Venatio et damnatio ad bestias

La frise de l'amphithéâtre court sur quatre côtés, répartis deux à deux :

La frise du côté est

La frise du côté ouest

Scènes de venatio

Les spectacles de venatio étaient la grande attraction de l'amphithéâtre le matin. Il s'agissait de chasses conduites par des bestiarii contre des bêtes sauvages, souvent exotiques, ou bien encore de combats de bêtes entre elles.

Sur la frise orientale, en haut à gauche, un chien poursuit une antilope, tandis que plus bas, un autre chien rabat un daim vers un chasseur armé d'un épieu.

Au milieu, une curieuse scène représente un nain barbu qui semble jouer avec un sanglier domestiqué, peut-être en lui lançant des fruits. Il s'agit probablement d'un intermède burlesque comme celui d'un cirque, destiné à introduire un peu de légèreté dans des spectacles ordinairement sanglants.

A droite, une chasse au cerf est sur le point de s'achever : la bête est blessée au flanc, poursuivie par une chienne, et va être abattue par un chasseur qui tient dans la main droite un couteau à large lame.


© Aurigemma, 1926

Plus loin, un onagre agonise, transpercé par un épieu (venabulum) ;
des flots de sang coulent sur le sable, de ses flancs et de ses narines.

Quant aux détails de la frise ouest, ils sont bien ruinés, à l'exception d'une remarquable et atroce chasse aux autruches. Tandis que celle de gauche s'enfuit, attaquée par un chien, celle de droite vient d'être décapitée par un bestiaire, et son sang gicle en arc-de-cercle.

© Gérard Coulon

Scènes de damnatio ad bestias

C'est surtout pour ses représentations d'une damnatio ad bestias que la mosaïque de Zliten est célèbre dans le monde entier.

Les exécutions de condamnés à mort pouvaient être associées, comme c'est le cas ici, aux scènes de venatio du matin : la mise à mort s'effectuait alors avec le concours de bêtes sauvages, et on l'appelait damnatio ad bestias (condamnation à être exposé aux bêtes). Il pouvait aussi arriver que le supplice fasse l'objet de reconstitutions mythologiques au cours de spectacles complexes mettant en scène des héros légendaires qui avaient subi des morts violentes (Hercule sur son bûcher, Orphée dévoré par un ours, etc). Vers midi, on mettait enfin aux prises des paires de combattants peu ou pas armés, qui étaient chargés de simplement s'entretuer, pendant que le peuple s'ennuyait et réclamait du sang pour se divertir.

La damnatio ad bestias de Zliten vaut surtout par son exceptionnelle qualité documentaire, esthétique et narrative.

Article de René Cagnat

A gauche de la frise orientale, deux condamnés à mort, qu'Aurigemma a identifiés comme des Garamantes, sont exposés à l'attaque de panthères d'Afrique sur des petits chars auxquels ils sont ligotés ; des deux bestiaires qui s'affairent pour veiller au bon déroulement du supplice, celui du fond agite un fouet et un chiffon pour exciter la panthère.

Plus loin, au milieu de la frise, un ours brun et un taureau s'affrontent : tous deux sont liés l'un à l'autre par une corde et une chaîne, ce qui a mis les deux animaux en rage. Un condamné, entièrement nu, a pour mission de séparer les deux fauves en détachant de son bâton l'anneau qui unit les deux liens, mais la position de l'homme, qui risque d'attirer sur lui la fureur des bêtes, suggère son appréhension.

© Charles Cavenel

A droite, un bestiaire armé d'un fouet pousse un autre supplicié fou de terreur vers un lion gigantesque et agressif. Au-dessus du fauve, une lacune de la mosaïque suggère le cadavre d'un autre malheureux.

© Gérard Coulon

De telles représentations de supplices ne sont pas rares dans les mosaïques d'Afrique du Nord ; mais celle-ci intéresse particulièrement Aurigemma parce qu'elle lui semble évoquer un événement historique auquel le propriétaire de la maison semblait attacher de l'importance, peut-être parce qu'il en aurait été le munerarius, l'organisateur.