Capri

Comme les départs des bateaux sont sujets à varier quand il fait mauvais, même lorsqu'il y a trop peu de voyageurs, il est nécessaire de se bien renseigner d'avance, à l'hôtel ou mieux aux bureaux des compagnies. Il faut aussi remarquer qu'on ne peut entrer dans la grotte d'Azur par un vent du N. ou de l'E., ce dont le capitaine ne dit naturellement rien à Naples, et que l'excursion peut de plus être complètement manquée ces jours-là ; car, vu le faible tirant d'eau des bateaux, on a facilement le mal de mer. On ne devrait en aucun cas faire l'excursion en un jour aller et retour, car même dans des conditions favorables, on ne peut guère voir, outre la grotte d'Azur, que la villa de Tibère, et la vue qu'on y a vers midi n'est en rien comparable à celle du coucher du soleil. On y consacrera au contraire un jour entier, et l'on visitera encore la punta Tragara, Anacapri et le mont Solaro, ou bien on fera le tour de l'île en barque.

Carte Baedeker p.140-141

De Naples à Capri. PAQUEBOT de la Soc. Napoletana di Navigazione (bur. à Naples, Marina Nuova, 14), par Vico Equense, Meta, Sorrente, Massa, départ tous les jours du quai de l'Immacolatella, à 2, 3 ou 4 h. du soir, selon la saison (le matin de Caprée). BATEAU A VAPEUR de la même société aussi tous les jours, quand il fait bon, du quai au château de l'Oeuf, à 9 h. du mat., par Sorrente (1 h. ¾), d'où l'on va directement à la grotte d'Azur, si le temps est favorable, et, lorsque les voyageurs l'ont visitée, à la marine de Capri, où l'on arrive à midi ou midi ½. Retour à 3 ou 4 h. et arrivée à Naples vers 7 h. du soir. Prix ordinaires du trajet de Capri : 6, 4 et 2 fr., 10 fr. aller et retour en 1re, valable pour 3 mois. Embarquement ou débarquement : à Naples, 30 c. ; à Capri, 20 c. De Sorrente à Capri, 5 fr.; entrée dans la grotte d'Azur. Enfin il y a encore, toujours quand le temps le permet, un petit bateau à vapeur, le CORRIERE DI NAPOLI, les mardi et sam. de Naples (Immacolatella), à 2 h. du s., et les lundi et vendr. de Capri, à 10 h. du m. ; prix : 3 fr., 5 fr. aller et retour, pour 8 jours. - Yacht anglais Poronha, v. p. 23.

De Sorrente à Capri. PAQUEBOT - En barque, la traversée dure 2 h. à 2 h. ½. Une barque à 4 rames pour Amalfi, par Capri, en passant la nuit à Capri, coûte 30 à 40 fr. Une barque de Capri à Amalfi, avec 2 rameurs, 12 fr. ; 4 ram., 18 fr. ; 6 ram., 25 fr. ; durée du trajet, 4 à 5 h. : faire prix d'avance. Il est bien entendu qu'un beau temps est indispensable pour cette excursion. D'un autre côté, un calme plat n'est nullement nécessaire ni avantageux.
Le principal débarcadère de Capri est à la Grande Marine, au N. de l'île, et ce n'est que par un fort vent du N. que le bateau se dirige vers la Petite Marine (Marina Piccola), au S. On peut monter de là à pied à la ville.

Hôtels à Capri, souvent pleins (retenir sa ch. d'avance). Sur LA GRANDE MARINE (noms variables) : H. du Louvre, recommandé ces derniers temps ; H. Grande-Bretagne (Cost. Petagna), tous deux au débarcadère, avec bains de mer (2e dé. 3 fr., v. e., p. 6); H. Bellevue (ch. t. c. 2 fr., rep. 75 c , 2 fr. 50 et 3, v. c., p. 5 à 6). - Un peu plus haut, dans un beau site, l'un derrière l'autre et avec terrasses : *H de la Grotte-Bleue (Mazzola), avec bains de mer (ch. t. c. 2 à 3 fr., rep. 1, 3 et 4, v. c., p. 6) ; H. Bristol (mêmes prix). - Encore plus haut, sur la route de Capri et à l'entrée de la ville : *H. Schweizerhof, dépendance de l'hôt. Quisisana (v. ci-dessous ; mêmes prix) ; H. Royal, Berliner Hof (Fil. Petagna) et la villa Fiorentino, dépend. de l'hôt. Quisisana. - DANS LA VILLE : *H Quisisana (omnibus), sur le chemin de la Chartreuse (ch. 3 fr., b. 75 e., s. 1 fr., rep. 1 fr. 50, 3 et 5) ; H. Pagano, sur le chemin de Quisisana, surtout fréquenté par les Allemands, simple (pens. 6 fr., 7 si l'on ne reste que 1 ou 2 jours ; nombreux souvenirs d'artistes ; palmier superbe dans le jardin) ; *H. de France, à g. de la place, sur le chemin de la villa de Tibère, avec un petit jardin, jouissant d'une jolie vue au S., recommandé (ch. t. c. 2 fr., rep. 1,2 et 3, v. e., p. 6, 7 si l'on ne reste que 1 ou 2 jours, 5.50 à 6.50 de juin à déc.); *H. Faraglioni, dans une rue latérale, à dr. du chemin de la villa de Tibère (ch. 2 fr. 50, rep. 1, 2.50 et 3.50, v. c., p. 6 à 7, si l'on reste une sem.); H. Tiberio (Bussetti), avec rest., corso Tiberio, simple.

CAFéS-RESTAUR.: * Hidigeigei (Morgane), bon et pas cher, avec un magasin d'épicerie, etc. ; Vermout di Torino (Scoppa), sur la place, aussi très fréquenté ; Tiberio (v. ci-dessus) ; Tratt.. di Carmela ; Gambrinus, route d'Anacapri, avec vue des deux côtés. - PATISSERIE : pasticceria Califano, sur la place.

MEDECINS : les Drs. J. Cerio et Giov. Masotino, qui parlent français.

Voitures : de la plage à Capri, à 1 chev., 1 fr. 25, 2 fr. aller et retour, avec 1 h. d'arrêt ; à 2 chev., 2.50 et 3.50 ; à Anacapri, 2.50 et 3.50, 4 et 5 à 2 chev. - De Capri à Anacapri, à 1 chev., 1 fr. 50, 2 fr. 50 aller et retour ; à 2 chev., 2.50 et 3.50.

Anes et chevaux, conformément au tarif : de la plage à Capri, un âne, 1 fr. ; un chev., 1 fr. 25 ; retour, 75 c. et 1 fr. ; à la villa de Tibère, 2.50 et 3 aller et retour ; à Anacapri, et retour, 2.50 et 3 ; au Solaro, 4.50 ; de Capri à Anacapri, 1.50 et 2 aller et retour, plus un petit pourboire. Un guide est utile seulement si l'on a fort peu de temps ; un enfant dont on se fera accompagner en route sera suffisamment payé avec 50 c. à t fr. pour plusieurs heures.

Barques (débattre les prix) : environ 1 fr. 50 à l'heure ; pour la grotte d'Azur, v. plus-bas ; pour le tour de l'île, guère moins de 6 à 8 fr. - Pour Sorrente v. p. 11. Les propriétaires des hôtels Quisisana et Pagano possèdent une barque élégante à 6 rameurs et pouvant contenir 8 pers. ; prix, 14 fr. pour passer à Sorrente. Une société moins nombreuse trouvera pour 8 fr. une barque à 4 rameurs. - Barque de la Petite Marine, au S. de l'île, à la grotte de l'Arsenal ou à la grotte Verte et de là à la Grande Marine, en doublant l'extrémité E. de l'île, 4 à 5 fr., env. 2 fr. par pers. pour une société. - On peut assister ici, surtout aux bateaux à vapeur, à de jolis tours d'adresse de la part des jeunes pêcheurs, qui plongent avec assez d'habileté pour attraper avec la bouche une pièce de monnaie pendant qu'elle tombe dans l'eau.

DISTANCES : des deux marines à Capri, 20 à 30 min. ; de la place de la ville à la villa de Tibère, 45 min. ; de la place à la punta Tragara, 20 min. ; de là par la côte orient. à l'Arco Naturale, 50 min. ; de cet endroit à la villa de Tibère, aussi 50 min. ; un tour de Capri à la punta Tragara, à l'Arco Naturale, à la villa de Tibère et retour à la place de Capri, env. 3 h., arrêts non compris. L'excursion de Capri à Anacapri et au mont Solaro demande 3 à 4 h., aller et retour.

Capri, in Chevalier p.261

Caprée ou Capri, Capreae chez les anciens, l'île aux Chèvres, est une île rocheuse de 15 kil. car. et de forme oblongue. Ses beaux contours se présentent partout sous un aspect caractéristique dans le golfe de Naples. Le point le plus élevé, le mont Solaro, à l'0., mesure 585 m. au-dessus de la mer. A l'E., d'imposantes falaises, hautes de 280 m., s'avancent à pic dans la mer. L'île compte env. 5600 hab. et n'a que deux localités importantes, les petites villes de Capri et d'Anacapri. Elle produit une quantité de fruits, des olives et d'excellents vins rouge et blanc ; sa flore compte 800 espèces. Les habitants vivent des produits de la pêche et de la culture de la vigne et des oliviers, mais les étrangers visitant le pays, env. 30 000 par an, en sont encore la principale ressource. Bien des hommes de Capri émigrent pour quelque temps dans l'Amérique du Sud, mais ils y reviennent presque toujours. Les femmes s'occupent surtout de tissage. Le gracieux voile noir qui leur sert de coiffure leur sied à merveille. Les joyeuses fêtes de St Constance, patron de l'île, le 14 mai ; de St Antoine, à Anacapri, à la mi-juin ; de la Vierge, au Tiberio et au Solaro, les 7 et 8 septembre, sont très originales.

Carl Weichardt (1900)

L'histoire ne fait mention de cette île que depuis Auguste. Cet empereur, qui en aimait le séjour, y construisit des palais, des bains et des aqueducs. Tibère y fonda, sur différents points, en l'honneur des douze grands dieux, douze villas, dont la plus grande était celle de Jupiter (Tacite, Annales, IV, 67). Il alla s'y retirer l'an 27 de notre ère, après avoir confié l'administration à Séjan. Il y demeura presque sans interruption jusqu'à sa mort, l'an 37, même après la chute de Séjan (31). Il existe des descriptions exagérées des débauches et des cruautés auxquelles cet empereur s'adonna dans sa vieillesse. C'est la tranquillité et 1a sûreté qu'il trouvait dans cette île, et aussi son délicieux climat, qui l'y ont retenu si longtemps. Il ne reste plus que des ruines des nombreuses constructions qu'il y fit élever. - Caprée fut prise en 1803 par les Anglais et transformée en un «petit Gibraltar», mais les Français la reprirent en 1808 par un coup de main.
L'île de Caprée est maintenant très fréquentée par tous les étrangers en séjour sur les bords du golfe de Naples (beaucoup d'Allemands), non seulement au printemps et en automne, mais encore en été, où elle a le plus de charme et où l'on y vient même de Rome. L'air y est d'une pureté exceptionnelle, vantée de tout temps, et la température moyenne de l'hiver de 10° C. La direction des vents fait aussi que l'air n'y est pas trop humide ; il y a seulement trop de poussière en temps de sécheresse, et les fours à chaux dans le voisinage de la Petite-Marine ajoutent encore à cet inconvénient. Il n'y a d'abri contre les vents, du S. et du S.-O., que le mont Solaro, avec ses contreforts. Il y a peu d'eau potable et elle est d'une qualité douteuse, mais on doit construire un aqueduc qui en amènera du mont Solaro. Il n'y a de chemin de plain-pied que pour aller à la punta Tragara ; partout ailleurs il y a à monter. Anacapri et la Grande Marine n'ont d'importance que comme stations d'été.

De la Grande Marine, au N. de l'île, où se trouvent les hôtels mentionnés ci-dessus et des maisons de pêcheurs, deux chemins montent à la petite ville de Capri : à g. ou à l'E., un escalier escarpé ; à dr. ou à 1'0., un chemin en lacets. Tous deux sont dénués d'ombre et assez désagréables par la chaleur au milieu de la journée. Le second passe à l'église S. Costanzo, une des plus anciennes du sud de l'Italie, avec des colonnes antiques. C'est un reste de la vieille ville qui était à la Marine et qui fut abandonnée au XVe s., à la suite des pillages répétés des pirates, et dont il subsiste sans cela peu de chose.

Capri (140 m. d'ait.), petite ville de 3400 hab. et chef-lieu de l'île, est située sur la croupe qui réunit la hauteur de l'E., dite le Capo, avec celle de 1'0., le mont Solaro, et dominée des deux côtés par des éminences moins élevées, S. Michele et Castiglione, la première avec des restes de constructions antiques (v. ci-dessous), la seconde avec les ruines d'un château fort. Sur la place où aboutissent les routes de la Grande Marine et d'Anacapri, qui se réunissent un peu à l'0., se trouvent l'hôtel de ville, les bureaux de la poste et du télégraphe, la pharmacie et l'église S. Stefano, qui est précédée de quelques marches. Il y a aussi une petite exposition (25 c.) où l'on trouve des tableaux et des esquisses d'artistes demeurant à Capri.
Pour aller à la Petite Marine (Marina Piccola), on suit pendant 7 min. la route d'Anacapri, tourne à dr. à la dernière maison, descend quelques degrés à dr. et passe immédiatament sous la route, en suivant un sentier pierreux, qui mène en bas en 1/4 d'h. I1 y a sur le rivage quelques cabanes de pêcheurs (vin).
Pour aller au Castiglione, prendre un enfant qui servira de guide et s'entremettra, pour l'entrée, auprès du propriétaire. On monte de la place par le perron de l'église (v. ci-dessus), puis à dr. par le passage voûté, jusqu'aux fortifications ; on passe devant l'église S. Teresa, traverse de nouveau un passage voûté, d'où l'on sort par une grille et continue à dr. jusqu'à une autre où il y a un écriteau indiquant que c'est une propriété particulière. C'est là qu'il faut demander la clef de la tour du château. Vue splendide sur Capri et la Petite Marine. On descend à la Grotta del Castiglione, au pied de la montagne, par un escalier en pierre très pénible. - Pour faire l'ascension du S. MICHELE, on a besoin d'une permission du propriétaire, le prince Caracciolo, qui habite la villa Catarina à côté de l'hôtel Quisisana ; mais on l'obtient facilement par l'entremise de l'hôtelier. L'entrée est près de la petite église S. Michele, sur la route de la villa de Tibère. De là on prend à dr. et on continue par une voie antique, qui conduisait autrefois sur la hauteur, où se trouvait aussi une villa de Tibère. Il y a encore de vastes soubassements et des voûtes, qui sont recouverts par des vignes. Vue superbe sur la Grande Marine, le Solaro, le golfe et la péninsule de Sorrente. Il y a encore au pied du S. Michele une grotte à stalactites ; le gardien demande 1 à 2 fr. pour les torches ; faire prix d'avance.

La *punta Tragara, promontoire au S.-E., offre une vue pittoresque de l'île et de la côte au S., avec les Faraglioni, trois écueils à pic qui s'élèvent jusqu'à 115 m. d'altitude. Il y a des restes de tombeau romain sur le rocher plus loin à l'E. appelé il Monacone, c.-à-d. le grand moine. On a découvert en 1885 près du promontoire les restes d'une maison romaine. Pour aller à ce promontoire, ce qui demande 20 min. de la place, passer devant le perron de l'église S. Stefano, et prendre par une arcade, puis descendre à dr. et devant l'hôtel Pagano ; tourner devant l'hôtel Quisisana à g. et non à dr., par où l'on irait à la Chartreuse, couvent fondé en 1371 et qui sert de caserne ; longer un gros ouvrage de maçonnerie romain appelé le Camarelle, qui faisait partie des constructions d'une route traversant autrefois la vallée, et suivre toujours le même chemin, qui monte un peu à g. à 4 min. de Quisisana. Trattoria di Carmela dans la villa Tragara, au promontoire, simple.

Autre promenade intéressante : descendre de la punta Tragara l'escalier à dr. de la villa Tragara, suivre le versant par un bon sentier garni de bancs de pierre, d'où l'on a de beaux coups d'oeil sur les Faraglioni et le rocher nommé Polyphème ; puis contourner, par des escaliers qui descendent et remontent, la hauteur dite Telegrafo ou Tuoro Grande, sur laquelle se trouvent l'anc. télégraphe optique et des restes d'une villa de Tibère, et longer à l'intérieur des terres le vallon qui descend de cette hauteur à la mer. On arrive ainsi en 50 min., près d'un groupe de maisons, au chemin qui descend de l'autre côté de ce vallon à 1'Arco Naturale. Le coup d'oeil du dernier tiers du chemin sur les falaises de la côte orientale est encore supérieur à la vue qu'on a de l'Arco Naturale.

Sur le promontoire oriental, appelé lo Capo, s'élevait, dit-on, la villa de Jupiter, où Tibère vécut pendant 9 mois après la chute de Séjan. Le chemin (3/4 d'h. de Capri) n'est pas non plus difficile à trouver. De la place, on passe à g. par la porte au-dessus de laquelle est l'enseigne de l'hôtel de France, on prend par la rue principale de Capri, l'étroit corso di Tiberio, et l'on suit toujours le même chemin pavé, qui monte bientôt un peu, jusqu'à une grande maison neuve à triple veranda (8 min.). Il y a aux angles des écriteaux indiquant à dr. la via Matermaria et à g. la via Tiberio. Nous suivons la seconde direction, entre la maison et la petite église S. Michele, puis continuons à peu près à la même hauteur, en vue de la chapelle et du phare antique de la villa de Tibère, et restons sur le versant de dr. Quelques min. au-dessous de la dernière hauteur, à dr. du chemin, se trouve un restaurant propre (vin de Capri, 1 fr. 25), à l'enseigne du Saut de Tibère (Salto di Tiberio), d'où l'on veut faire croire que le tyran précipitait ses victimes à la mer, d'un rocher haut de 227 m. On peut de la balustrade jeter un coup d'oeil dans le bas. A dr., les restes d'un vieux phare, d'où l'on a une belle vue. On donne 50 c. à 1 fr. aux danseuses de tarantelle qui ont coutume de s'y produire.

En montant ensuite un peu, on arrive aux vastes ruines de la *villa de Tibère, nommée Timberio par les habitants de l'île. On y voit des salles voûtées, dont une partie sert actuellement d'étables, et des corridors, dont les relations et la destination ne sont plus reconnaissables. Au sommet s'élève la chapelle de S. Maria del Soccorso (340 m. d'altit.), avec la demeure d'un ermite, qui vend du vin et qui vous offre d'inscrire, moyennant une petite rétribution, votre témoignage de présence. On y a un magnifique panorama de l'île et de la mer azurée, surtout du cap de la presqu'île de Sorrente dit punta di Campanella et des deux golfes. On y aperçoit aussi, dit-on, Paestum et, au N.-O., les îles Ponza.

En s'en retournant, on prend à 20 min. du Saut de Tibère, immédiatement au delà de l'église S. Michele, la via Matermaria. On passe, dans la direction du télégraphe, entre des jardins et des maisons isolées. Ou rejoint en 10 min., à dr. près de quelques maisons, le chemin de la punta Tragara par le versant du Telegrafo. Encore 8 min. plus loin, à g. dans le vallon, s'élève l'Arco Naturale, magnifique arcade naturelle dans le rocher. On a de là une vue grandiose sur les falaises de l'île. On peut visiter en même temps la grotta di Mitromania, où l'on descend par 130 degrés : retourner 4 min. en arrière sur la route, puis descendre à g. vers les degrés, à travers quelques jardins. Il y avait là un sanctuaire de Mithra, le dieu invincible du soleil chez les Perses, dont le culte, importé d'Orient à Rome, se répandit dans toutes les provinces romaines a la fin de l'empire. On voit dans la grotte des débris de ce temps. - Revenu aux maisons où se rejoignent les deux chemins, on peut s'en retourner par la punta Tragara.

DE CAPRI A ANACAPRI, on met 45 à 50 min. à pied et 20 min. en voiture, par une route en lacets dans les rochers, achevée en 1874 et avant laquelle il n'y avait de communication entre les deux localités que par un escalier comptant plus de 700 marches, nouvellement restauré. Cette route offre des vues magnifiques. Elle est dominée par les ruines d'un château fort du moyen âge, nommé le castel de Barberousse, parce qu'il fut détruit par ce corsaire du XVIe s.

Anacapri. - HôTELS : Paradiso (Nic. Farace), non loin de l'église principale, sur la place, avec jardin et belle vue, modeste, mais bon (ch. 1 fr. à 1.50, 1er dé. 60 c., 2e dé. ou di. 2 fr., v. c.); London (Cost. Russo), nouveau, aussi avec jardin et vue (p. 5 fr). - CAFé, VIN ET BIèRE : Bitter, nouveau, avec terrasse (vue) ; Bottiglieria Massimino (pens.), tous deux à l'entrée de la ville ; Herm Moll, avec terrasse (vue). - Chambres meublées dans beaucoup de maisons. - Médecins, les doct. Cuomo, Green et Axel Munthe.
Anacapri (268 m.), la seconde petite ville de l'île, avec une population d'env. 2200 âmes, se compose de maisons dispersées assez loin sur le versant occidental du plateau de l'île. La première, à quelque distance en deçà, à g. de la route, est la villa Molaro, propriété de l'hôtelier romain de ce nom (ch. meublées). A dr. dans la ville, à côté d'un marchand de vin (H. Moll), l'église S. Michele, qui a un pavé en mosaïque du XVIIe s. - Au S. d'Anacapri est Caprile, une localité pittoresque.
Belle promenade à la *Migliera. On prend la ruelle à l'E. de l'hôt. Paradiso et la suit l'espace de 250 pas, dans la direction du mont Solaro ; puis on longe cette hauteur par un bon chemin qui mène en ½ h. au bord du plateau au S. Il s'élève à pic à env. 300 m. au-dessus de la mer et l'on y voit à dr., dans le bas, un phare ; à g., les masses rocheuses du mont Solaro. En montant encore 200 m. plus haut que ce point de vue, on voit jusqu'aux Faraglioni. Au retour, on a une belle vue sur Caprile et Anacapri, dont les maisons ont un aspect oriental.
Il y a des restes de constructions romaines au N.-O. du plateau d'Anacapri, à Damecuta, où Tibère eut aussi une villa.

L'ASCENSION DU MONT SOLARO est à recommander à ceux qui sont assez bons marcheurs. Elle demande 1 h. d'Anacapri. Le chemin est facile à trouver. On prend, en venant de Capri, à g. au delà de l'enclos de la villa Molaro et on suit une ruelle qui passe devant la villa Massimino et mène 150 pas plus loin à la villa Giulia. Là débouche, à. dr., une autre ruelle qui part du restaur. dit Bottiglieria (250 pas). On tourne à g. et env. 30 pas plus loin on longe l'enclos de la villa Giulia, pour arriver au sentier qui longe le versant de la montagne. On continue par là au S.-E., sur des éboulis et par des degrés en maçonnerie, en ½ h. à une croupe de la montagne où il y a une Vierge (à g.), et enfin l'on a encore 15 à 20 min. de montée raide, à dr., sur des éboulis, pour arriver directement au sommet, ou bien l'on se dirige tout droit en face pendant 5 min., puis à g., en 2 min., vers le mur blanc de l'ermitage (495 m.), qui a une terrasse d'où l'on jouit d'une vue très pittoresque sur Capri et sur toute l'île. Il y a aussi 15 à 20 min. de montée de cet endroit au sommet du *mont Solaro (585 m.), que couronnent les ruines d'un château. Au S., le Solaro tombe à pic dans la mer. La vue y est grandiose ; on découvre Naples et tout son golfe, ainsi que celui de Salerne jusqu'aux ruines de Paestum. Au N., le regard s'étend jusqu'au golfe de Gaète ; à l'0., jusqu'au groupe des îles Ponza. A 1'E., la chaîne des Apennins qui entoure l'immense plaine de la Campanie, à partir de Terracine, les Abruzzes, la cime du Matese. La vue s'étend au S. sur la campagne et la mer jusqu'aux montagnes de la Calabre. A vos pieds se dessinent les contours bien marqués de l'île de Caprée et de la presqu'île de Sorrente. Au clair de lune et au coucher du soleil, les effets de lumière y sont d'une beauté incomparable.

GROTTE D'AZUR. - La visite de la grotte demande 1 h. 3/4 à 2 h. de la Marine de Capri. On n'y entre qu'avec de petits canots, faits au plus pour trois personnes, et on ne le peut même pas par un grand vent du N. ou de l'E. Voici le tarif : trajet du bat. à vap. dans la grotte, 1 fr. 25 par pers. aller et retour ; de la banchina di Capri ou de la Grande Marine à la grotte, 2 fr. 25 pour 1 pers., 3.75 pour 2, 4.25 pour 3, puis 1.50 par pers., aller et retour, y compris la barque pour entrer dans la grotte : nei suddetti prezzi è compreso il noleggio del piccolo battello per l'entrata alla Grotta Azzurra, che perciò andrà a carico dei barcajuoli. Le visiteur a le droit de rester 1/4 d'h. dans la grotte et paie 30 c. par 1/4 d'h. en sus. - En prenant une barque à la Marine, rappeler le tarif au batelier, qui pourrait prétendre faire payer en plus à la grotte 1 fr. 25 par pers. pour la petite barque. Les personnes seules sont d'ordinaire conduites de la Marine à la grotte dans de petites barques, ce qui simplifie les choses. Il faut être bien habile pour s'en tirer sans un fort pourboire.
La grotte d'Azur est à un peu plus de 2 kil. à l'O. de la Marine de Capri, au N. de l'île. On jouit en s'y rendant d'un beau coup d'oeil sur la côte, avec ses rochers énormes. L'eau abonde en acalèphes et en étoiles de nier, qui nagent à la surface. Au bout de 15 min., les bains de Tibère, où l'on voit un pan de mur et un reste de colonne dans l'eau. 30 min. plus loin, la
**Grotte d'Azur (Grotta Azzurra). L'entrée est à peine haute de 1 m.; aussi faut-il quitter la barque pour prendre un des canots qu'on y trouve d'habitude vers midi, et l'on n'y pénètre encore qu'en se couchant dans ce canot. A l'intérieur, la voûte s'élève à 13 m. au-dessus de l'eau, qui a 15 m. de profondeur. La longueur de la grotte est de 54 m., sa plus grande largeur de 32 m. La teinte bleue répandue sur tous les objets est indescriptible. Elle est le mieux éclairée de 11 h. à 1 h., et c'est en été qu'elle est le plus grandiose. Les objets qu'on voit sous l'eau, surtout le corps de l'homme, sont comme argentés. Un garçon vous offre de s'y plonger ; on lui donne au plus 1 fr. ou bien l'on se contente de plonger le bras dans l'eau. A peu près au milieu, à dr., se trouve un endroit où l'on peut débarquer devant un passage qui a des restes d'escalier, mais qui est fermé dans le haut. Il servait peut-être jadis d'entrée à la grotte, qui aurait communiqué avec la villa de Tibère à Damecuta. La grotte d'Azur, oubliée pendant des siècles, a été retrouvée en 1826, et elle est visitée aujourd'hui par une foule d'étrangers.
Un chemin assez commode, près de la grotte, monte à Anacapri.

La grotte d'Azur est la plus célèbre des côtes de Caprée ; mais les autres méritent bien aussi une visite. On fera le *tour de l'île (giro), ce qui demande 3 à 4 h. (barque). On rencontre d'abord à l'E., sur la plage, un endroit charmant que les bateliers appellent Caterla. Près de là est la grotte del Bove Marino, une des plus grandes de l'île. Puis viennent deux blocs de rocher aux formes étranges, nommés il Fucile ou le Fusil et la Ricotta ou le Fromage. Après le cap de Tibère vient la grotte des Stalactites, nommée aussi Grotta Bianca, d'après sa couleur dominante. La plus belle partie du trajet est près des Faraglioni, dont les masses gigantesques sortent du milieu des flots. Le rocher du milieu, ce qu'on ne voit que de la mer, est percé d'une ouverture énorme dans laquelle passe la barque. Après avoir dépassé la punta Tragara et la Petite Marine, on arrive au bout de 25 min. à la grotte Verte (Gr. Verde), au pied du mont Solaro, où l'on ne peut entrer par le vent du S. Sa magnifique couleur d'émeraude en fait la plus belle grotte après la grotte d'Azur. C'est à midi qu'elle est le mieux éclairée. Le reste du parcours est moins intéressant ; on contourne le mont Solaro, longe la côte occident. et passe à un phare et à plusieurs restes de fortifications élevées par les Anglais. Mais la visite de la grotte d'Azur termine fort bien l'excursion. En prévenant de son intention au départ, on trouvera un canot pour y entrer.


Fiches bibliographiques des illustrations