19. Il était extrêmement affable, même avec les personnes de la plus basse condition, et il ne pouvait souffrir ceux qui lui enviaient les plaisirs de l'urbanité, sous le prétexte de maintenir la majesté du trône. Pendant son séjour à Alexandrie, il proposa en plein musée, aux professeurs, un grand nombre de questions, qu'il résolut lui-même. Marius Maximus dit qu'il était naturellement cruel, et que la crainte d'éprouver le même sort que Domitien fut le seul motif de ses bonnes actions. Quoiqu'il n'aimât pas à charger de ses inscriptions les monuments, il donna le nom d'Adrianople à plusieurs villes, même à Carthage et à un quartier d'Athènes. Il le fit aussi porter à une infinité d'aqueducs. Il institua, le premier, un avocat du fisc. Il avait une vaste mémoire et d'immenses facultés ; en effet, il dictait lui même ses discours, et répondait à tout. On a conservé plusieurs de ses bons mots ; car il aimait la raillerie. Un de ses meilleurs est celui-ci. Un solliciteur, dont la tête commençait à blanchir et auquel il avait refusé une grâce, étant revenu, mais les cheveux teints, la lui demander, il lui répondit : «Je l'ai déjà refusée à votre père.» Il saluait par leurs noms, sans qu'on aidât sa mémoire, un grand nombre de personnes, qu'il suffisait de lui avoir nommées une fois et toutes ensemble : il lui arriva même souvent de relever les erreurs des nomenclateurs. Il savait jusqu'aux noms de tous les vétérans auxquels il avait donné autrefois leur congé. Les livres qu'il venait de lire, même ceux qui lui étaient le plus inconnus, il les redisait de mémoire à quelques auditeurs. Il pouvait à la fois écrire, dicter, écouter, et converser avec ses amis. Il était tellement au fait de tous les détails des comptes publics, qu'aucun père de famille, si vigilant qu'il fût, ne connut aussi bien ses affaires domestiques. Il aima les chevaux et les chiens, au point de leur ériger des tombeaux. Il bâtit une ville appelée Adrianothère, dans un endroit où il avait fait une heureuse chasse et tué une ourse. | © Agnès Vinas |
Les Empereurs et Césars du IIe siècle dans l'Histoire Auguste
Hadrien (117-138), biographie d'Aelius Spartianus Aelius Verus (adopté par Hadrien en 136, mort en 138), biographie d'Aelius Spartianus Antonin le Pieux (138-161), biographie de Julius Capitolinus Marc-Aurèle (161-180), biographie de Julius Capitolinus Lucius Verus (161-169), biographie de Julius Capitolinus Avidius Cassius (empereur autoproclamé en 175), biographie de Vulcatius Gallicanus Commode (180-192), biographie d'Aelius Lampridius |