2. Marc-Aurèle répondit : «J'ai lu votre lettre, où vous manifestez des craintes qui ne sauraient convenir à un empereur, à un gouvernement tel que le nôtre. Si les dieux lui destinent l'empire, nous ne pourrions nous en défaire, quand même nous le voudrions ; car vous savez le mot de votre bisaïeul : «Nul prince n'a tué son successeur.» Si, au contraire, il ne doit pas régner, il trouvera sa perte dans ses entreprises mêmes, sans que nous recourions à des mesures cruelles. Ajoutez à ces raisons que nous ne pouvons pas faire un criminel d'un homme que personne n'accuse, et qui, ainsi que vous le dites vous-même, est aimé des soldats. Enfin, telle est la nature des crimes d'état, que ceux même qui en sont convaincus passent toujours pour opprimés. Je vous rappellerai aussi ce que disait votre aïeul Adrien : «Quelle misérable condition que celle des princes ! On ne les croit sur les complots de leurs ennemis que quand ils en ont péri victimes.» Domitien l'avait dit avant lui : mais j'ai mieux aimé vous citer Adrien, parce que les meilleures maximes perdent leur autorité dans la bouche des tyrans. Laissons donc sa conduite pour ce qu'elle est, puisque d'ailleurs nous avons en lui un général excellent, ferme, courageux, nécessaire à la république. Pour ce que vous me dites, de pourvoir par sa mort à la sûreté de mes enfants, qu'ils périssent donc, si Avidius mérite plus qu'eux d'être aimé, si le bien de l'Etat exige que Cassius vive plutôt que les enfants de Marc-Aurèle.»

 

 

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Les Empereurs et Césars du IIe siècle dans l'Histoire Auguste

Hadrien (117-138), biographie d'Aelius Spartianus

Aelius Verus (adopté par Hadrien en 136, mort en 138), biographie d'Aelius Spartianus

Antonin le Pieux (138-161), biographie de Julius Capitolinus

Marc-Aurèle (161-180), biographie de Julius Capitolinus

Lucius Verus (161-169), biographie de Julius Capitolinus

Avidius Cassius (empereur autoproclamé en 175), biographie de Vulcatius Gallicanus

Commode (180-192), biographie d'Aelius Lampridius