FALX (δρεπάνη, δρέπανον, ἅρπη)
En général, tout instrument pour couper, qui a une
lame recourbée à un seul tranchant ; il avait des
formes différentes, suivant les usages auxquels il
servait ; chacune de ces formes est marquée par une
épithète caractéristique. Ainsi :
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Foenaria et veruculata. Faux pour couper l'herbe
(Cato, R.R. 10, 3 ; Pallad. I, 43, 1 ; Columell. II,
21, 3) ; elle est toujours représentée dans les
oeuvres de l'art antique avec un manche long et droit, comme
dans le spécimen ci-joint, qui est égyptien :
mais celui d'autres modèles que portent les pierres
gravées et les monnaies présentent tous une
figure semblable.
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Stramentaria et messoria. Faucille pour
moissonner le blé (Cato, R.R. 10 , 3 ;
Pallad, I, 43, 1). La gravure représente un
modèle découvert, parmi plusieurs
autres instruments d'agriculture, dans la ville de
Pompéi.
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Denticulata (ἅρπη καρχαρόδος). Faucille
à dents, employée, au lieu de la faucille
ordinaire, pour moissonner, dans plusieurs parties de
l'Italie ancienne, de la Grèce et de l'Egypte
(Columell. I1, 21, 3). La lame, dont le tranchant
était entaillé comme une scie, était
fixée à l'extrémité d'un
bâton court, légèrement courbé en
arrière (Varro, R.R. 50, 2).
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Pour s'en servir, on tenait la pointe en haut, dans la
position que montre notre figure d'après une
peinture égyptienne, de sorte que le moissonneur
la portait toujours en haut, coupant la tige un peu
au-dessous de l'épi (Job, XXIV, 24, sicut
summitates spicarum conterentur). On peut voir les
manières différentes dont étaient
maniées la faucille à dents et la
faucille ordinaire, dans deux peintures des tombes de
Thèbes, reproduites par Wilkinson (Manners
and Customs of the Egyptians, t. IV, p. 89, 98).
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Arboraria et silvatica. Serpe commune (Cato,
R.R. 10 et 11), employée par les
bûcherons, les faiseurs de haies et autres
ouvriers du même genre ; elle était
semblable en tout point à l'instrument dont
ils se servent encore aujourd'hui, comme le montre
notre figure, prise d'un modèle trouvé
à Pompéi.
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Vinitoria, vineatica et putatoria. Serpette de
vigneron (Cato, R.R. 11, 4; Pallad. I, 43, 1 ;
Columell. IV. 25, 1), sorte d'instrument compliqué et
muni de différents tranchants pour les nombreuses et
délicates opérations de la taille de la vigne.
Chacune de ses parties portait un nom approprié qu'on
comprendra facilement en se reportant à la gravure
ci-dessus, qui représente un de ces instruments
d'après le manuscrit de Columelle.
Le tranchant droit, immédiatement au-dessus du
manche, s'appelait culter,
le coutre ; celui qui se recourbe au delà,
sinus, le pli ou le creux ; le tranchant, entre le creux
et la pointe, scalprum, le
couteau; le croc lui-même, rostrum, le bec ; au
delà de la pointe saillante,
mucro, la pointe ; et contre le dos, le tranchant en
demi-lune,
securis, la hache.
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(ῥαμφή). Glaive (Cic. Mil. 33 ;
Stat. Ach. II, 419 ; Polyb. X, 18, 28), fort
courbé à l'extrémité
supérieure de la lame ; ce qui lui donnait
beaucoup de ressemblance avec une faucille ; de
là aussi le nom spécial d'ensis falcatus (Ovid. Met.
I, 718 ; IV, 726) ou humains (Id. Met. V, 80). Une
arme de cette forme est fréquemment
attribuée par les poètes et les
artistes à Mercure et à Persée.
Elle est représentée, dans la gravure
ci-jointe, d'après une lampe en terre cuite
(Bartoli, Lucerne, III, 13, cf. Winck.
Mon. Ant. ined. 84), où elle
apparaît entre les mains d'un jeune guerrier,
avec un bouclier, un casque et un manteau de peau.
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Supina. Couteau à tranchant
recourbé et à lame pointue
employé par les gladiateurs appelés
Thraces (thraces);
il tirait ce nom de la manière dont on s'en
servait ; on le tenait un peu renversé et
pour ainsi dire sur son dos (supina, Juv.
Sat. VIII, 201), en présentant le
tranchant de manière à porter le coup
au bas du ventre et à étendre en long
la blessure en remontant, précisément
comme les Italiens modernes se servent de leurs
couteaux, et comme l'indique la gravure ci-contre,
représentant un de ces gladiateurs,
d'après une lampe en terre cuite.
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Muralis (δορυδρέπανον). Instument
employé dans la guerre de terre et de mer à la
fois pour couper les mâts et le gréement d'un
vaisseau ennemi, débarrasser les remparts de leurs
défenseurs ou abattre les pierres et les palissades
qui formaient un retranchement (Caes. B.G. III, 14 ;
VII, 86 ; Strabo, IV, 4, 1 ; Liv. XXXVIII, 5). On peut
facilement se le représenter avec une tête de
fer massive en forme de faucille fixée à
l'extrémité d'une forte perche ou poutre qui
pouvait être manoeuvrée à la main ou par
une machine, de manière à couper, tailler ou
renverser, ainsi que nous l'avons décrit.
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Employé poétiquement pour dolabra
(Prop. IV, 2, 59), instrument dont une des
extrémités avait une forme recourbée, se
rapprochant de celle d'une faucille.
Illustration complémentaire
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Deux exemplaires de serpes
Musée Rolin, Autun (France), 2002
© Agnès Vinas
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