Livre X - Lettres 38 et 39


PLINE A L'EMPEREUR TRAJAN

Sempronius Célianus, jeune homme de mérite, m'a envoyé des esclaves qu'il a trouvés entre les soldats de recrue. J'ai différé leur supplice, pour avoir le loisir de vous consulter sur le genre de leur peine, vous que je regarde comme le restaurateur et le conservateur de la discipline militaire. Pour moi , j'ai quelque scrupule ; parce que, bien qu'ils eussent fait leur serment, cependant ils n'étaient point encore enrôlés dans aucune légion. Ayez donc la bonté, seigneur, de me prescrire vos intentions dans une occasion qui doit faire un exemple.

TRAJAN A PLINE

Sempronius Célianus a exécuté mes ordres, quand il vous a envoyé des gens dont il fallait juger le crime en connaissance de cause, pour savoir s'il était capital. Mais il faut bien distinguer s'ils ont été choisis par celui qui était chargé des levées, ou si d'eux-mêmes ils ont été volontairement se présenter, ou enfin s'ils ont été donnés pour servir à la place d'autres. S'ils ont été choisis, c'est la faute de l'officier chargé des levées ; s'ils ont été donnés pour servir à la place d'autres, il faut s'en prendre à ceux qui les ont donnés. Que si, quoiqu'instruits de leur état, ils sont venus volontairement s'offrir, il faut les punir. Il importe peu qu'ils n'aient point été encore distribués dans aucune légion ; car du jour qu'ils ont été reçus au service, ils ont dû répondre de la vérité de leur état.

© Agnès Vinas

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