[10 avril 54 av.JC]
A TIRON.
Andricus n'est arrivé que le lendemain du jour
où je l'attendais. Aussi j'ai passé une nuit
d'effroi, une nuit cruelle. Quoique votre lettre ne dise pas
comment vous êtes, elle m'a pourtant remis. Je ne
m'abandonne à aucun plaisir, ne m'occupe d'aucune
étude. Tant que je ne vous verrai pas, je ne suis
capable de rien. Qu'on promette au médecin tous les
honoraires qu'il demandera, je l'ai écrit à
Ummius. On me mande que vous vous affectez beaucoup et votre
état s'en ressent, à ce que dit le
médecin. Si vous m'aimez, que je voie se ranimer en
vous ce goût des lettres et du beau qui fait que vous
m'êtes si cher. Il faut que l'esprit soit sain pour que
le corps le devienne. Faites quelque chose. Ce n'est pas
seulement pour vous, c'est pour moi que je vous en prie.
Gardez Acaste ; vous serez mieux servi. Enfin conservez-vous
pour moi. Le jour de mes promesses approche. Je l'avancerai
même, si vous arrivez. Adieu. Adieu.
Le 4 des Ides, à la sixième heure.
Edition des Lettres de Cicéron - Collection des Auteurs latins de Nisard, in Oeuvres complètes de Cicéron, tome V, Paris, Firmin-Didot (1869) - Traduction de M. Defresne