Dictys de Crète - Ephemerides Belli trojani, II passim
[18] Per idem tempus Ajax Telamonius Thracum Cherronesum omni modo infestabat. Sed ubi rex eorum Polymestor virtutem atque gloriam viri cognovit, diffidens rebus suis deditionem
occepit. Tuncque Polydous, Priami filius, quem rex recens natum clam omnes alendum ei transmiserat, merces pacis ab eo traditur. Aurum etiam aliaque dona huiuscemodi ad conciliandum
hostium animos adfatim praebebantur. Dehinc frumentum per omnem exercitum totius anni pollicitus naves onerarias, quas ob id Ajax habuerat, replet. Multis execrationibus amicitiam Priami
adversus Graecos renuens in pacis fidem receptus est.
[18] Ajax portait alors la désolation dans la Chersonèse de Thrace, Le roi Polymestor, qui connaissait la valeur et la réputation de son ennemi, et se défiait
du succès de la résistance, proposa un accommodement. Il acheta la paix en nous livrant Polydore, fils de Priam, encore enfant. Ce prince le lui avait confié pour le
faire élever sous ses yeux. Il ajouta, pour se concilier la faveur des Grecs quantité d'or, d'argent et d'autres effets précieux. Il promit en outre de fournir
l'armée de grains pendant une année entière, et en remplit des vaisseaux de transport qu'Ajax avait amenés avec lui à cet effet. Il renonça
ensuite solennellement et avec imprécations, à l'alliance qu'il avait jadis contractée avec Priam, et par ce moyen il obtint sa grâce.
[20] His actis fidem pacti, quod cum Polymestore intercesserat, traditumque Polydorum (Ajax) refert. Ob quae cunctis decernitur, ut Ulixes cum Diomede profecti ad Priamum Helenam cum
abreptis recuperarent, atque ita Polydorum regi traderent. Igitur his pergentibus Menelaus, in cuius gratiam id negotium gerebatur, legationis officium eius pariter cum supradictis capit.
Itaque habentes Polydorum ad Troianos veniunt.
[20] Cette opération terminée, Ajax donna connaissance à l'assemblée du traité conclu avec Polymestor, et de la remise qui lui avait été
faite de Polydore. On arrêta à cet égard qu'Ulysse et Diomède iraient vers Priam pour redemander Hélène et les richesses enlevées, et
qu'ils offriraient de lui rendre Polydore à cette condition. Ménélas, en faveur duquel cette négociation s'entamait, se joignit à eux. Polydore est
gardé à vue, et les députés arrivent à Troie.
[22] [Ulysse parle aux nobles troyens] « Nam captum Polydorum atque apud Graecos retineri cognitum vobis est. qui, si Helena cum abreptis nunc saltem revocetur, inviolatus
Priamo restitui poterit, alio pacto bellum differri non potest »
[22] Vous le savez, Polydore a été remis entre nos mains ; il est retenu dans le camp des Grecs. Eh bien ! qu'Hélène et ses richesses nous soient rendues,
Polydore reviendra vers vous sain et sauf, et Priam embrassera encore son fils : autrement la guerre est prochaine et inévitable ; guerre terrible et qui n'aura point de terme
!
[23] Ac statim , qui de omnibus nuntiatum ad Priamum mitterentur, electi duo hique inter cetera, quae mandata erant, etiam de Polydoro docent...
[23] Aussitôt on députe vers Priam deux membres de l'assemblée pour l'instruire de tout ce qui se passait. Les envoyés s'acquittent de leur commission, et lui
apprennent le sort de Polydore.
[24] Ea ubi rex accepit, maxime consternatus filii nuntio ante ora omnium corruit. Dein a circumstantibus refectus paulisper erigitur; atque ire in consilium cupiens ab regulis
cohibitus est. ipsi namque relicto patre conventum inrumpunt ad id tempus, quo Antimachus multis in contumeliam Graecorum praeiactis probris tum demum dimitti Menelaum aiebat, si
Polydorus redderetur, postremo eundem casum atque exitum utriusque custodiendum. Adversum quae cunctis silentibus Antenor resistere, ac ne quid huiusmodi decerneretur, magna vi
repugnare.
[24] A cette nouvelle, le roi, interdit, tombe sans connaissance : on le fait revenir peu à peu et on le rassure. Il voulait se rendre â l'assemblée ; mais ses fils
l'en empêchèrent. Eux-mêmes, quittant leur père, entrent brusquement dans la salle du conseil, au moment où Antimaque était aux prises avec ses
adversaires. Après avoir fait aux Grecs des reproches sanglants, les avoir accablés d'injures, il avait demandé que l'on retînt Ménélas
jusqu'à ce que Polydore fût rendu, et qu'on le traitât de la même manière que le serait le jeune prince. Tout le monde gardant le silence, Anténor
seul s'était opposé de tout son pouvoir à ce que cette proposition fût mise en délibération.
[25] (Pante est le seul à être d'accord avec Anténor). Ob eam etiam causam Polymestorem exemplum admissi abhorrentem ultro Graecis Polydorum tradidisse... quae ubi
accepit Hector, recordatione fraterni facinoris tristior aliquantum suffusisque cum maerore lacrimis Helenam tamen prodendam minime rebatur, quippe supplicem domus et ob id fide
interposita tuendam. si qua autem cum ea erepta docerentur, cuncta restituenda. Namque pro Helena Cassandram sive Polyxenam, quam legatis videretur, nuptum cum praeclaris donis Menelao
tradendam.
[25] Il ajoute que cette même horreur pour l'action d'Alexandre avait engagé Polymestor à livrer Polydore aux Grecs ; qu'il était â craindre qu'un pareil
exemple ne fût bientôt suivi par tous les peuples voisins. A ce discours, Hector, que l'idée du crime de son frère affectait sensiblement, sentit couler ses
larmes. Il ne fut pourtant pas d'avis de rendre Hélène, elle s'était, selon lui, mise sous la sauvegarde de la maison de Priam, et il y aurait de la
lâcheté à lui refuser la protection sur laquelle elle avait compté. Il dit encore que si l'on avait pris avec elle des richesses qui ne lui appartinssent pas,
il fallait les abandonner sans difficulté ; qu'en place d'Hélène, on pouvait offrir en mariage à Ménélas ou Polyxène ou Cassandre, au
choix des députés, avec une dot digne de ce prince.
[26] (Ménélas refuse nettement.) Adversum quem Aeneas : « ac ne haec quidem, ait, concedentur contradicente ac resistente me reliquisque... neque amisso
Polydoro orbitas Priamum insequetur tot talibusque filiis superstitibus ». Talibus invicem consumptis verbis legati consilio abeunt. Ac mox per populum disseminatis quae
advdersum legatos Aeneas dixerat, tumultus oritur scilicet per eum universam Priami domum odio regni eius pessimo intercedendi exemplo eversum iri.
[26] Vous n'aurez pas même celle que l'on vous offre, interrompt brusquement Enée ; je m'y oppose, moi, tous les parents et les amis d'Alexandre. Priam ne manquera pas de
bras pour défendre sa maison et son trône. Polydore perdu, il lui reste encore des fils en grand nombre, et, j'ose le dire, assez courageux. A ces paroles, les
députés sortent du conseil. Bientôt le bruit du discours d'Enée se répandit parmi le peuple. On l'accusa d'être la cause de la ruine prochaine de
la maison de Priam par la haine qu'il accumulait contre elle, et par l'exemple qu'il donnait d'une opposition dangereuse aux avis les plus sages.
[27] Igitur ubi legati ad exercitum revenere, cunctis ducibus dicta gestaque Troianorum adversum se exponunt. Itaque decernitur, uti Polydorum in conspectu omnium atque ante ipsos
muros necarent neque ulterius dilatum facinus. Quippe productus in medium, visentibus ex muris plerisque hostium, lapidibus ictus fraternae impietatis poenas luit. Ac mox unus ex
praeconibus nuntiatum Iliensibus mittitur, uti Polydorum sepeliendum peterent. Missusque ad eam rem Idaeus cum servis regiis foedatum ac dilaniatum lapidibus Polydorum matri eius Hecubae
refert.
[27] Les députés, de retour au camp, font le récit des paroles et des actions que les Troyens s'étaient permises à leur égard. En
conséquence, on arrête que Polydore sera mis à mort en présence de tous, et sous les murs mêmes de la ville. On procède de suite à
l'exécution, et Polydore, amené au milieu de la plaine, est lapidé à la vue d'un grand nombre de ses concitoyens, qui, du haut des murs, étaient
témoins de son supplice. Il porta ainsi la peine due à l'impiété de son frère. Bientôt après un héraut fut envoyé aux Troyens
pour leur annoncer qu'ils pouvaient venir chercher le corps de leur prince ; et Idée étant sorti de la ville, accompagné de plusieurs esclaves du roi, rapporta
à Hécube le corps de son fils sanglant et déchiré par les pierres.
Dictys Cretensis Fragmenta 1a,49,F.6.3-9
Et Achille détruit ces villes ; Ajax... assiégeait la Chersonèse et leur roi Polymestor. Et Polymestor, craignant sa puissance, fit un pacte avec lui : il lui
donnerait de l'or et du grain pour un an, ainsi que Polydore, le fils de Priam : Priam, en effet, le lui avait confié encore petit avec des richesses, pour qu'il
survécût, car sa ville allait être détruite.
1a,49,F.6.50-54
Pendant que Penthésilée arrivait à Troie, les Achéens portèrent Polydore sous les murs de la cité et demandèrent aux Barbares de rendre
Hélène en échange de Polydore. Essuyant un refus, ils le tuèrent sous leurs yeux à coup de flèches.
Jean Malalas, Chronique V 103
Ajax fils de Télamon partit assiéger les Thraces de Chersonèse et leur roi Polymestor. Celui-ci, craignant sa puissance, fit un pacte avec lui : il lui donnerait
de l'or et du grain pendant un an pour nourrir l'armée achéenne, et en otage le plus jeune fils de Priam, Polydore, que son père lui avait confié avec beaucoup
de richesses ; Priam en effet aimait Polydore car il était le plus petit de tous, et il était beau : il l'avait pourtant mis à l'abri dans une autre région,
pour éviter que l'enfant ne fût troublé en entendant parler de guerre ; Polymestor signa un pacte avec Ajax et s'engagea à ne pas porter assistance à
Priam [...] Les Grecs amenèrent Polydore, le fils de Priam, sous les murs de Troie et proposèrent à Priam de renvoyer Hélène en échange de son
fils Polydore : ainsi on ferait la paix. «Autrement, nous le tuerons ». Mais ils n'acceptèrent pas (lacune).
Benoît de Sainte-Maure, Le Roman de Troie
Mais jo, qui Cherronese e Trace
Conquis, n'i a un sol nel sace
E quin n'aportai le tresor
E tot l'aveir Polimestor,
qui me rendi Polidorus
le menor des fiz Priamus
qu'a norrir li aveit tramis
quar mout par i esteit sis amis - ;
e quant jo l'en oi aporté,
por ço que pas a nostre gré
ne faiseit pais li roi Priant,
l'oceimes, ses ieuz veant :
dous mile peires i lançaime,
mout près des murs le lapiames ;
Polimestor fist nostre aclin :
Cent mil muiz, entre blé e vin,
M'a enveié puis senz desdit,
Dont aveient li plus petit
Autretel part com jo aveie ; -
Se vous vantez la ou jo seie
Cent dahez ait iceste joie !
(vv. 26723 sqq).
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Guido delle Colonne, Historia destructionis Troiae, l. XXXI, passim
[Ajax] et ego eo [scil. Palladio] caream, qui multo magis eo [scil. Ulysse] dignus existo, cum propter mee strennuitatis sudores inmodicos multociens Grecorum exercitum,
fame nimium laborantem, multa saturitate repleverim in multarum rerum victualium ubertate, quem multociens a Troyanis quasi devictum in mee fortitudinis robore illesum perdurare et
conservari fecerim contra hostes, cum et ego regem Pollimestorem interfecerim, in cuius custodiam rex Priamus commiserat eius filium Pollidorum cum infinita quantitate thesauri. Quo
Pollidoro a me eciam interfecto, thesaurum suum ad exercitum Grecorum totum adduxerim, ex quo fuit exercitus semper in suis expensis habundans.
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