6. Lorsque Antonin le Pieux alla chercher les restes d'Adrien mort à Baïes, Marc-Aurèle fut laissé à Rome : il rendit les derniers devoirs à son aïeul, et donna, comme un questeur ordinaire, un combat de gladiateurs. Aussitôt après la mort d'Adrien, Antonin le Pieux, déclarant nulle la promesse de mariage faite par Marc-Aurèle à la fille de Lucius Céjonius Commode, lui fit proposer par l'impératrice la main de sa fille. Marc-Aurèle, se trouvant encore trop jeune, demanda du temps pour y penser. Cependant l'empereur le désigna, quoiqu'il fût encore questeur, pour être son collègue au consulat ; il lui conféra en même temps le titre de César, et le créa sévir de cavalerie. Il s'assit à côté de lui le jour où celui-ci donna les jeux séviraux avec ses collègues ; il lui assigna pour demeure le palais de Tibère, l'entoura, malgré lui, de tout l'appareil de la puissance, le reçut, d'après un décret du sénat, dans les collèges des prêtres et, en prenant possession de son quatrième consulat, le désigna consul pour la seconde fois. Ainsi comblé d'honneurs, et admis dans tous les conseils de son père, qui voulait le former au gouvernement de la République, il n'en montra pas moins d'ardeur pour l'étude. Quelque temps après il épousa Faustine, dont il eut une fille. Il fut ensuite revêtu de la puissance tribunitienne et du pouvoir proconsulaire, hors de Rome ; distinctions auxquelles on ajouta le droit de proposer cinq affaires au sénat dans une même séance. Il avait tant de crédit auprès d'Antonin le Pieux, que ce prince avançait difficilement quelqu'un sans son agrément. Il témoigna toujours la plus grande déférence à son père Antonin, répondant ainsi aux secrètes calomnies répandues contre lui par quelques envieux, surtout par Valérius Omulus, qui, voyant Lucilla, la mère de Marc-Aurèle, prosternée, dans un verger, devant la statue d'Apollon, dit tout bas à Antonin le Pieux : «Elle prie le ciel de terminer vos jours, et de donner le trône à son fils.» Mais ces insinuations n'eurent aucun pouvoir sur l'empereur ; tant la vertu de Marc-Aurèle était connue, tant sa modération dans l'exercice du pouvoir était grande.

 

© Agnès Vinas

PrécédenteSuivante

Les Empereurs et Césars du IIe siècle dans l'Histoire Auguste

Hadrien (117-138), biographie d'Aelius Spartianus

Aelius Verus (adopté par Hadrien en 136, mort en 138), biographie d'Aelius Spartianus

Antonin le Pieux (138-161), biographie de Julius Capitolinus

Marc-Aurèle (161-180), biographie de Julius Capitolinus

Lucius Verus (161-169), biographie de Julius Capitolinus

Avidius Cassius (empereur autoproclamé en 175), biographie de Vulcatius Gallicanus

Commode (180-192), biographie d'Aelius Lampridius