[Avril 54 av. JC]
A TIRON.
Egypta est arrivé la veille des ides d'avril. La
fièvre, m'a-t-il dit, vous avait entièrement
quitté et vous vous trouviez assez bien. Cependant il
vous est encore impossible d'écrire, et cela
m'inquiète, d'autant qu'Hermia, qui devait arriver le
même jour, n'a pas encore paru. Le trouble où je
vis est inexprimable : que si vous m'en délivrez, moi,
je vous délivrerai de tout soin pour toujours. Je vous
écrirais plus longuement, si je vous croyais en
état de lire. Vous avez de l'esprit, et vous savez
à quel point je le prise. Eh bien ! pour vous, pour
moi, appliquez tout votre esprit à vous bien porter,
et veillez sans cesse sur vous. Adieu. J'avais fini ce mot :
voici Hermia qui arrive. Il me remet une lettre. Comme votre
pauvre main tremble ! Il n'y a rien d'étonnant
après une maladie si grave. Je vous renvoie Egypta ;
il est d'un bon caractère et je crois qu'il vous aime.
Il restera près de vous. J'envoie avec lui un
cuisinier dont vous pouvez avoir besoin. Adieu.
Edition des Lettres de Cicéron - Collection des Auteurs latins de Nisard, in Oeuvres complètes de Cicéron, tome V, Paris, Firmin-Didot (1869) - Traduction de M. Defresne