Pompéi - Histoire

Pompéi était une ville de province florissante, dont les habitants ont dû être au nombre de 20 000 à 30 000. Sa population osque primitive fut entièrement latinisée à la fin de la république et la ville reconstruite à la suite du tremblement de terre de l'an 63 ap. J.C., dans le style de l'empire, qui était un mélange d'éléments grecs et italiens. Si Pompéi ne représente, à cause de cela, qu'une époque restreinte de l'antiquité, elle n'en est pas moins la principale et presque l'unique source de nos connaissances sur la vie domestique des anciens. On éprouve un charme incomparable en poursuivant jusque dans ses moindres détails, au milieu des ruines, l'expression visible de cette vie. Toutefois le visiteur a besoin pour en bien jouir d'une certaine préparation. Moins les différents objets lui seront étrangers, plus il aura de plaisir à les examiner. L'enthousiasme que fit naître la découverte de Pompéi dans le monde savant, le prestige encore attaché à ce nom, sont souvent cause que les voyageurs se trouvent quelque peu désillusionnés. Il ne faut pas oublier que c'est une ville brûlée et déserte, et qu'il faut une étude assez approfondie pour y faire revivre le passé L'ensemble fait la meilleure impression par une belle soirée d'été, quand les montagnes environnantes sont éclairées et que le soleil couchant illumine les ruines de ses rayons adoucis. Un charme qui ne s'oublie jamais est alors répandu sur la ville.

La mention la plus ancienne que l'histoire fasse de Pompéi date de l'an 310 av. J.C. ; néanmoins ses monuments, en particulier son mur d'enceinte et le temple grec, lui assignent un âge bien plus reculé. Fondée par les Osques, elle s'appropria de bonne heure, à l'instar des autres villes de ce peuple, les éléments de la civilisation grecque. Située au bord du Sarnia, rivière navigable, non loin de la mer, sur une éminence formée par une ancienne coulée de lave (la mer s'est plus tard éloignée de la ville par les commotions du sol), elle entretenait un commerce très animé avec les villes de l'intérieur de la Campanie, et elle jouissait d'un bien-être constant, quoique modeste. Après les guerres des Samnites, auxquelles elle avait également pris part, cette ville fut soumise aux Romains (290 av. J.C.). Elle se souleva contre eux, en 91 av. J.C., dans la guerre Sociale, avec les autres peuplades italiennes. Sylla battit les rebelles près de là et mit le siège devant la ville, mais sans succès. Toutefois il y établit après la guerre, l'an 80 av. J.C., une colonie de soldats romains, auxquels les habitants durent céder un tiers de leur campagne. Peu à peu Pompéi fut latinisée; sa situation charmante fit que des notables de Rome, Cicéron par ex., y acquirent des maisons de campagne et les empereurs la protégèrent également. Tacite fait mention d'une bataille qui eut lieu à l'amphithéâtre l'an 59 ap. J.C., entre les habitants de Pompéi et ceux de Nucérie, et à la suite de laquelle ces derniers furent exclus des jeux pour 10 ans.

Peu d'années après, le 5 février 63, la ville éprouva un terrible tremblement de terre, qui révéla de nouveau la puissance volcanique du Vésuve, endormie depuis des siècles. Une grande partie de Pompéi, ses temples, ses portiques, ses théâtres, quantité de maisons, furent détruits, et c'est là ce qui explique pourquoi il y avait des constructions inachevées et pourquoi les ruines ont en général un caractère relativement moderne, car on profita de l'occasion pour continuer la transformation de la ville, dont on avait déjà antérieurement commencé la reconstruction, d'après les nouveaux principes introduits par l'empire.

La reconstruction était encore loin d'être achevée, bien que la munificence des particuliers eût produit des résultats merveilleux, lorsque la nouvelle catastrophe arriva, le 24 août 79. Il y eut d'abord une pluie de scories (lapilli, napol. rapilli) ou de morceaux de pierre ponce, qui couvrit le sol d'une couche de 2 m. à 2 m. 50 d'épaisseur ; puis une pluie de cendres mêlées d'eau, qui l'éleva encore de 1 à 2 m. La plupart des habitants parvinrent à s'enfuir ; cependant un grand nombre, restés en arrière par peur, par hésitation ou pour sauver leurs trésors, y trouvèrent la mort, soit, dit-on, env. 2 000. La ville avait alors disparu et resta ensevelie. On entreprit cependant des fouilles dès l'antiquité. Immédiatement après la catastrophe, les survivants retirèrent des cendres tous les objets précieux qu'ils y purent retrouver. Puis les édifices publics, auxquels on avait employé des matériaux de prix, comme le marbre et le travertin, ont été durant des siècles des carrières exploitées par les habitants du pays. La ville est donc aujourd'hui telle qu'elle a été abandonnée par les anciens, comme ne valant plus la peine qu'on y fît de nouvelles fouilles. Au moyen âge, on l'avait oubliée.

L'architecte Fontana établit en 1592 un conduit souterrain pour amener l'eau du Sarno à Torre Annunziata, et cet aqueduc, qui sert encore aujourd'hui, fut fait sur l'emplacement des ruines, sans qu'on s'y livrât à de plus amples recherches. Ce fut seulement en 1748 que des statues et des ustensiles en bronze, trouvés par un paysan, fixèrent l'attention de Charles III. Animé par les découvertes d'Herculanum, le roi fit commencer les fouilles. On découvrit l'amphithéâtre, le théâtre et d'autres parties de la ville, mais on ne travailla sous les Bourbons que pour trouver des statues et des objets de prix, et on laissa les constructions tomber en ruine, ou bien même on combla les fouilles. Le gouvernement de Murat mit fin à ce fâcheux système, et on lui est redevable de la découverte du forum, des murs de la ville, de la voie des Tombeaux et de beaucoup de maisons. Depuis 1860, on a commencé, sous la direction intelligente de M. Fiorelli, à découvrir systématiquement toute la ville, en s'attachant à conserver les ruines avec le plus grand soin. Les objets transportables qu'on y a trouvés, ainsi que les peintures murales importantes, ont toutefois été transférés au musée de Naples. Les fouilles occupent en moyenne 80 ouvriers. M. Fiorelli a calculé en 1873 que, pour déblayer toute la ville, en supposant que les travaux marchent comme maintenant, il faudrait encore y employer 74 ans et dépenser env. 5 millions. Les droits d'entrée fournissent 30 à 4.0000 fr. par an.