Titus Musée du Capitole, Rome | On aura peine à croire combien Titus, lorsqu'il fut parvenu à l'empire, se montra supérieur à son père qu'il avait pris pour modèle, surtout par son instruction, sa clémence et sa libéralité. Comme c'était l'usage que les empereurs confirmassent, dès leur avénement, les concessions faites par leurs prédécesseurs, Titus ne se vit pas plutôt revêtu de la dignité impériale, que, de son propre mouvement, il se hâta d'en assurer par un édit la jouissance à ceux qui les possédaient. Doué d'une extrême bonté et de la plus rare vertu, il protégeait ceux même qui avaient conspiré contre lui. Deux sénateurs qui s'étaient rendus coupables de ce crime, et qui ne pouvaient nier d'en avoir conçu le projet, furent, d'après leur propre aveu, condamnés à la peine de mort. Titus se les fit amener, les conduisit au spectacle du cirque, et les fit asseoir à ses côtés. Ensuite, ayant demandé l'épée d'un des gladiateurs qui combattaient les uns contre les autres, comme pour en examiner la pointe, il la leur présenta successivement. Comme ils paraissaient frappés d'étonnement, et qu'ils admiraient son sang-froid : «Remarquez-vous, leur dit-il, que c'est le destin qui donne la puissance, et que c'est en vain qu'on médite un crime dans l'espérance de s'en emparer, ou par la crainte de la perdre ?» Après un règne de deux ans, et d'environ neuf mois, pendant lequel il avait achevé l'amphithéâtre de son père (1), il mourut empoisonné, comme il venait de sortir du bain (2). Il était âgé de quarante ans. Son père en avait vécu soixante et dix, et en avait régné dix. Tout l'empire le pleura, en le nommant les délices du genre humain, et plaignit l'univers que cette mort rendait orphelin (3).
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