CULTER (μάχαιρα)
Nom donné par les anciens à différents
instruments employés pour couper, qui étaient
faits d'un seul tranchant, le dos un peu large, et la pointe
aiguë ; tous servaient pour les besoins du ménage et
de l'agriculture, mais non de la guerre, excepté quand on
parle des temps barbares et d'un assassin plutôt que d'un
soldat. Notre mot couteau est peut-être la
traduction la plus exacte, mais le culter ancien ne
désigne en général dans les instruments que
nous appelons couteaux que ceux de la plus grande espèce.
Nous énumérons ci-dessous les principaux, avec les
épithètes qui les distinguent.
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Culter coquinaris. Couteau de cuisiner, ou couteau de
cuisine (Varro, ap. Non. s.v.), servant
à couper la viande. La gravure est prise d'un
modèle découvert dans une cuisine de
Pompéi. Les bouchers se servaient aussi d'un
instrument semblable pour le même usage (Liv. III, 48 ;
Herod. II, 61).
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Couperet employé par le cultrarius
dans un sacrifice pour couper la gorge de la victime
(Plaut. Rud. I, 2, 45), et par les bouchers
à l'abattoir (Varro, R.R. II, 5, 11) ;
il était fréquemment
représenté sur les bas-reliefs des
sépulcres. C'est d'un de ces bas-reliefs que
nous avons pris le specimen ci-joint où
l'inscription CULTRARI OSSA nous garantit que nous
avons le véritable instrument. Comparez la
gravure du mot
cultrarius, où l'on voit le
couteau employé.
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Culter venatorius. Couteau de chasseur, qu'il portait
à une ceinture et avec lequel il
dépêchait sa proie quand il était face
à face avec elle (Petr. Sat. 40, 5 ; Suet.
Aug. 19). Il était pareil à celui dont se
servaient ceux qui combattaient avec les bêtes
féroces de l'amphithéâtre. Voyez la
première figure au mot
bestiarius. Le specimen ci-joint est pris d'une
pierre gravée.
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Tranchant affilé ou partie plate de la lame dans une
serpette de vigneron (falx
vinitoria) qui, dans la gravure ci-jointe,
tirée d'un vieux manuscrit de Columelle, est
placée entre le manche et le croc du bout (Columell.
IV, 25, 3), et dont on se servait particulièrement
pour émonder et retrancher.
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Culter tonsorius. Sorte de couteau ou de rasoir dont
les barbiers se servaient pour raser (Cic. de Off. II,
7 ; Petr. Sat. 108, 11 ; Plin. H.N. VII, 59).
Il est aussi désigné par le diminutif
cultellus, et il avait probablement une lame avec une
pointe faite comme celle du couteau de chasse (n° 3) ;
car on s'en servait pour tenir les ongles en bon état
(Hor. Ep. 1, 7, 51 ; cf Val. Max. III, 2, 15).
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Couteau fait d'os ou d'ivoire pour manger du fruit
(Columell. XII, 45, 4) ; il est appelé aussi
cultellus (Plin. H.N. XII, 54).
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Coutre d'une charrue ; fait comme la lame
d'un large couteau et placé verticalement
au-devant du soc (vomer, Plin. H.N.
XVIII, 48), comme le montre clairement la figure
ci-jointe, prise d'une pierre gravée.
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In cultrum collocatus. Expression technique
dont se servaient les architectes et les
mécaniciens romains, quand ils parlaient
d'objets placés sur leurs côtés
les plus petits ou sur leurs bords les plus
étroits. Ce mot s'applique à des
briques ou à des pierres placées de
côté dans un édifice, au lieu
d'être placées de la façon
habituelle et de montrer leurs surfaces les plus
larges (Vitruv. X, 5). Les Italiens d'aujourd'hui
emploient une métaphore semblable, per
coltello, quand ils veulent exprimer la
même disposition.
Illustration complémentaire
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Aspersoir,
cruche et couteau de sacrifice
Frise du temple de Vespasien et Titus
Tabularium, Musées du Capitole (Rome),
2001
© Agnès Vinas
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