MANIPULUS (δράγμα, ἄμαλλα, οὖλος)

  1. Littéralement, une poignée de quoi que ce soit, mais surtout la quantité de tiges de blé que le moissonneur prend dans sa main gauche pendant que sa main droite porte la faucille au pied de ces tiges : ce que, dans certaines provinces de France, on appelle une manvée.

Comme toutes ces poignées de blé étaient ensuite rassemblées en javelles et liées en gerbes, ainsi qu'on le fait encore maintenant, ce mot sert aussi à désigner une gerbe de blé, une botte de paille, ou plus ordinairement de foin, que, dans l'antiquité, les paysans bottelaient sur le terrain même, avant de l'emporter en grange (Plin. H.N. XVIII, 72 ; Ov. Rem. Am. 191 ; Varro, R.R. I, 49, 1 ; Columll. II, 18, 2 ; XI, 2, 40). La gerbe de blé ici représentée est copiée d'une lampe en terre cuite.

  1. L'étendard, l'enseigne d'une compagnie. On dit que, dans les premiers temps de Rome, c'était une poignée de foin attachée à une perche, et portée devant la troupe ; dans la suite, pour en conserver et en rappeler le souvenir, on plaça au haut de l'étendard une main humaine, comme dans le specimen ci-joint, tiré de la colonne Trajane (Ov. Fast. III, 115-118 ; Serv. ad Virg. Aen. XI, 870 ; Aurel. Vict. de Orig. P.R., 22).
  1. (σπεῖρα, Polyb.). Manipule de fantassins, c'est-à-dire troupe d'hommes rangée sous un seul étendard. Un manipule de principes, de hastati ou de velites, était formé de 120 hommes ; un de triaires seulement de 60 ; quatre manipules formaient une cohorte (Caes. Tac. Virg. etc). Dans quelques cas aussi ce mot désigne une troupe de cavalerie ; mais cela est contraire au sens exact du mot (Sil. Ital. IV, 316).

Illustrations complémentaires

Détails sur les insignes de l'armée de Trajan :
à gauche, un manipulus
Moulage de la colonne Trajane
Musée de la Civilisation romaine, EUR (Rome), 2001

© Agnès Vinas

Reconstitution d'enseignes ; au centre, un manipulus
Castellum de Saalburg (Allemagne), 2002

© Agnès Vinas