Diogène
Jusqu'à présent nous avons assisté, avec
notre lecteur, à des scènes qui se passaient
durant une de ces époques de tranquillité
douteuse, et non de paix véritable, séparant
parfois les persécutions. Déjà nous avons
remarqué sur notre route les signes avant-coureurs de la
lutte, et le bruit de ses préparatifs est distinctement
parvenu à nos oreilles. Le rugissement des lions de
l'amphithéâtre, qui étonnait
Sébastien sans lui causer d'effroi, les nouvelles
d'Orient, les insinuations de Fulvius et les menaces de Corvinus
nous fortifient dans cette idée, que nous reverrons sous
peu les horreurs de la persécution, et que les flots
répandus du sang chrétien se changeront en un
torrent plus grandiose et plus noble que tous ceux qui ont
jamais arrosé le paradis de la loi nouvelle.
L'église, toujours prudente et calme, ne néglige
point ces indices multipliés d'un combat prochain, ni les
précautions qu'il rend nécessaires. Nous
plaçons cette seconde partie de notre récit au
moment où elle se revêt avec ardeur de ses armes,
c'est-à-dire à l'origine de la lutte.
Diogène le fossor (1)
|
Vers la fin de septembre, un jeune homme que nous connaissons
déjà, soigneusement enveloppé dans son
manteau, car le temps est froid et sombre, s'avançait
à travers le dédale des étroites ruelles du
district appelé la Suburra ; on n'est pas d'accord sur
l'étendue et la position exacte de ce quartier,
situé dans le voisinage du Forum. Malheureusement le vice
et la misère, trop souvent unis, trouvaient là un
commun asile. Cette partie de la cité semblait inconnue
à Pancrace ; après s'être plusieurs fois
égaré, il découvrit enfin la rue objet de
ses recherches. Néanmoins, les maisons n'étant
point désignées par des numéros, trouver
celle où il avait affaire était un problème
difficile, mais non insoluble. Il chercha du regard le logis de
la plus respectable apparence ; l'un d'eux se faisait
particulièrement remarquer entre tous par sa bonne tenue
et sa propreté ; il frappa hardiment à la porte.
Elle fut aussitôt ouverte par un vieillard, nommé
Diogène, que nous avons déjà
rencontré dans le cours de notre récit. Il
était grand et fort comme un homme accoutumé
à porter de lourds fardeaux ; à cause de cela,
légèrement voûté. Ses cheveux blancs
encadraient un front large et imposant ; ses traits, fortement
accentués, avaient une expression de mélancolie
douce et grave. On eût dit que, habitué depuis
longtemps à vivre parmi les morts, il n'était
heureux que dans leur compagnie. Près de lui
étaient ses deux fils, Maius et Sévère,
jeunes gens à la tournure athlétique. Le premier
s'occupait avec ardeur de sculpter grossièrement une
épitaphe sur une vieille plaque de marbre, dont le revers
portait encore les traces d'une inscription sépulcrale
païenne que soie nouveau possesseur avait effacée
à la hâte. Pancrace regarda son travail et se mit
à sourire ; à peine s'y trouvait-il un mot ou une
expression correcte. Voici cette épitaphe dans toute sa
simplicité :
DE BIANOBA
POLLECLA QVE ORDEV BENDET DE BIANOBA
De la rue Neuve. Pollecla, qui vend de l'orge dans la rue Neuve
(2).
Le second exécutait à grands traits, sur
une planche avec du charbon, un dessin où l'on
pouvait reconnaître Jonas dévoré
par la baleine, et la résurrection de Lazare.
Les deux personnages, représentés d'une
manière symbolique et largement
esquissés, n'étaient sans doute que
l'ébauche d'une peinture définitive. En
outre, lorsqu'on frappa à la porte, le vieux
Diogène était évidemment
occupé à remettre un nouveau manche
à une vieille pioche. Ces occupations
variées d'une même famille pourraient
surprendre notre lecteur moderne ; mais le jeune
visiteur ne s'en étonnait pas. Il savait que
toute cette famille appartenait à l'honorable
confrérie des fossores, ou fossoyeurs des
cimetières chrétiens ; Diogène en
était le chef et le directeur. Quelques
antiquaires modernes, d'accord avec un écrivain
anonyme contemporain de saint Jérôme,
croient que le fossor, de même que le
lector ou lecteur, était un des ordres
mineurs de la primitive église. Malgré le
peu de fondement de cette opinion, il est très
probable que l'on confiait les devoirs de cette charge
à des personnes choisies et reconnues par
l'autorité ecclésiastique. Le
système uniforme adopté pour l'excavation
et l'arrangement des tombes dans les nombreux
cimetières, autour de Rome, était si
complet depuis son origine, qu'il n'a laissé
aucune trace de progrès ou de changement pendant
le cours des siècles. Il nous est donc permis de
conclure que ces étonnants et
vénérables travaux étaient
exécutés, d'après une impulsion
unique, par quelque société
instituée à cet effet. Ce n'était
point une entreprise qui spéculait sur
l'énsevelissement des morts, mais une pieuse
confrérie établie dans ce but
spécial. |
Fossor, d'après une peinture du cimetière de Calliste |
Une série d'inscriptions intéressantes
trouvées dans le cimetière de Sainte-Agnès
prouve que telle était l'occupation de plusieurs
générations des mêmes familles ; le
grand-père, le père et ses enfants
l'exerçaient au même endroit (3). Nous pouvons ainsi facilement
nous rendre compte de l'exécution habile et uniforme des
tombeaux que l'on remarque dans les catacombes. Les
fossores avaient cependant des fonctions plus
élevées, une sorte de juridiction dans ce monde
souterrain. Quoique l'église se chargeât de trouver
un lieu de sépulture pour tous ses enfants, il
était naturel que quelques-uns offrissent une
compensation pour celui qu'ils choisissaient, si c'était
un endroit favori, comme le voisinage de la tombe d'un martyr.
Pour tous ces arrangements on s'entendait avec les fossoyeurs ; les inscriptions des anciens cimetières en font souvent
foi. En voici une que l'on conserve au Capitole :
EMPTV LOCVM AB ARTEMISIVM VISOMVM HOC EST
ET PRAETIVM DATVM FOSSORI HILARO IDEST
FOL NOOD PRAESENTIA SEVERI FOSS ET LAVRENTI
C'est-à-dire :
Ceci est la tombe pour deux corps, achetée par
Artémisius, et le prix a été donné
au fossoyeur Hilarus, c'est-à-dire, bourses (4), en présence de
Sévère le fossoyeur et de Laurentius.
Ce dernier était peut-être le témoin de
l'acquéreur, et Severus celui d'Hilarus. Quoi qu'il en
soit, nous croyons avoir exposé à nos lecteurs
tout ce qu'on sait touchant la profession exercée par
Diogène et ses fils.
Nous avons laissé Pancrace fort amusé des
grossiers essais de Maius dans l'art glyptique ; il lui adressa
ainsi la parole :
«Exécutez-vous toujours ces inscriptions
vous-même ?
- Oh ! non, répondit l'artiste en souriant, je fais cela
pour de pauvres gens qui ne peuvent payer de plus habile que
moi. Ceci est pour une excellente femme qui vendait de l'orge
dans la via Nova ; elle n'était pas devenue riche, comme
vous le supposez, et cela surtout à cause de son
honnêteté. Il me venait une singulière
idée en gravant cette épitaphe.
- Dites-la-moi, Maius.
- Je m'imaginais que peut-être, dans quelques milliers
d'années, des chrétiens liraient respectueusement
sur la muraille mon grossier travail, et entendraient parler
avec plaisir de la pauvre vieille Pollecla et de son petit
commerce d'orge, tandis que les épitaphes des empereurs
qui ont persécuté l'église, au lieu
d'attirer l'attention, tomberont dans le plus profond
oubli.
- Cependant j'ai peine à croire que les superbes
mausolées des empereurs seront entièrement
détruits par le temps, et que la mémoire d'une
pauvre femme passera à la postérité la plus
reculée... Qu'est-ce qui vous inspire cette pensée ?
- Je songeais simplement qu'il valait mieux perpétuer le
souvenir d'un mendiant vertueux que celui d'un roi vicieux. On
lira peut-être mon humble inscription, pendant que les
débris des arcs de triomphe couvriront le sol. C'est
pourtant bien mal écrit, n'est-ce pas ?
- Ne vous inquiétez pas de cela. Malgré sa
simplicité, votre oeuvre ne le cède pas à
de plus magnifiques. Quelle est cette tablette appuyée
contre le mur ?
- Ah ! ceci est une superbe inscription que l'on nous a
confiée pour la fixer à sa place ; vous pouvez
voir que l'auteur et le graveur sont deux personnes
différentes. Elle est destinée au cimetière
de la villa appartenant à la noble Agnès, sur la
voie Nomentane, et rappelle, je crois, la mémoire d'un
enfant bien-aimé dont la mort a plongé ses parents
dans la douleur.»
Pancrace approcha une lumière et lut ce qui suit :
L'innocent enfant Dionysius repose ici parmi les saints. Souvenez-vous, dans vos prières, de l'auteur et du graveur.
«Cher et bienheureux enfant, continua Pancrace
après avoir parcouru cette inscription, ne m'oubliez pas
non plus, moi qui viens de lire cette épitaphe, dans les
saintes prières que vous offrez pour son auteur et pour
celui qui l'a gravée.
- Amen», répondit la pieuse famille.
Pancrace, étonné du son rauque de la voix de
Diogène, se retourna, et aperçut le vieillard
s'efforçant, avec beaucoup d'ardeur, de couper
l'extrémité d'une petite pièce de bois
qu'il venait d'enfoncer dans le manche de sa pioche afin de le
fixer plus solidement au fer. Mais à chaque instant ses
yeux se voilaient de larmes qu'il écartait du revers de
sa main brunie par le travail.
«Qu'avez-vous, mon vieil ami ? lui dit le jeune homme
avec bonté ; pourquoi l'épitaphe de Dionysius vous
cause-t-elle tant d'émotion ?
- Ce n'est pas précisément cette inscription qui
m'émeut ; mais elle réveille tant de souvenirs et
fait naître tant de craintes menaçantes pour
l'avenir, que je sens défaillir mon courage.
- Quelles sont vos tristes pensées, Diogène ?
- C'est bien simple, n'est-ce
pas ? de prendre dans ses bras un cher enfant comme Dionysius,
enveloppé dans son linceul, embaumé d'aromates, et
de le déposer dans sa tombe ? Ses parents pleurent
cependant ; son passage de cette triste vie au bonheur
éternel a été doux et calme. C'est bien
autre chose, même pour un cœur endurci comme le mien par
l'habitude (il s'essuya encore les yeux en prononçant ces
mots), de réunir à la hâte les chairs
meurtries et les membres brisés d'un autre enfant comme
celui-ci ; de les entourer d'abord d'un suaire, et, au lieu
d'aromates, d'une seconde enveloppe de chaux vive avant de les
confier précipitamment à la terre (5) ! Oh! combien on souhaiterait
de pouvoir traiter autrement les restes sacrés d'un
martyr !
- C'est vrai, Diogène ; mais un vieil officier
préfère la modeste sépulture du soldat sur
le champ de bataille à un splendide sarcophage sur la
voie Appienne. Les époques de persécution
amènent-elles souvent des scènes aussi
douloureuses que celles que vous venez de décrire ?
- Ce n'est pas rare, mon cher maître. Je suis sûr
qu'un pieux jeune homme comme vous a dû visiter, au jour
de son anniversaire, la tombe de Restitutus, dans le
cimetière d'Hermès.
- Oui, certes, et je lui ai souvent envié cette couronne
du martyre qu'il a remportée à la fleur de
l'âge. Est-ce vous qui l'avez enseveli ?
- Oui ; ses parents lui firent élever un tombeau
magnifique ; c'est l'arcosolium de sa crypte (6). Nous la construisîmes,
mon père et moi, de six pièces de marbre
réunies à la hâte, et j'y gravai
l'inscription qu'on y lit maintenant. I1 me semble que je
gravais alors un peu mieux que Maius, ajouta le vieillard
redevenu tout à fait gai.
- Vous ne vous flattez pas beaucoup, mon cher père,
répondit le fils sur le môme ton. Mais voici une
copie de cette inscription, ajouta-t-il en choisissant une
feuille de parchemin parmi un grand nombre d'autres.
- Je m'en souviens très bien», dit Pancrace, qui
la parcourut du regard et lut ensuite ce qui suit, en corrigeant
les fautes d'orthographe, mais non celles de grammaire.
A Aelius Fabius Restitutus, leur fils très pieux, ses parents érigèrent (cette tombe). Il vécut dix-huit ans et sept mois en paix.
«Quelle gloire pour ce jeune homme, continua-t-il, d'avoir
confessé le Christ à cet âge !
- Sans doute, répondit le vieillard ; néanmoins
je suis sûr que vous avez toujours pensé que son
corps reposait seul dans le sépulcre. Tous ceux qui
lisent l'inscription pourraient le croire.
- Certainement. N'en serait-il pas ainsi ?
- Non, noble Pancrace, un
compagnon plus jeune repose à ses côtés sur
la même couche funèbre. Comme nous allions fermer
la tombe de Restitutus, on nous apporta le corps d'un enfant de
douze à treize ans à peine. Oh ! jamais je
n'oublierai l'affreux spectacle qui s'offrit à mes
regards. On l'avait suspendu au-dessus d'un brasier ardent : sa
tête, son corps, ses membres inférieurs, à
peu près jusqu'aux genoux, furent dévorés
par les flammes et calcinés jusqu'aux os ; il
était défiguré, méconnaissable.
Pauvre enfant, quelles affreuses souffrances ! Mais pourquoi le
plaindrai-je ? Nous étions pressés ; nous
pensâmes que le jeune homme de dix-huit ans ne refuserait
pas une place au petit soldat martyr âgé de douze
ans, et le considérerait comme un plus jeune frère ; il fut donc couché aux pieds d'Aelius Fabius. Le feu
ayant desséché le sang dans ses veines, il nous
fut impossible de placer en dehors de sa tombe la fiole de sang
attestant qu'il contenait un second martyr (7).
- Quel noble enfant ! si le premier était plus
âgé, le second était plus jeune que moi.
Qu'en dites-vous, Diogène ? ne pensez-vous pas que vous
aurez peut-être un jour à me rendre le même
service ?
- Oh ! non, je l'espère, répondit le vieux
fossoyeur en s'attendrissant encore ; ne faites pas allusion
à de si tristes choses, je vous en prie. Mon tour viendra
sûrement avant le vôtre. Comment se fait-il, en
vérité, que les vieux troncs soient
épargnés, tandis que les plantes délicates
sont jetées par terre !
- Allons, allons, mon bon ami, je ne veux pas vous affliger.
J'ai presque oublié le message dont j'étais
chargé. Voici ce que c'est : demain, au point du jour,
venez à la maison de ma mère afin de régler
tous les travaux à exécuter dans les
cimetières, en prévision des temps orageux qui
nous menacent. Notre saint pape sera présent, ainsi que
les prêtres des différents titres, les diacres de
chaque région, les notaires, dont le nombre a
été complété, et vous le chef des
fossoyeurs ; ainsi tout le monde agira de concert.
- Je n'y manquerai pas, Pancrace, répondit
Diogène.
- Maintenant, ajouta le jeune homme, j'ai une faveur à
vous demander.
- Une faveur à moi ? s'écria le vieillard
étonné.
- Oui ; vous aurez à vous mettre immédiatement au
travail, je crois. Or, quoique j'aie souvent visité par
dévotion nos cimetières sacrés, je ne les
ai jamais étudiés et examinés avec
attention. C'est là ce que je voudrais faire avec vous,
qui les connaissez si bien.
- Rien ne pourra m'être plus agréable,
répondit Diogène, quelque peu flatté du
compliment, mais bien plus heureux encore de cette preuve de
vénération pour ce qu'il chérissait tant
lui-même. Après avoir reçu mes instructions,
j'irai tout de suite au cimetière de Calliste. Venez me
rejoindre hors de la porte Capène, une demi-heure avant
midi, nous irons ensemble.
- Je ne serai pas seul, continua Pancrace. Deux jeunes gens
récemment baptisés ont un grand désir de
visiter nos cimetières, qu'ils connaissent très
peu ; ils m'ont prié d'y être leur guide.
- Tous vos amis seront toujours les bienvenus. Dites-moi leurs
noms, afin d'éviter toute erreur.
- L'un d'eux est Tiburce, fils de l'ancien préfet
Chromatius ; l'autre est un jeune homme appelé
Torquatus.»
Severus tressaillit légèrement et dit :
« êtes-vous bien sùr de ce dernier, Pancrace ? »
Diogène le réprimanda en ajoutant :
«Puisqu'il vient en compagnie de Pancrace, nous devons
être tranquilles.
- J'avoue, dit le jeune homme, que je ne le connais pas aussi
bien que Tiburce, qui est vraiment un brave et noble cœur.
Cependant Torquatus paraît très désireux de
connaître nos affaires et très zélé.
Qu'est-ce qui vous donne cette crainte, Severus ?
- Presque rien, en
vérité. Néanmoins, ce matin, en me rendant
de bonne heure au cimetière, j'entrai dans les bains
d'Antonin (8).
- Comment ! interrompit Pancrace en riant,
fréquentez-vous des endroits si élégants ?
- Non, pas tout à fait, répondit l'honnête
artisan ; mais vous ne savez peut-être pas que le
capsarius (9) Cucumio
et sa femme sont chrétiens ?
- Est-ce possible ? Où en trouvera-t-on désormais
des chrétiens ?
- Eh bien, c'est pourtant la vérité ; de plus ils
se sont fait construire une tombe dans le cimetière de
Calliste : j'avais à leur faire voir l'inscription que
Maius a faite à cette occasion. La voici, ajouta-t-il en
la lui montrant :
CVCVMIO ET VICTORIA
SE VIVOS FECERVNT
CAPSARARIVS DE ANTONINIANAS
(10)
«Parfait! s'écria Pancrace, qu'amusaient les fautes
de l'épitaphe ; mais nous oublions Torquatus.
- Or, comme j'entrais dans les bains, dit Severus, je ne fus
pas peu surpris de trouver dans un coin, à cette heure
matinale, ce Torquatus en conversation intime avec le fils du
préfet actuel, Corvinus. Ce dernier, vous devez vous en
souvenir, contrefit le boiteux et se glissa dans la maison
d'Agnès, lorsqu'une personne charitable et inconnue (que
Dieu la bénisse ! ) y faisait distribuer d'abondantes
aumônes aux pauvres assemblés. Ce n'est pas
là une société convenable pour un
chrétien, pensais-je, surtout à un pareil moment.
- C'est vrai, Severus, répondit Pancrace, dont la figure
se couvrit d'une vive rougeur ; sa foi est encore jeune, et ses
amis ignorent peut-être sa conversion. Ne cessons pas
d'augurer mieux de l'avenir.»
Pancrace se leva pour partir ; les deux jeunes gens lui
offrirent de l'escorter, afin qu'il pût traverser sain et
sauf leur quartier pauvre et dissolu. Il accepta avec plaisir
cette offre courtoise, et souhaita affectueusement une bonne
nuit au fossoyeur des catacombes.
(1) Diogène,
fossoyeur, déposé en paix, huit jours avant
le 1er octobre. (Actes de saint Sébastien,
Boldetti, 1, 15, p. 60) |
|
(2) Inscription
trouvée dans le cimetière de Calliste. |
|
(3) Cité par
F. Marchi dans son Architecture de Rome
chrétienne souterraine, 1844, ouvrage que nous
mettrons souvent à profit. |
|
(4) Le prix,
marqué en chiffres, était malheureusement
illisible. |
|
(5) Dans quelques
tombes du cimetière de Sainte-Agnès on a
trouvé des fragments de chaux qui avaient
conservé l'empreinte exacte du corps qu'elle
recouvrait : à l'intérieur on voyait la
trace d'un linge fin, et à l'extérieur celle
d'une étoffe plus grossière. Quant aux
aromates et aux parfums, Tertullien observe que «les
Arabes et les Sabéens n'ignoraient pas que les
chrétiens en consommaient bien plus chaque
année pour leurs morts que le monde païen tout
entier pour ses dieux». |
|
(6) Nous
expliquerons ces termes plus tard. |
|
(7) Le 22 avril
1823, on découvrit cette tombe, qui n'avait jamais
été violée. En l'ouvrant, on
aperçut des ossements blancs, brillants et polis
comme l'ivoire ; leur disposition correspondait à
la stature d'un jeune homme de dix-huit ans ; près
de la tête était une fiole de sang. A ses
pieds, et la tête appuyée sur eux, se voyait
le squelette d'un enfant de douze à treize ans,
dont le chef et le haut du corps étaient noirs et
carbonisés jusqu'au milieu des cuisses ; à
partir de cet endroit jusqu'aux pieds, les os
blanchissaient graduellement. Ces deux corps, recouverts
de riches étoffes, reposent côte à
côte sous l'autel du collège des
jésuites, à Lorette. |
|
(8) Ils sont mieux
connus sous le nom de bains de Caracalla. |
|
(9) C'était
la personne qui avait soin des habits des baigneurs ; de
capsa (coffre). |
|
(10) «Cucumio
et Victoria érigèrent (la tombe) pour
eux-mêmes, pendant leur vie. Capsararius des
(bains) Antonins». Trouvé dans le
cimetière de Callistus, et publié d'abord
par F. Marchi, qui l'attribue à tort au
cimetière de Praetextatus. |