochement peut être effectué entre les duels rétiaire/secutor de Zliten (à gauche) et de Nennig, à droite. Or on propose pour la mosaïque allemande une datation aux environs de 230-240 après JC.

Enfin l'irréalisme du rendu de l'espace, sur fond blanc, sans ombres ni sols nettement tracés, semble à David Parrish pouvoir être rapproché de celui de la mosaïque de l'amphithéâtre d'El Djem (à droite), que l'on date autour de 200 après JC.

On voit que les efforts de datation de cette mosaïque, le plus souvent fondés sur des comparaisons archéologiques ou stylistiques, n'ont pour l'instant abouti à rien de sûr. En l'absence de données fournies par la fouille elle-même, le problème ne semble pas près d'être résolu.