[Leucade, 7 novembre 50 av. JC]
CICERON ET SON FILS, QUINTUS ET SON FILS, A LEUR EXCELLENT ET
SI AIMABLE TIRON.
Voyez quelle séduction est la vôtre ; nous ne
sommes restés que deux heures à Thyrée,
et voilà Xénomène, notre hôte, qui
vous aime comme s'il avait passé toute sa vie avec
vous. Il s'offre à pourvoir à tous vos besoins,
et je crois qu'il tiendra parole. Je souhaiterais, pour peu
que vous vous sentiez mieux, qu'il vous fit transporter
à Leucade, pour y achever votre rétablissement.
Prenez là-dessus l'avis de Curius, l'avis de Lyson,
l'avis du médecin. J'ai eu un moment l'idée de
vous renvoyer Marion. Vous me l'eussiez renvoyé
dès qu'il y aurait eu un peu de mieux ; mais j'ai
réfléchi que Marion ne pourrait me rapporter
qu'une lettre et que j'en veux qui se suivent de près.
Vous pouvez, et vous n'y manquerez pas, si vous m'aimez, vous
pouvez envoyer chaque jour Acaste sur le port. Il trouvera
une foule de gens à qui on peut en toute
sûreté remettre des lettres, et qui se feront un
plaisir de me les apporter. De mon côté, je ne
laisserai pas échapper une seule occasion pour Patras.
Je ne compte absolument que sur les soin de Curius. C'est le
meilleur homme du monde et celui qui m'aime le plus.
Abandonnez-vous à lui sans réserve. J'aime bien
mieux vous avoir bien portant un peu plus tard, que
languissant tout de suite. Ne vous occupez que d'une chose ;
de votre santé. Je saurai pourvoir au reste. Adieu,
mille fois adieu. Au moment de quitter Leucade, le 7 des ides
de novembre.
Edition des Lettres de Cicéron - Collection des Auteurs latins de Nisard, in Oeuvres complètes de Cicéron, tome V, Paris, Firmin-Didot (1869) - Traduction de M. Defresne