Livre X - Lettres 75 et 76
PLINE A L'EMPEREUR TRAJAN Comme je cherchais à Pruse, seigneur, une place où je pusse commodément élever le bain que vous avez permis à ses habitants de bâtir, j'en ai trouvé une qui me plaît fort. J'entends dire qu'il y avait autrefois une très belle maison qui n'est plus aujourd'hui qu'une horrible masure. Nous gagnerons à cela d'embellir la ville, que ces ruines rendent difforme, de l'augmenter, et de ne démolir aucuns bâtiments, mais de rétablir ceux que le temps a démolis. Voici ce que j'ai appris de cette maison. Claudius Polyénus l'avait léguée à l'empereur Claude, auquel il voulut que l'on dressât un temple dans une cour qui est environnée de colonnes, et que le reste fût loué. La ville en a reçu quelque temps les revenus. Ensuite cette maison, avec le péristyle, est entièrement tombée, partie pour avoir été pillée, partie pour avoir été négligée ; de sorte qu'il n'en reste presque plus rien que la place. Si vous voulez, seigneur, ou la donner, ou la faire vendre aux Prusiens, à qui ce lieu serait très commode, ils recevront cette grâce comme un très grand bienfait. Au cas que vous le leur accordiez, je me propose de mettre le bain dans cette même cour qui se trouve vide, d'entourer de galeries et de sièges les lieux où étaient autrefois les bâtiments, et de vous consacrer cet ouvrage, dont la ville sera redevable à vos bontés, et que l'on prendra soin de rendre magnifique et digne de votre nom. Je vous envoie une copie du testament : quoiqu'elle soit peu correcte, vous verrez que Polyénus, outre la maison, avait laissé, pour l'embellir, bien des choses qui ont péri comme elle. J'en ferai pourtant la plus exacte recherche que je pourrai. TRAJAN A PLINE On peut se servir, pour bâtir le bain des Prusiens, de cette maison tombée en ruine, et que vous me mandez être vide. Mais vous ne me marquez point assez nettement si on a élevé dans la cour, qui est environnée de colonnes, le temple de Claude ; car s'il a été élevé, quoiqu'il soit tombé dans la suite, la place demeure toujours consacrée.
| © Agnès Vinas |