13. Le sénat répondit à ce bel exemple d'humanité par ces acclamations : «Pieux Antonin, que les dieux vous conservent. Clément empereur, que les dieux vous conservent. Clément empereur, que les dieux vous conservent. Vous n'avez pas voulu ce qui était permis ; nous avons fait ce qui convenait. Nous souhaitons que Commode partage l'empire avec vous : affermissez votre famille ; assurez la tranquillité de vos enfants. Aucune force ne peut ébranler un empire légitime. Nous demandons pour Commode Antonin la puissance tribunitienne. Nous réclamons votre présence ; nous admirons votre philosophie, votre courage, vos lumières, votre générosité, votre vertu. Vous domptez les rebelles ; vous triomphez des ennemis ; les dieux vous protègent, etc.» Les descendants d'Avidius Cassius vécurent donc sans inquiétude, et furent même admis aux dignités de l'Etat. Mais Commode, après la mort de son père, les condamna tous à être brûlés vifs, comme s'ils eussent été pris dans la révolte.

Tels sont les détails que nous a fournis l'histoire touchant Cassius, dont le caractère, ainsi que nous l'avons dit plus haut, fut toujours très mobile, mais inclinait surtout à la rigueur et à la cruauté. Sur le trône, il n'eût pas montré seulement de la clémence, mais aussi de la bonté, mais aussi les vertus d'un excellent prince. On a de lui une lettre qu'il écrivit, comme empereur, à son gendre, et qui est conçue en ces termes : «Que la république est malheureuse d'être la proie de ces riches, et de tous ceux qui veulent le devenir ! Marc-Aurèle est sans doute homme de bien ; mais, pour faire louer sa clémence, il laisse vivre des hommes dont il condamne la conduite. Où est l'ancien Cassius, dont je porte inutilement le nom ? Où est Caton le Censeur ? Où sont les vertus de nos ancêtres ? II y a longtemps qu'elles ont disparu, et l'on ne songe même pas à les faire revivre. Marc-Aurèle fait le métier de philosophe ; il disserte sur la clémence, sur la nature de l'âme, sur le juste et l'injuste, et il ne sent rien pour la patrie. Vous voyez qu'il faudrait bien des glaives, bien des édits, pour rendre à l'état son ancienne forme. Malheur à tous ces gouverneurs de provinces ! Puis-je, en effet, regarder comme des proconsuls, comme des magistrats du peuple romain, ceux qui croient que le sénat, et Marc-Aurèle leur ont donné des provinces pour y vivre dans la débauche et pour s'y enrichir ? Vous connaissez le préfet du prétoire de notre philosophe : trois jours avant que d'être appelé à ces fonctions, il n'avait pas de pain, et tout d'un coup le voilà riche. Comment, si ce n'est en dévorant les entrailles de la république et des provinces ? Ils ont amassé des richesses ; elles rempliront le trésor épuisé. Puissent seulement les dieux favoriser la bonne cause, et ramener pour la république le temps des Cassius !» Cette lettre indique assez combien il eût été sévère et dur, s'il eût régné.

 

 

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Les Empereurs et Césars du IIe siècle dans l'Histoire Auguste

Hadrien (117-138), biographie d'Aelius Spartianus

Aelius Verus (adopté par Hadrien en 136, mort en 138), biographie d'Aelius Spartianus

Antonin le Pieux (138-161), biographie de Julius Capitolinus

Marc-Aurèle (161-180), biographie de Julius Capitolinus

Lucius Verus (161-169), biographie de Julius Capitolinus

Avidius Cassius (empereur autoproclamé en 175), biographie de Vulcatius Gallicanus

Commode (180-192), biographie d'Aelius Lampridius