Cette chanson fait partie d'un ensemble de poèmes de Yannis Ritsos, intitulé Dix-huit petites chansons de la patrie amère. Seize d'entre elles ont été écrites le 16 septembre 1968, à la demande de Mikis Théodorakis, par le poète emprisonné par la junte militaire dans l'île de Léros, puis l'ensemble a été remanié en novembre 1969 dans l'île de Samos et dédié à Théodorakis, qui l'a mis en musique et créé pour la première fois le 17 janvier 1973 à l'Albert Hall de Londres.

Il s'agit de quatrains de vers de 15 syllabes, donc des textes assez courts. Le dernier, «Ti romiosini min tin klais», est celui qui a connu le succès le plus foudroyant, au point de devenir, au même titre que certaines chansons d'Axion esti, un hymne de résistance à toutes les formes d'oppression du peuple grec.

On en jugera par quatre enregistrements particulièrement impressionnants. Le premier date du concert de retour de Théodorakis en Grèce en 1974, après la chute de la dictature. Le second, datant probablement de la même période, est celui de la grande Maria Farandouri. Les deux derniers montrent à quel point la défense de la grécité est encore et toujours d'actualité : Angélique Ionatos a conclu son concert du mercredi 13 juin 2012 à Paris par cette chanson entonnée a capella, et le vendredi 14 juin 2013, une foule assemblée devant le bâtiment de l'ERT, la télévision publique grecque, l'a chantée spontanément pour saluer la diffusion de ses programmes par le web et par satellite, grâce à l'initiative de l'Union Européenne des Télévisions publiques, et en dépit de la fermeture décidée par le parlement.

 



Τη ρωμιοσύνη μην την κλαις εκεί που πάει να σκύψει
Ti romiosyni min tin klais eki pou pai na skypsi
Ne pleure pas la grécité quand elle est sur le point de fléchir,
με το σουγιά στο κόκκαλο με το λουρί στο σβέρκο
Me to souyia sto kokkalo me to louri sto sverko.
avec le couteau sur l'os et la laisse sur la nuque.
Νάτη πετιέται απο ξαρχής κι αντριεύει και θεριεύει
Nati petiete apo xarkhis ki andrievi kai therievi,
La voilà qui s'élance à nouveau, reprend courage et se déchaîne,
και καμακώνει το θεριό με το καμάκι του ήλιου.
Kai kamakoni to therio me to kamaki tou iliou.
Et elle harponne le fauve avec le trident du soleil.