XXXIV - Claude (an de Rome 1021)

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Les soldats, que les maux de l'état forçaient, pour ainsi dire, quelquefois à prendre, contre leur naturel, de sages résolutions (1), jetant les yeux sur la triste situation de la république, approuvèrent le choix de Gallien, et élevèrent à l'empire Claude, personnage connu par sa patience dans les travaux, par son équité, et par son dévouement aux intérêts de la patrie. En effet, on le vit renouveler après un long espace de temps celui des Decius (2), dans la circonstance suivante. Comme il désirait de chasser des terres de l'empire les Goths, dont le temps avait accru la puissance, on trouva dans les livres sibyllins qu'il fallait que le premier des membres d'un ordre très illustre se dévouât pour procurer la victoire à l'armée romaine. Le sénateur (3) qui paraissait tenir ce rang, s'étant offert de lui-même, Claude prouva que ce devoir le regardait plutôt, lui qui était effectivement le chef du sénat et de tous les Romains. Après que cet empereur eut donné sa vie pour sa patrie, les Barbares furent mis en déroute et chassés des terres de l'empire, sans que l'armée romaine éprouvât la moindre perte. Nous voyons, par cet exemple, que les gens de bien n'ont rien de plus à coeur que le salut de leurs concitoyens ; que le long souvenir qu'ils doivent laisser après eux ; enfin que tout ce qui peut contribuer, non seulement à la gloire, mais encore au bonheur de la postérité. Constance et Constantin, nos empereurs........... (4)


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(1)  L'histoire romaine n'offre guère que cet exemple de la modération des soldats, à moins qu'on ne veuille leur faire honneur de l'élection de Vespasien et de celle de Septime Sévère. Dans presque toutes les occasions, ils se déclaraient pour celui que son ambition portait à leur faire de plus brillantes promesses.

(2)  Il n'est rien moins que certain que Claude se soit dévoué pour la patrie, à la manière des Decius. Trebellius Pollion rapporte qu'il succomba à une maladie épidémique qui se répandit sous son règne, et Zozime le fait mourir d'une peste qui emporta un grand nombre de ses soldats. Peut-être pourrait-on justifier le récit d'Aurelius Victor, en disant que cet empereur fut victime de ce mal contagieux pour s'être trop exposé à ses ravages, par l'affection qu'il portait à ses troupes.

(3)  C'estPomponius Bassus, suivant l'auteur de l'Epitome.

(4)  Ici commence une lacune qu'il nous a été impossible de remplir. Il est probable qu'après une réflexion au sujet de Constance et de Constantin, Aurelius Victor avait parlé de Quintilius, frère et successeur de Claude, qui fut tué après un règne de quelques jours ; et qu'il avait raconté ensuite le commencement de celui d'Aurélien. L'Epitome ne nous a été ici d'aucun secours.