V - Ancus Marcius (an de Rome 113 et suiv.) | | | |
Ancus Marcius, petit fils de Numa Pompilius par sa mère (1), ne fut ni moins équitable, ni moins religieux que son aïeul. Il soumit les Latins, ajouta le mont Aventin et le Janicule à la ville qu'il entoura de nouvelles murailles ; établit l'impôt des salines (2), et bâtit le premier une prison publique (3). A l'embouchure du Tibre et sur un emplacement favorable aux transports maritimes, il fonda la colonie d'Ostie (4). Il emprunta des Eques le droit fécial (5), en vertu duquel des envoyés du peuple allaient demander aux ennemis la réparation des injures qu'ils en avaient reçues. On rapporte que Rhésus fut l'inventeur de ce droit (6). Ancus exécuta toutes ces choses en peu d'années ; mais une mort prématurée l'empêcha de se montrer roi autant qu'il avait promis de l'être.
| (1) Il était fils de M. Marcius, sabin, qui, accompagna Numa à Rome, devint son gendre, et fut le premier grand pontife. La fille de Numa se nommait Pompilia. M. Marcius se donna la mort, de dépit de ce que Tullus Hostilius avait été élu roi malgré les prétentions qu'il avait au trône.
|
| (2) Cet impôt fut aboli après l'expulsion des rois. -Voyez Tite-Live, 1.2.
|
| (3) Voici les paroles de Tite-Live : Carcer ad terrorem in crescentis audaciae media urbe imminens foro aedificatur. Le nombre des coupables était fort petit sous le règne de Numa, parce que la religion suffisait pour retenir les Romains dans les limites de la vertu ; mais après sa mort, les guerres entreprises par Tullus Hostilius leur rendirent une partie de cette grossièreté féroce qu'ils paraissaient avoir perdue, et par laquelle ils étaient plus disposés à commettre le crime. Cette prison dominait le forum. Sans doute, on lui avait donné cette situation, afin que les citoyens l'eussent toujours devant les yeux.
|
| (4) Strabon la nomme le port de Rome. Ce port et celui de Brindes étaient ceux où les Romains avaient coutume de s'embarquer. Du premier ils passaient dans les Gaules, en Afrique et en Espagne ; et du second en Grèce et en Asie.
|
| (5) Plutarque, dans la vie de Camille, attribue cette institution à Numa. Lorsque les Romains voulaient déclarer la guerre à un ennemi, un magistrat nommé Fécial se rendait sur sa frontière, pour lui demander la réparation des injures dont le peuple romain avait à se plaindre. Si on la lui refusait, il déclarait la guerre le trente-troisième jour, en lançant contre le pays ennemi un javelot, armé d'une pointe de fer, ou couvert de sang ; il est plus que probable que cet usage ne fut observé qu'à l'égard des peuples voisins de Rome.
|
| (6) Les savants ignorent quel est ce Rhésus qui paraît n'avoir rien de commun avec celui qui vint au secours de Priam. Dans quelques manuscrits on lit Hesus, qui était aussi le nom d'une divinité gauloise.
|