Ulysse labourant la plage - Version colorisée d'une gravure de Heywood Hardy / Charles Cousen - London, Virtue & Co, 1876
Nulle part dans l'Iliade ou l'Odyssée il n'est question de Palamède et de sa rivalité avec Ulysse. Tout au plus une allusion des Chants cypriens évoque-t-elle rapidement l'affaire d'Ithaque.
L'incident d'Ithaque
Les mythographes nous permettront d'abord de faire le point sur cette histoire. Avec la fable 95 d'Hygin, l'Epitome d'Apollodore (III, 6-7) résume le problème :
6. Μενέλαος δὲ αἰσθόμενος τὴν ἁρπαγὴν ἧκεν εἰς Μυκήνας πρὸς Ἀγαμέμνονα, καὶ δεῖται στρατείαν ἐπὶ Τροίαν ἀθροίζειν καὶ στρατολογεῖν τὴν Ἑλλάδα. ὁ δὲ πέμπων κήρυκα πρὸς ἕκαστον τῶν βασιλέων τῶν ὅρκων ὑπεμίμνησκεν ὧν ὤμοσαν, καὶ περὶ τῆς ἰδίας γυναικὸς ἕκαστον ἀσφαλίζεσθαι παρῄνει, ἴσην λέγων γεγενῆσθαι τὴν τῆς Ἑλλάδος καταφρόνησιν καὶ κοινήν. ὄντων δὲ πολλῶν προθύμων στρατεύεσθαι, παραγίνονται καὶ πρὸς Ὀδυσσέα εἰς Ἰθάκην. 7. ὁ δὲ οὐ βουλόμενος στρατεύεσθαι προσποιεῖται μανίαν. Παλαμήδης δὲ ὁ Ναυπλίου ἤλεγξε τὴν μανίαν ψευδῆ, καὶ προσποιησαμένῳ μεμηνέναι παρηκολούθει: ἁρπάσας δὲ Τηλέμαχον ἐκ τοῦ κόλπου τῆς Πηνελόπης ὡς κτενῶν ἐξιφούλκει. Ὀδυσσεὺς δὲ περὶ τοῦ παιδὸς εὐλαβηθεὶς ὡμολόγησε τὴν προσποίητον μανίαν καὶ στρατεύεται. |
On voit deux variantes dans la manière dont Palamède confond Ulysse : Hygin rappelle l'épisode de la charrue devant laquelle Palamède place le petit Télémaque, tandis qu'Apollodore rapporte la tradition d'une menace physique plus directe. Les deux versions coexistent, Lucien penchant plutôt pour la seconde lorsqu'il décrit une fresque représentant cet épisode (Sur un appartement, 30) :
Ὀδυσσεὺς τὸ μετὰ τοῦτο δῆθεν μεμηνώς, ἅτε συστρατεύειν τοῖς Ἀτρείδαις μὴ θέλων· πάρεισι δὲ οἱ πρέσβεις ἤδη καλοῦντες. καὶ τὰ μὲν τῆς ὑποκρίσεως πιθανὰ πάντα, ἡ ἀπήνη, τὸ τῶν ὑπεζευγμένων ἀσύμφωνον, ἡ ἄνοια τῶν δρωμένων· ἐλέγχεται δὲ ὅμως τῷ βρέφει· Παλαμήδης γὰρ ὁ τοῦ Ναυπλίου συνεὶς τὸ γιγνόμενον, ἁρπάσας τὸν Τηλέμαχον ἀπειλεῖ φονεύσειν πρόκωπον ἔχων τὸ ξίφος, καὶ πρὸς τὴν τῆς μανίας ὑπόκρισιν ὀργὴν καὶ οὗτος ἀνθυποκρίνεται. ὁ δὲ Ὀδυσσεὺς πρὸς τὸν φόβον τοῦτον σωφρονεῖ καὶ πατὴρ γίγνεται καὶ λύει τὴν ὑπόκρισιν. |
Quelle que soit en tout cas la manière dont s'y est pris Palamède, la plupart des auteurs blâment Ulysse d'avoir lâchement tenté d'éviter sa participation à la guerre. Cicéron par exemple réfléchit, dans le De officiis (III, 26-27) aux obligations morales auxquelles on n'a pas le droit de se soustraire :
[3,26] XXVI. Utile uidebatur Ulixi, ut quidem poetae tragici prodiderunt, nam apud Homerum, optimum auctorem, talis de Ulixe nulla suspicio est, sed insimulant eum tragoediae simulatione insaniae militiam subterfugere uoluisse. Non honestum consilium, at utile, ut aliquis fortasse dixerit, regnare et Ithacae uiuere otiose cum parentibus, cum uxore, cum filio. Ullum tu decus in cotidianis laboribus cum hac tranquillitate conferendum putas ? Ego uero istam contemnendam et abiciendam, quoniam quae honesta non sit ne utilem quidem esse arbitror. Quid enim auditurum putas fuisse Ulixem, si in illa simulatione perseuerasset ? Qui cum maximas res gesserit in bello, tamen haec audiat ab Aiace
Illi uero non modo cum hostibus, uerum etiam cum fluctibus, id quod fecit, dimicare melius fuit quam deserere consentientem Graeciam ad bellum barbaris inferendum. [3,26] XXVI. - Il paraissait utile à Ulysse (tel du moins que le représentent les tragiques, car, dans Homère, qui est la meilleure autorité, il n'est soupçonné de rien de tel) de se soustraire à l'obligation de faire la guerre en simulant la folie. Dessein fort peu glorieux, il est vrai, mais, dira-t-on peut-être, ayant l'avantage de lui assurer un règne et une vie paisibles à Ithaque, entouré de ses parents, de sa femme, de son fils. Peut-on comparer un éclat quelconque acheté par des fatigues et des dangers quotidiens avec cette tranquillité ? Pour moi je la déclare méprisable et la repousse parce que je crois que, n'étant pas honorable, elle ne peut même pas être utile. Quelles paroles penses-tu qu'Ulysse aurait entendues s'il avait persisté dans cette simulation, lui qui, après bien des hauts faits, s'entend dire par Ajax : "Après avoir le premier conseillé le serment que tous vous savez, seul il a manqué à l'engagement et, pour ne pas se joindre aux autres, commencé de simuler la folie. Si Palamède, perspicace, avisé, n'avait pas déjoué sa ruse audacieuse, il se fût jusqu'au bout dérobé à l'obligation qu'imposait la foi jurée". Mieux valait pour Ulysse combattre non seulement l'ennemi, mais, comme il le fit, les flots soulevés que de déserter la cause de la Grèce se dressant d'un seul coeur contre les Barbares. |
Les querelles entre les deux hommes
Ulysse le rusé, confondu par plus rusé que lui, voilà qui ne peut qu'alimenter entre les deux hommes une rivalité dont un commentaire de Servius sur le vers II, 81 de l'Enéide se fait l'écho :
Postea cum Ulixes frumentatum missus ad Thraciam nihil advexisset, a Palamede est vehementer increpitus. et cum diceret adeo non esse neglegentiam suam, ut ne ipse quidem si pergeret quicquam posset advehere, profectus Palamedes infinita frumenta devexit. Par la suite, alors qu'Ulysse avait été envoyé en Thrace chercher du blé et n'avait rien rapporté, il fut violemment pris à parti par Palamède et répondit que ce n'était pas de sa faute, et que Palamède n'avait qu'à y aller : lui non plus ne pourrait rien rapporter. Palamède y alla, et ramena une énorme quantité de blé... |
Deuxième affront pour Ulysse, qui cherche à présent le moyen de se débarrasser de son rival.
La vengeance d'Ulysse
Le Cycle épique semble avoir proposé de la mort de Palamède cette version, que nous a conservée Pausanias dans sa description d'une fresque de la Lesché des Cnidiens à Delphes (X, 31, 2) :
ἐς δὲ τὸ αὐτὸ ἐπίτηδες τοῦ Ὀδυσσέως τοὺς ἐχθροὺς ἤγαγεν ὁ Πολύγνωτος· ἀφίκετο δὲ ἐς Ὀδυσσέως δυσμένειαν ὁ τοῦ Ὀιλέως Αἴας, ὅτι τοῖς Ἕλλησιν Ὀδυσσεὺς παρῄνει καταλιθῶσαι τὸν Αἴαντα ἐπὶ τῷ ἐς Κασσάνδραν τολμήματι· Παλαμήδην δὲ ἀποπνιγῆναι προελθόντα ἐπὶ ἰχθύων θήραν, Διομήδην δὲ τὸν ἀποκτείναντα εἶναι καὶ Ὀδυσσέα ἐπιλεξάμενος ἐν ἔπεσιν οἶδα τοῖς Κυπρίοις. |
Il est intéressant de constater que Palamède semblait, dans l'imaginaire grec classique, former un couple, mais avec l'autre Ajax, le fils de Télamon, et symboliser l'innocent injustement mis à mort. C'est en tout cas l'exemple qui vient à l'esprit de Socrate lorsque, dans son Apologie (41b), il évoque son arrivée au royaume des morts :
ἐπεὶ ἔμοιγε καὶ αὐτῷ θαυμαστὴ ἂν εἴη ἡ διατριβὴ αὐτόθι, ὁπότε ἐντύχοιμι Παλαμήδει καὶ Αἴαντι τῷ Τελαμῶνος καὶ εἴ τις ἄλλος τῶν παλαιῶν διὰ κρίσιν ἄδικον τέθνηκεν, ἀντιπαραβάλλοντι τὰ ἐμαυτοῦ πάθη πρὸς τὰ ἐκείνων. |
Malgré la perte des tragédies classiques sur cet épisode, nous pouvons cependant nous faire une idée de cette dernière aventure de Palamède et de sa mise à mort par la fable 105 d'Hygin :
CV. PALAMEDES.1. Vlixes quod Palamedis Nauplii dolo erat deceptus, in dies machinabatur quomodo eum interficeret. Tandem inito consilio ad Agamemnonem militem suum misit qui diceret ei in quiete vidisse ut castra uno die moverentur. 2. Id Agamemnon verum existimans castra uno die imperat moueri ; Vlixes autem clam noctu solus magnum pondus auri ubi tabernaculum Palamedis fuerat obruit, item epistulam conscriptam Phrygi captivo ad Priamum dat perferendam, militemque suum priorem mittit qui eum non longe a castris interficeret. 3. Postero die cum exercitus in castra rediret, quidam miles epistulam quam Vlixes scripserat super cadaver Phrygis positam ad Agamemnonem attulit, in qua scriptum fuit PALAMEDI A PRIAMO MISSA, tantumque ei auri pollicetur quantum Vlixes in tabernaculum obruerat, si castra Agamemnonis ut ei convenerat proderet. 4. Itaque Palamedes cum ad regem esset productus et factum negaret, in tabernaculum eius ierunt et aurum effoderunt, quod Agamemnon ut vidit, vere factum esse credidit. Quo facto Palamedes dolo Vlixis deceptus ab exercitu universo innocens occisus est. Ulysse, qui avait été confondu par la ruse de Palamède, fils de Nauplius, cherchait tous les jours le moyen de le tuer. Finalement il conçut un plan : il envoya un de ses soldats à Agamemnon pour lui dire qu'il avait été averti en songe de déplacer le camp pour un jour. Agamemnon, le croit et fait déplacer le camp pour un jour. Alors Ulysse, furtivement, va seul, la nuit, enterrer une grande somme d'argent à l'emplacement de la tente de Palamède, donne à un captif phrygien une lettre à porter à Priam, et envoie en avant un de ses soldats tuer ce captif non loin du camp. Le lendemain, une fois l'armée revenue au camp, un soldat vint apporter à Agamemnon la lettre écrite par Ulysse et qu'il avait trouvée sur le cadavre du Phrygien. Il y était écrit : "Lettre de Priam à Palamède", et on lui promettait autant d'or que ce qu'avait caché Ulysse sous sa tente, s'il trahissait le camp d'Agamemnon comme convenu. On amena Palamède devant le roi, il nia, on alla à sa tente et on y trouva l'or qui y avait été enterré. Ce que voyant, Agamemnon crut à la véracité de la charge. Ainsi Palamède, confondu par la ruse d'Ulysse, fut mis à mort par toute l'armée, malgré son innocence. |
Une autre future victime d'Ulysse, précisément cet Ajax fils de Télamon qu'évoquait Socrate et qui va bientôt se suicider, rappelle le pouvoir de nuisance de l'homme aux mille tours dans le discours qu'il prononce au moment du jugement des armes (Ovide - Métamorphoses, XIII (55-62) :
ille tamen vivit, quia non comitavit Ulixem ; Pourtant [Philoctète] vit, parce qu'il n'a pas accompagné Ulysse ; |
La vengeance de Nauplios, père de Palamède
Mais Palamède a un père, Nauplios, qui n'entend pas laisser impunie la mort de son fils. Les Nostoi, dans le Cycle épique, mentionnaient une tempête au cours de laquelle, après la prise de Troie, avait péri Ajax de Locres, mais on ignore si Nauplios jouait un rôle actif dans ce poème. En revanche, on sait que Sophocle lui avait consacré une tragédie, aujourd'hui perdue. Voici, à l'aide d'Hygin, ce que l'on sait de la légende de Nauplius :
CXVI. NAVPLIVS.1. Ilio capto et diuisa praeda Danai cum domum redirent, ira deorum quod fana spoliauerant et quod Cassandram Aiax Locrus a signo Palladio abripuerat, tempestate et flatibus aduersis ad saxa Capharea naufragium fecerunt. 2 in qua tempestate Aiax Locrus fulmine est a Minerua ictus, quem fluctus ad saxa illiserunt, unde Aiacis petrae sunt dictae; ceteri noctu cum fidem deorum implorarent, Nauplius audiuit sensitque tempus uenisse ad persequendas filii sui Palamedis iniurias. 3 itaque tamquam auxilium eis afferret, facem ardentem eo loco extulit quo saxa acuta et locus periculosissimus erat; illi credentes humanitatis causa id factum nauis eo duxerunt, quo facto plurimae earum confractae sunt militesque plurimi cum ducibus tempestate occisi sunt membraque eorum cum uisceribus ad saxa illisa sunt; si qui autem potuerunt ad terram natare, a Nauplio interficiebantur. 4 at Vlixem uentus detulit ad Mar[ath]onem, Menelaum in Aegyptum, Agamemnon cum Cassandra in patriam peruenit. Après la prise de Troie et la répartition du butin, les Danaens rentrèrent chez eux ; mais la colère des dieux, après le pillage des temples et l'épisode au cours duquel Ajax de Locres avait arraché Cassandre à la statue du Palladium, cette colère provoqua une tempête et des vents contraires qui jetèrent les navires contre les rochers de Capharée. Au cours de cette tempête, Ajax de Locres fut foudroyé par Athéna et jeté par les vagues contre les rochers auxquels il a donné son nom ; quant aux autres, qui dans la nuit imploraient l'aide des dieux, Nauplius les entendit, et il comprit que l'heure était venue de venger l'injustice subie par son fils Palamède. C'est pourquoi, sous prétexte de leur apporter de l'aide, il alluma un feu à l'endroit même où les écueils étaient saillants et la côte la plus dangereuse. Eux, interprétant ce feu comme un secours, dirigèrent vers lui leurs navires, dont la plus grande part furent fracassés, la plupart des soldats comme des chefs tués par la tempête, leurs membres et leurs viscères jetés contre les rochers. Ceux qui purent nager jusqu'à la terre furent tués par Nauplius. Mais le vent emporta Ulysse vers Marathon, Ménélas vers l'Egypte, Agamemnon avec Cassandre dans sa patrie. |
Et voici justement le récit que fait à Clytemnestre un messager venu annoncer que son époux Agamemnon vient d'échapper à cette tempête et est en route pour Mycènes (Sénèque - Agamemnon, v.557-578) :
Nos alia maior naufragos pestis uocat. Un autre fléau plus cruel nous était réservé. Il est une eau basse à fond perfide et plein de rochers que le traître Capharée cache dans les gouffres qu'il domine. La mer bouillonne entre ces écueils, et les vagues écument dans un flux et reflux perpétuel. Au-dessus de la montagne est une citadelle escarpée qui regarde les deux mers. D'un côté, c'est le royaume de votre aïeul Pélops, et l'Isthme qui, se recourbant sur une terre étroite, ferme à la mer d'Hellé l'entrée de la mer Ionienne; de l'autre, c'est Lemnos immortalisée par le crime, et Chalcis; et Aulis qui retint trop longtemps nos vaisseaux dans ses ports. Cette forteresse est occupée par le père de Palamède. D'une main perfide il allume au sommet de ses tours des feux éclatants qui conduisent nos vaisseaux contre les rochers. Ils s'accrochent à leurs pointes aiguës, et, faute d'eau, ils se brisent contre les récifs. L'un a sa proue à flot, et sa poupe sur un roc. A peine il se dégage, qu'un autre vient le heurter par derrière, et le brise en se brisant lui-même. Dans cette extrémité, nous redoutons le rivage et préférons la mer. Enfin la tempête se calme au retour de la lumière. Troie était vengée. Le soleil reparaît, et le jour découvre à nos yeux attristés les ravages de la nuit. |
On trouve à peu près le même récit chez Quintus de Smyrne (XIV, 606-628). En revanche, dans l'Epitome (VI, 7-11), qui rend probablement compte d'autres traditions antérieures, Apollodore complète le tableau de la vengeance de Nauplios :
τῶν δὲ ἄλλων Εὐβοίᾳ προσφερομένων νυκτὸς Ναύπλιος ἐπὶ τοῦ Καφηρέως ὄρους τῆς Εὐβοίας πυρσὸν ἀνάπτει· οἱ δὲ νομίσαντες εἶναί τινας τῶν σεσωσμένων προσπλέουσι, καὶ περὶ τὰς Καφηρίδας πέτρας θραύεται τὰ σκάφη καὶ πολλοὶ τελευτῶσιν. (8.) ὁ γὰρ αὐτοῦ τοῦ Ναυπλίου καὶ Κλυμένης τῆς Κατρέως υἱὸς Παλαμήδης ἐπιβουλαῖς Ὀδυσσέως λιθοβοληθεὶς ἀναιρεῖται. τοῦτο μαθὼν Ναύπλιος ἔπλευσε πρὸς τοὺς Ἕλληνας καὶ τὴν τοῦ παιδὸς ἀπῄτει ποινήν· (9.) ἄπρακτος δὲ ὑποστρέψας, ὡς πάντων χαριζομένων τῷ ἄπρακτος δὲ ὑποστρέψας, ὡς πάντων χαριζομένων τῷ βασιλεῖ Ἀγαμέμνονι, μεθ’ οὗ τὸν Παλαμήδην ἀνεῖλεν Ὀδυσσεύς, παραπλέων τὰς χώρας τὰς Ἑλληνίδας παρεσκεύασε τὰς τῶν Ἑλλήνων γυναῖκας μοιχευθῆναι, Κλυταιμνήστραν Αἰγίσθῳ, Αἰγιάλειαν τῷ Σθενέλου Κομήτῃ, τὴν Ἰδομενέως Μήδαν ὑπὸ Λεύκου· (10.) ἣν καὶ ἀνεῖλε Λεῦκος ἅμα Κλεισιθύρᾳ τῇ θυγατρὶ ταύτης ἐν τῷ ναῷ προσφυγούσῃ, καὶ δέκα πόλεις ἀποσπάσας τῆς Κρήτης ἐτυράννησε· καὶ μετὰ τὸν Τρωικὸν πόλεμον καὶ τὸν Ἰδομενέα κατάραντα τῇ Κρήτῃ ἐξήλασε. (11.) ταῦτα πρότερον κατασκευάσας ὁ Ναύπλιος, ὕστερον μαθὼν τὴν εἰς τὰς πατρίδας τῶν Ἑλλήνων ἐπάνοδον, τὸν εἰς τὸν Καφηρέα, νῦν δὲ Ξυλοφάγον λεγόμενον, ἀνῆψε φρυκτόν· ἔνθα προσπελάσαντες Ἕλληνες ἐν τῷ δοκεῖν λιμένα εἶναι διεφθάρησαν.
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Tout cela ne constituerait, somme toute, qu'un classique feuilleton de vengeances sans fin. Mais le mythe de Palamède a trouvé un intéressant prolongement dans la lecture qu'en ont fait les sophistes.
Palamède, un modèle de science
Palamède jouit en effet d'une réputation de premier ordre, comme inventeur d'objets et de techniques dont la liste ne cesse de s'allonger à mesure qu'on progresse vers la fin de l'antiquité. Voici un aperçu non exhaustif des inventions qu'on lui attribuait :
A/ Les mathématiques
Théon de Smyrne - Exposition - De l’utilité des mathématiques ἐν δὲ τῷ ἑβδόμῳ τῆς Πολιτείας περὶ ἀριθμητικῆς λέγων ὡς ἔστιν ἀναγκαιοτάτη πασῶν φησιν, ἔπειτα ἧς δεῖ πάσαις μὲν τέχναις, πάσαις δὲ διανοίαις καὶ ἐπιστήμαις καὶ τῇ πολεμικῇ. παγγέλοιον γοῦν στρατηγὸν Ἀγαμέμνονα ἐν ταῖς τραγῳδίαις Παλαμήδης ἑκάστοτε ἀποφαίνει. φησὶ γὰρ ἀριθμὸν εὑρὼν τάς τε τάξεις καταστῆσαι τῷ στρατοπέδῳ ἐν Ἰλίῳ καὶ ἐξαριθμῆσαι ναῦς τε καὶ τὰ ἄλλα πάντα, ὡς πρὸ τοῦ ἀναριθμήτων ὄντων καὶ τοῦ Ἀγαμέμνονος ὡς ἔοικεν οὐδὲ ὅσους εἶχε πόδας εἰδότος, εἴγε μὴ ἠπίστατο ἀριθμεῖν. |
B/ Certaines lettres de l'alphabet
Hygin - Fable 277 CCLXXVII. RERVM INVENTORES PRIMI.Parcae, Clotho Lachesis Atropos, inuenerunt litteras Graecas septem, Α Β Η Τ Ι Υ [?] ; alii dicunt Mercurium ex gruum uolatu, quae cum uolant litteras exprimunt; Palamedes autem Nauplii filius inuenit aeque litteras undecim [...] Simonides litteras aeque quattuor, Ω Ε Ζ Φ, Epicharmus Siculus litteras duas, Π et Υ. has autem [Graecas] Mercurius in Aegyptum primus detulisse dicitur, ex Aegypto Cadmus in Graeciam. Les premiers inventeursLes Parques Clotho, Lachesis et Atropos ont inventé sept lettres grecques : Α Β Η Τ Ι Υ [?] ; d'autres disent que c'est Mercure, en observant le vol des grues qui en volant forment des lettres. Palamède, le fils de Nauplios, a également inventé onze lettres, Simonide également quatre : Ω Ε Ζ Φ, Epicharme de Sicile deux : Π et Υ. Mais ces lettres grecques, Mercure, à ce qu'on dit, les a le premier apportées en Egypte, et Cadmus d'Egypte en Grèce. |
Philostrate - Vie d'Apollonios de Thyane, IV, 33 |
C/ Le jeu de dés
Ajax et Achille jouant aux dés - Amphore attique à figures noires attribuée à Exékias (v. 540-530) - Musée du Vatican |
Pausanias, II, 20, 3 πέραν δὲ τοῦ Νεμείου Διὸς Τύχης ἐστὶν ἐκ παλαιοτάτου ναός, εἰ δὴ Παλαμήδης κύβους εὑρὼν ἀνέθηκεν ἐς τοῦτον τὸν ναόν. Pausanias, X, 31, 1 εἰ δὲ ἀπίδοις πάλιν ἐς τὸ ἄνω τῆς γραφῆς, ἔστιν ἐφεξῆς τῷ Ἀκταίωνι Αἴας ὁ ἐκ Σαλαμῖνος, καὶ Παλαμήδης τε καὶ Θερσίτης κύβοις χρώμενοι παιδιᾷ, τοῦ Παλαμήδους τῷ εὑρήματι· |
D/ Tout cela.. et bien d'autres choses encore, symboles de civilisation
Gorgias - Défense de Palamède (30) τίς γὰρ ἂν ἐποίησε τὸν ἀνθρώπειον βίον πόριμον ἐξ ἀπόρου καὶ κεκοσμημένον ἐξ ἀκόσμου, τάξεις τε πολεμικὰς εὑρὼν
μέγιστον εἰς πλεονεκτήματα, νόμους τε γραπτοὺς φύλακας [τε] τοῦ δικαίου, γράμματά τε μνήμης ὄργανον, μέτρα τε καὶ σταθμὰ συναλλαγῶν εὐπόρους διαλλαγάς, ἀριθμόν τε χρημάτων φύλακα, πυρσούς τε κρατίστους καὶ ταχίστους ἀγγέλους, πεσσούς τε σχολῆς ἄλυπον διατριβήν;
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Palamède, le modèle des sophistes
Dans le discours XIII, 21, Dion Chrysostome imagine que Palamède, avec toutes ces connaissances, a servi de professeur à une armée d'Achéens particulièrement incultes avant son intervention, puis particulièrement ingrats :
καὶ τὸν Παλαμήδην οὐδὲν ὤνησεν αὐτὸν εὑρόντα τὰ γράμματα πρὸς τὸ μὴ ἀδίκως ὑπὸ τῶν Ἀχαιῶν τῶν ὑπ´ αὐτοῦ παιδευθέντων καταλευσθέντα ἀποθανεῖν· ἀλλ´ ἕως μὲν ἦσαν ἀγράμματοι καὶ ἀμαθεῖς τούτου τοῦ μαθήματος, ζῆν αὐτὸν εἴων· ἐπειδὴ δὲ τούς τε ἄλλους ἐδίδαξε γράμματα καὶ τοὺς Ἀτρείδας δῆλον ὅτι πρώτους, καὶ μετὰ τῶν γραμμάτων τοὺς φρυκτοὺς ὅπως χρὴ ἀνέχειν καὶ ἀριθμεῖν τὸ πλῆθος, ἐπεὶ
πρότερον οὐκ ᾔδεσαν οὐδὲ καλῶς ἀριθμῆσαι τὸν ὄχλον, ὥσπερ οἱ ποιμένες τὰ πρόβατα, τηνικαῦτα σοφώτεροι γενόμενοι καὶ ἀμείνους ἀπέκτειναν αὐτόν.
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Palamède constitue donc le modèle du bon sophiste, celui qui met son savoir au service d'autrui, alors que le brillant Ulysse dispose d'une ingéniosité égoïste et destructrice. Nous avons vu plus haut que Gorgias, l'un des plus emblématiques représentants de la première sophistique à la fin du Ve siècle avant JC, avait composé une Défense de Palamède. Quelques siècles plus tard, c'est Dion Chrysostome qui, au début du IIe siècle après JC, oppose les deux personnages dans le discours 59. Pour persuader Philoctète de lui faire confiance et de l'accompagner à Troie, Ulysse se présente à lui comme un Grec qui, après l'injuste mise à mort de son ami Palamède, a réussi à s'échapper de justesse. Voici la réaction de Philoctète, lui aussi ennemi d'Ulysse :
Ὦ μηδενὸς ἀποσχόμενος τῶν χαλεπωτάτων, λόγῳ τε καὶ ἔργῳ πανουργότατε ἀνθρώπων, Ὀδυσσεῦ, οἷον αὖ τοῦτον ἄνδρα ἀνῄρηκας, ὃς οὐδὲν ἧττον ὠφέλιμος ἦν τοῖς ξυμμάχοις ἤπερ — οἶμαι — σύ, τὰ κάλλιστα καὶ σοφώτατα ἀνευρίσκων. |
L'ultime manoeuvre d'Ulysse
A la suite de Dion Chrysostome, c'est Philostrate, un sophiste du début du IIIe siècle après JC, qui entreprend de réhabiliter Palamède de manière systématique. Il faut pour cela commencer par expliquer comment un personnage d'une telle importance ne figure nulle part chez Homère : un tel oubli ne peut venir que d'une intention délibérée de l'aède. Une première explication est esquissée dans la Vie d'Apollonios de Thyane (III, 22) où le philosophe rencontre un Indien qui lui présente une réincarnation de Palamède :
οὗτος γὰρ“ δείξας τι μειράκιον εἴκοσί που γεγονὸς ἔτη „πέφυκε μὲν πρὸς φιλοσοφίαν ὑπὲρ πάντας ἀνθρώπους, ἔρρωται
δέ, ὡς ὁρᾷς, καὶ κατεσκεύασται γενναίως τὸ σῶμα, καρτερεῖ δὲ πῦρ καὶ τομὴν πᾶσαν, καὶ τοιόσδε ὢν ἀπεχθάνεται τῇ φιλοσοφίᾳ.“ „τί οὖν,“ εἶπεν „ὦ
Ἰάρχα, τὸ μειρακίου πάθος; δεινὸν γὰρ λέγεις, εἰ ξυντεταγμένος οὕτως ὑπὸ τῆς φύσεως μὴ ἀσπάζεται τὴν φιλοσοφίαν, μηδὲ ἐρᾷ τοῦ μανθάνειν καὶ ταῦτα ὑμῖν ξυνών.“ „οὐ ξύνεστιν,“ εἶπεν „ἀλλ’ ὥσπερ οἱ λέοντες, ἄκων εἴληπται, καὶ καθεῖρκται μέν, ὑποβλέπει δὲ ἡμῶν τιθασευόντων αὐτὸν καὶ καταψώντων. γέγονε μὲν οὖν τὸ μειράκιον τοῦτο Παλαμήδης ὁ ἐν Τροίᾳ, κέχρηται δὲ ἐναντιωτάτοις Ὀδυσσεῖ καὶ ὁ ἐν Τροίᾳ, κέχρηται δὲ ἐναντιωτάτοις Ὀδυσσεῖ καὶ Ὁμήρῳ, τῷ μὲν ξυνθέντι ἐπ’ αὐτὸν τέχνας, ὑφ’ ὧν κατελιθώθη, τῷ δὲ οὐδὲ ἔπους αὐτὸν ἀξιώσαντι. καὶ ἐπειδὴ μήθ’ ἡ σοφία αὐτόν τι, ἣν εἶχεν, ὤνησε,
μήτε Ὁμήρου ἐπαινέτου ἔτυχεν, ὑφ’ οὗ πολλοὶ καὶ τῶν μὴ πάνυ σπουδαίων ἐς ὄνομα ἤχθησαν, Ὀδυσσέως τε ἥττητο ἀδικῶν οὐδέν, διαβέβληται πρὸς φιλοσοφίαν καὶ ὀλοφύρεται τὸ ἑαυτοῦ πάθος. ἔστι δὲ οὗτος Παλαμήδης, ὃς καὶ γράφει μὴ μαθὼν γράμματα.“ |
Pourquoi Homère n'a-t-il donc pas daigné consacrer un seul vers à Palamède ? Philostrate l'explique par une étonnante et pittoresque théorie du complot (Heroikos, 43, 11 sqq) :
γέγονε μὲν δή, ξένε, ποιητὴς Ὅμηρος καὶ τὰ ποιήματα ἀνθρώπου ταῦτα καὶ τὰ ὀνόματα ᾔδει καὶ τὰ ἔργα ξυνελέξατο μὲν ἐκ τῶν πόλεων, ἃς ἕκαστοι ἦγον, ἐπῆλθε μὲν γὰρ [περὶ] τὴν Ἑλλάδα μετὰ χρόνον τῶν Τρωικῶν οὔπω ἱκανὸν ἐξαμαυρῶσαι τὰ ἐν τῇ Τροίᾳ, ἔμαθε δὲ αὐτὰ καὶ τρόπον ἕτερον δαιμόνιόν τε καὶ σοφίας πρόσω· ἐς Ἰθάκην γάρ ποτε τὸν Ὅμηρον πλεῦσαί φασιν ἀκούσαντα, ὡς πέπνυται ἔτι ἡ ψυχὴ τοῦ Ὀδυσσέως καὶ ψυχαγωγίᾳ ἐπ’ αὐτὸν χρήσασθαι, ἐπεὶ δὲ ἀνελθεῖν τὸν Ὀδυσσέα, ὁ μὲν ἠρώτα αὐτὸν τὰ ἐν Ἰλίῳ, ὁ δὲ εἰδέναι μὲν πάντα ἔλεγε καὶ μεμνῆσθαι αὐτῶν, εἰπεῖν δ’ ἂν οὐδὲν ὧν οἶδεν, εἰ μὴ μισθὸς αὐτῷ παρ’ Ὁμήρου γένοιτο εὐφημίαι τε ἐν τῇ ποιήσει καὶ ὕμνος ἐπὶ σοφίᾳ τε καὶ ἀνδρείᾳ. ὁμολογήσαντος δὲ τοῦ Ὁμήρου ταῦτα καὶ ὅ τι δύναιτο, χαριεῖσθαι αὐτῷ ἐν τῇ ποιήσει φήσαντος, διῄει Ὀδυσσεὺς πάντα ξὺν ἀληθείᾳ τε καὶ ὡς ἐγένετο, ἥκιστα γὰρ πρὸς αἵματι καὶ βόθροις αἱ ψυχαὶ ψεύδονται. ἀπιόντος δὲ ἤδη τοῦ Ὁμήρου βοήσας ὁ Ὀδυσσεὺς „Παλαμήδης με“ ἔφη „δίκας ἀπαιτεῖ τοῦ ἑαυτοῦ φόνου καὶ οἶδα ἀδικῶν καὶ πάντως μὲν πείσομαί τι, οἱ γὰρ θεμιστεύοντες ἐνταῦθα δεινοί, Ὅμηρε, καὶ τὰ ἐκ Ποινῶν ἐγγύς, εἰ δὲ τοῖς ἄνω ἀνθρώποις μὴ δόξω εἰργάσθαι τὸν Παλαμήδην ταῦτα, ἧττόν με ἀπολεῖ τὰ ἐνταῦθα· μὴ δὴ ἄγε τὸν Παλαμήδην ἐς Ἴλιον, μηδὲ στρατιώτῃ χρῶ, μηδέ, ὅτι σοφὸς ἦν, εἴπῃς. ἐροῦσι μὲν γὰρ ἕτεροι ποιηταί, πιθανὰ δὲ οὐ δόξει μὴ σοὶ εἰρημένα“. αὕτη, ξένε, ἡ Ὀδυσσέως τε καὶ Ὁμήρου ξυνουσία, καὶ οὕτως
Ὅμηρος τὰ ἀληθῆ μὲν ἔμαθε, μετεκόσμησε δὲ πολλὰ ἐς τὸ συμφέρον τοῦ λόγου, ὃν ὑπέθετο.
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Philostrate ultime défenseur de Palamède
Il ne reste plus à Philostrate qu'à rétablir toutes les vérités déformées ou occultées par Homère. En voici quelques unes (Heroikos, 33, passim). Elle dressent le portrait d'un véritable savant, d'un guerrier courageux et d'un sage, bref d'un sophiste idéal selon les critères de Philostrate.
A/ La science de Palamède
αὐτομαθῆ ἀφικέσθαι αὐτὸν καὶ σοφίας ἤδη γεγυμνασμένον καὶ πλείω γιγνώσκοντα ἢ ὁ Χείρων· πρὸ γὰρ δὴ Παλαμήδους ὧραι μὲν οὔπω ἦσαν οὖσαι, μηνῶν δὲ οὔπω κύκλος, ἐνιαυτὸς δὲ οὔπω ὄνομα ἦν τῷ χρόνῳ, οὐδὲ νόμισμα ἦν, οὐδὲ σταθμὰ καὶ μέτρα, οὐδὲ ἀριθμεῖν, σοφίας δὲ οὔπω ἔρως, ἐπεὶ μήπω ἦν γράμματα. βουλομένου δὲ Χείρωνος ἰατρικὴν διδάσκειν αὐτὸν „ἐγώ“, ἔφη „ὦ Χείρων, ἰατρικὴν μὲν ἡδέως οὐκ οὖσαν ἂν εὗρον, εὑρημένην δὲ οὐκ ἀξιῶ μανθάνειν.
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B/ Le contentieux entre Ulysse et Palamède
Démentant tous les poètes qui ont raconté l'épisode d'Ithaque et de la feinte folie d'Ulysse, Philostrate, par la voix de son héros Protésilas, nie qu'il ait eu lieu et prétend qu'au contraire Ulysse se rendit à Aulis avec beaucoup d'enthousiasme. Mais ensuite, les occasions de se heurter à Palamède furent nombreuses ; en voici deux :
ἔκλειψις ἡλίου ἐν Τροίᾳ ἐγένετο καὶ ὁ στρατὸς ἄθυμοι ἦσαν λαμβάνοντες τὴν διοσημίαν ἐς τὰ μέλλοντα. παρελθὼν οὖν ὁ Παλαμήδης αὐτὸ τὸ πάθος τοῦ ἡλίου διεξῆλθε καὶ ὅτι τῆς σελήνης ὑποτρεχούσης αὐτὸν ἐξαμαυροῦται καὶ ἀχλὺν ἕλκει, „κακῶν δὲ εἴ τινα σημαίνοι, ταῦτα δήπου“ ἔφη „οἱ Τρῶες πείσονται, οἱ μὲν γὰρ ἀδίκων ἦρξαν, ἡμεῖς δὲ ἀδικούμενοι ἥκομεν. προσήκει δὲ καὶ ἀνίσχοντι τῷ Ἡλίῳ εὔχεσθαι πῶλον αὐτῷ καταθύσαντας λευκόν τε καὶ ἄνετον.“ ταῦτα τῶν Ἀχαιῶν ἐπαινεσάντων, καὶ γὰρ ἥττηντο τῶν τοῦ Παλαμήδους λόγων, παρελθὼν ὁ Ὀδυσσεύς „ἃ μὲν
χρὴ θύειν“ ἔφη „ἢ ὅ τι εὔχεσθαι ἢ ὅτῳ, Κάλχας ἐρεῖ, μαντικῆς γὰρ τὰ τοιαῦτα, τὰ δὲ ἐν τῷ οὐρανῷ καὶ εἴ τις τῶν ἄστρων ἀταξία τε καὶ τάξις, Ζεὺς
οἶδεν, ὑφ’ οὗ ταῦτα κεκόσμηταί τε καὶ εὕρηται, σὺ δέ, Παλάμηδες, ἧττον ληρήσεις προσέχων τῇ γῇ μᾶλλον ἢ τὰ ἐν τῷ οὐρανῷ σοφιζόμενος.“ ὑπολαβὼν οὖν ὁ Παλαμήδης „εἰ σοφὸς ἦσθα, ὦ Ὀδυσσεῦ“, εἶπεν „ξυνῆκας ἄν, ὅτι μηδεὶς ἂν δύναιτο λέγειν σοφόν τι περὶ τῶν οὐρανίων μὴ πλείω περὶ τῆς γῆς γιγνώσκων. σὲ δὲ ἀπολελεῖφθαι τούτων οὐκ ἀπιστῶ, φασὶ γὰρ ὑμῖν τοῖς Ἰθακησίοις μήτε ὥρας μήτε γῆν εἶναι.“ ἐκ τούτων ὁ μὲν Ὀδυσσεὺς ἀπῆλθεν ὀργῆς πλέως, Παλαμήδης δὲ ὡς πρὸς βασκαίνοντα ἤδη παρασκευάζων ἑαυτόν. ἐν ἐκκλησίᾳ δέ ποτε τῶν Ἀχαιῶν ὄντων γέρανοι μὲν ἔτυχον πετόμεναι τὸν εἰωθότα αὐταῖς τρόπον, ὁ δὲ Ὀδυσσεὺς ἐς τὸν Παλαμήδην βλέψας „αἱ γέρανοι“ ἔφη „μαρτύρονται τοὺς Ἀχαιούς, ὅτι αὐταὶ γράμματα εὗρον, οὐχὶ σύ.“ καὶ ὁ Παλαμήδης „ἐγὼ γράμματα οὐχ εὗρον“ εἶπεν,
„ἀλλ’ ὑπ’ αὐτῶν εὑρέθην· πάλαι γὰρ ταῦτα ἐν Μουσῶν οἴκῳ κείμενα ἐδεῖτο ἀνδρὸς τοιούτου, θεοὶ δὲ τὰ τοιαῦτα δι’ ἀνδρῶν σοφῶν ἀναφαίνουσι. γέρανοι μὲν οὖν οὐ μεταποιοῦνται γραμμάτων, ἀλλὰ τάξιν ἐπαινοῦσαι πέτονται, πορεύονται γὰρ ἐς Λιβύην ξυνάψουσαι πόλεμον σμικροῖς ἀνθρώποις, σὺ δ’ οὐδὲν ἂν περὶ τάξεως εἴποις, ἀτακτεῖς γὰρ τὰς μάχας.“
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C/ Un bon guerrier
τὸν Ἀχιλλέα στρατεύοντα ἐπὶ τὰς νήσους καὶ τὰς ἀκταίας πόλεις αἰτῆσαι τοὺς Ἀχαιοὺς ξὺν Παλαμήδει στρατεῦσαι. ἐμάχοντο δὲ ὁ μὲν Παλαμήδης γενναίως καὶ σωφρόνως, ὁ δὲ Ἀχιλλεὺς οὐ καθεκτῶς, ὁ γὰρ θυμὸς ἐξαίρων αὐτὸν ἐς ἀταξίαν ἦγεν· ὅθεν ἔχαιρε τῷ Παλαμήδει ξυνασπίζοντι καὶ ἀπάγοντι μὲν αὐτὸν τῆς φορᾶς, ὑποτιθεμένῳ δέ, ὡς χρὴ μάχεσθαι. καὶ γὰρ δὴ καὶ ἐῴκει λεοντοκόμῳ λέοντα γενναῖον πραύνοντι καὶ ἐγείροντι, καὶ οὐδὲ ἐκκλίνων ταῦτα ἔπραττεν, ἀλλὰ καὶ βάλλων καὶ φυλαττόμενος βέλη καὶ ἀσπίδα ἀντερείδων καὶ διώκων στῖφος. [...] αἱ μὲν οὖν πόλεις ἡλίσκοντο καὶ εὐδόκιμα τοῦ Παλαμήδους ἔργα ἀπηγγέλλετο ἰσθμῶν διορυχαὶ καὶ ποταμοὶ ἐς τὰς πόλεις ἐπιστρεφόμενοι καὶ σταυροὶ λιμένων καὶ ἐπιτειχίσματα νυκτομαχία τε ἡ περὶ Ἄβυδον, ὁπότε τρωθέντες ὁ μὲν Ἀχιλλεὺς ἀνεχώρησεν, ὁ Παλαμήδης δὲ οὐκ ἀπεῖπεν, ἀλλὰ πρὶν μέσην ἑστάναι νύκτα, εἷλε τὸ χωρίον.
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D/ La beauté de Palamède
μέγεθος μὲν τοίνυν αὐτὸν κατὰ Αἴαντα τὸν μείζω γενέσθαι, κάλλος δὲ Ἀχιλλεῖ τε ἁμιλλᾶσθαι καὶ Ἀντιλόχῳ καὶ ἑαυτῷ φησιν ὁ Πρωτεσίλεως καὶ Εὐφόρβῳ τῷ Τρωί, γένεια μὲν γὰρ αὐτῷ ἁπαλὰ ἐκφύεσθαι καὶ ξὺν ἐπαγγελίᾳ βοστρύχων, τὴν κόμην δὲ ἐν χρῷ εἶναι, τὰς δὲ ὀφρῦς ἐλευθέρας τε καὶ ὀρθὰς καὶ ξυμβαλλούσας πρὸς τὴν ῥῖνα τετράγωνόν τε οὖσαν καὶ εὖ βεβηκυῖαν. τὸν δὲ τῶν ὀφθαλμῶν νοῦν ἐν μὲν ταῖς κυῖαν. τὸν δὲ τῶν ὀφθαλμῶν νοῦν ἐν μὲν ταῖς μάχαις ἄτρεπτόν τε φαίνεσθαι καὶ γοργόν, ἐν δὲ τῇ ἡσυχίᾳ φιλέταιρόν τε καὶ εὐπροσήγορον τὰς βολάς, λέγεται δὲ καὶ μεγίστοις ἀνθρώπων ὀφθαλμοῖς χρήσασθαι. καὶ μὴν καὶ γυμνόν φησι τὸν Παλαμήδην μέσα φέρεσθαι βαρέος ἀθλητοῦ καὶ κούφου καὶ αὐχμὸν περὶ τῷ προσώπῳ ἔχειν πολὺν ἡδίω τῶν Εὐφόρβου πλοκάμων τῶν χρυσῶν·
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E/ Le mode de vie et la sagesse de Palamède
αὐχμοῦ δὲ ἐπεμεμέλητο ὑπὸ τοῦ καθεύδειν τε, ὡς ἔτυχεν, αὐλίζεσθαί τε πολλάκις ἐν τῇ ἀκρωνυχίᾳ τῆς Ἴδης ἐν
σχολῇ τῶν πολεμικῶν· τὴν γὰρ κατάληψιν τῶν μετεώρων ἐντεῦθεν ἀπὸ τῶν ὑψηλοτάτων οἱ σοφοὶ ποιοῦνται. ἦγε δὲ ἐς Ἴλιον οὔτε ναῦν οὔτε ἄνδρα, ἀλλ’ ἐν πορθμείῳ ξὺν Οἴακι τῷ ἀδελφῷ ἔπλευσε πολλῶν, φασί, βραχιόνων ἀντάξιον ἑαυτὸν ἡγούμενος. οὐδὲ ἀκόλουθος ἦν αὐτῷ οὐδὲ θεράπων οὐδὲ Τέκμησσά τις ἢ Ἶφις λούουσά τε καὶ στρωννῦσα τὸ λέχος, ἀλλ’ αὐτουργὸς βίος καὶ ἔξω τοῦ κατεσκευάσθαι. εἰπόντος γοῦν ποτε πρὸς αὐτὸν Ἀχιλλέως „ὦ Παλάμηδες, ἀγροικότερος φαίνῃ τοῖς πολλοῖς, ὅτι μὴ πέπασαι τὸν θεραπεύσοντα“ „τί οὖν“, ὦ Ἀχιλλεῦ, ταῦτα;“ ἔφη τὼ χεῖρε προτείνας ἄμφω. διδόντων δὲ αὐτῷ τῶν Ἀχαιῶν ἐκ δασμοῦ χρήματα καὶ κελευόντων αὐτὸν πλουτεῖν „οὐ λαμβάνω“, ἔφη „κἀγὼ γὰρ ὑμᾶς κελεύω πένεσθαι καὶ οὐ πείθεσθε“. ἐρομένου δέ ποτε αὐτὸν Ὀδυσσέως ἐξ ἀστρονομίας ἥκοντα „τί πλέον ἡμῶν ὁρᾷς ἐν τῷ οὐρανῷ„; „τοὺς κακοὺς“ εἶπεν. ἀμείνων δ’ ἂν ἦν τοὺς Ἀχαιοὺς ἐκδιδάξας, ὅτῳ ποτὲ τῶν τρόπων φανεροὶ οἱ κακοί· οὐ γὰρ ἂν προσήκαντο τὸν Ὀδυσσέα ἐπαντλοῦντα αὐτῷ ψευδεῖς οὕτω καὶ πανούργους τέχνας.
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Que devient Palamède à présent dans la littérature tardo-latine, byzantine et médiévale ? C'est ce que vous saurez en lisant la contribution du professeur Francesco Chiappinelli.
Bibliographie complémentaire
Références des traductions
- Traduction de l'Epitome d'Apollodore : Ugo Bratelli (2004) sur Nimispauci
- Traduction de Lucien : Eugène Talbot (1912) sur Hodoi Elektronikai
- Traduction du De Officiis de Cicéron : Charles Appuhn (1933) sur Itinera Electronica
- Traduction du Commentaire de Servius : Agnès Vinas (2009)
- Traductions de Pausanias : abbé Gédoyn (1731) sur Méditerranées
- Traduction de l'Apologie de Socrate : Dacier, Grou, Chauvet et Saisset (1885) sur Hodoi Elektronikai
- Traductions des Fables d'Hygin : Agnès Vinas (2009)
- Traduction des Métamorphoses d'Ovide : Danièle Robert, Actes Sud (2001)
- Traduction de l'Agamemnon de Sénèque : Cabaret-Dupaty (1863) sur Itinera Electronica
- Traduction de Théon de Smyrne : J. Dupuy (1892) sur le site de Philippe Remacle
- Traductions de la Vie d'Apollonios de Thyane : A. Chassang (1862) sur Hodoi Elektronikai
- Traduction de la Défense de Palamède de Gorgias : Agnès Vinas (2009)
- Traductions des Discours de Dion Chrysostome : Agnès Vinas (2009)
- Traductions de l'Heroikos de Philostrate : Agnès Vinas (2009)