Pompéi - Présentation

La ville proprement dite a la forme d'un ovale irrégulier, s'étendant de l'E. à l'0. Ses murs formaient une enceinte de 2 600 m. de circuit, et il y avait 8 portes. La partie découverte ne forme pas encore la moitié de l'ensemble, mais c'est probablement la plus importante. Elle comprend le Forum, avec ses temples et ses édifices publics ; deux théâtres, avec un grand portique ; l'amphithéâtre et un nombre considérable de maisons plus ou moins élégantes. - La ville est aujourd'hui divisée officiellement en neuf régions, limitées par quatre rues principales, allant d'une porte à l'autre : le Cardo ou la principale et une rue non encore déblayée, du N. au S. ; le Decumanus Major et le Decumanus Minor, les transversales, de l'0. à l'E. Ces régions sont désignées par des chiffres romains et chacune d'elles est partagée en îlots (insula), numérotés en chiffres arabes, qui sont marqués aux coins des rues avec celui de la région.

En outre chaque maison porte à l'entrée un numéro spécial. Ainsi l'on désigne par «VI, Ins. 8, n° 5» la maison n° 5 du 8e îlot de la VIe région. Les divisions en via prima, via secunda, via tertia, etc., se répètent à chaque région. Les anciens noms de rues italiens, il est vrai assez arbitraires, sont toutefois plus faciles à retenir, et on les a conservés sur le plan ci-joint et dans la description qui suit, de même que les anciens noms des maisons, maintenant en partie désignées par des incriptions empruntées aux sceaux qu'on y a trouvés.

Les rues sont parfaitement pavées, de grands blocs de lave polygones, et bordées de trottoirs. Elles sont droites et étroites, leur largeur dépassant rarement 8 m., y compris les trottoirs, et plusieurs n'ayant que 4 m. de largeur. De distance en distance, surtout aux angles, il y a de grosses pierres en travers de la rue, formant une sorte de trottoir d'un côté à l'autre. Les voitures ont tracé dans le pavé de profondes ornières, qui n'ont que 1 m. 35 de voie. Il y a aux coins des rues des fontaines publiques ornées d'une tête de divinité, d'un masque, etc. On voit souvent aux maisons des annonces peintes en lettres rouges, la plupart relatives aux élections des fonctionnaires municipaux, recommandant, par exemple, quelqu'un comme édile ou comme duumvir. Les enseignes, dans l'acception moderne du mot, sont très rares. Mais on rencontre de temps en temps un phallus, destiné à conjurer le mauvais oeil, et très souvent un ou deux grands serpents, symboles des lares vénérés près du foyer ou aux carrefours. Les griffonnages sur les murs étaient alors en usage comme de nos jours.

Caricature gravée sur un mur, in Lagrèze (1888) p.157

Les maisons sont légèrement bâties, la plupart en blocage (opus incertum), fait de petites pierres maçonnées à bain de mortier; en briques, en pierres en forme de brique et en pierre de taille, dans les façades, aux piliers d'angle et aux portes. Mais toutes les constructions portent le cachet de la précipitation et du défaut d'ensemble dans les différentes parties, ce qui s'explique par le fait qu'on a souvent utilisé de vieux murs. Les maisons avaient généralement un second et quelquefois même un troisième étage, comme le prouvent les nombreux escaliers qu'on y rencontre. Ces étages sont détruits, par la raison qu'ils dépassaient au-dessus des décombres ; on n'a pu en conserver qu'un seul en entier.

Les rues qui étaient le plus fréquentées se reconnaissent aux boutiques (tabernae), que les maisons avaient sur la façade. Ces boutiques étaient louées comme aujourd'hui les rez-de-chaussée dans nos grandes villes. Elles ne communiquent pas ordinairement avec les maisons situées derrière. Sur la rue, elles se fermaient avec de grandes portes en bois. On y trouve des comptoirs revêtus de marbre, avec de grands vases de terre, là où se vendaient des liquides, de l'huile, du vin, etc. Il y a souvent derrière la boutique ou au-dessus une seconde pièce, qu'habitait le marchand ou qui servait à recevoir les hôtes. Le grand nombre de ces boutiques est une preuve évidente de l'importance du petit commerce à Pompéi. Là où il n'y en a pas, les rues sont très uniformes. Les maisons antiques différaient surtout des nôtres en ce qu'elles n'avaient pas de vitres. La vie se concentrait à l'intérieur, et l'on ne voyait au dehors qu'une façade nue, où étaient pratiquées aussi peu d'ouvertures que possible, toujours petites et grillées. Cette manière de construire, qui se retrouve seulement en Orient, se remarque surtout dans les rues récemment découvertes et les mieux conservées, entre le Forum et la rue de Stabies, ainsi qu'à l'E. de cette dernière.

Les habitations de Pompéi diffèrent beaucoup entre elles de grandeur et varient dans leur ordonnance, selon le terrain, les goûts du propriétaire, etc. La maison ordinaire avait d'abord une entrée (ostium) qui conduisait dans une première cour (atrium). Cette cour était entourée d'une galerie couverte, et au milieu se trouvait un bassin, l'impluvium, destiné à recevoir l'eau de pluie ; car le toit allait en s'abaissant de ce côté, où il y avait une ouverture (compluvium), par laquelle la cour et, indirectement, les pièces environnantes recevaient le jour et l'air. A dr. et à g. et souvent aussi du côté de l'entrée se trouvaient des chambres (cubicula). Les espaces ouverts à la suite, de chaque côté, s'appelaient «ailes» (alae), et c'est là qu'étaient, dans les grandes maisons, les images des ancêtres. Au fond de l'atrium était enfin une grande salle ouverte, le tablinum. C'est surtout dans cette partie antérieure de la maison que se concentrait la vie publique ; c'est là que le patron recevait ses clients, qu'il faisait ses affaires, etc. La seconde partie était exclusivement réservée à la vie privée. Il y avait également une cour entourée de colonnes et appelée peristylium, et quelquefois plus loin encore un jardin entouré de colonnes, le xystos. Autour du péristyle se groupaient les chambres à coucher, les salles à manger, les logements, etc. La cuisine et la cave ne sont pas toujours au mêmes endroits. Le premier étage servait aux esclaves. En général, les pièces étaient très étroites ; on vivait et l'on travaillait dans les cours, qui étaient bien aérées et bien éclairées.

Ce qu'il y a ici de charmant, c'est la décoration des murs. Le marbre n'y a été employé que par exception, même dans les constructions publiques. Les colonnes même sont généralement en tuf ou en maçonnerie. Une couche de stuc remplaçait le marbre, et ce revêtement offrait un vaste champ à la peinture. Les couleurs sont en harmonie avec le soleil du midi ; elles sont brillantes, et le rouge et le jaune y prédominent. Le milieu d'un mur, un mur entier est souvent occupé par un sujet à part. Les colonnes sont généralement peintes dans le bas en rouge ou en jaune et les chapiteaux ont de jolis décors. Il n'est guère possible de se figurer une ville où il y ait plus de peintures qu'à Pompéi. Les plus importants de ces ouvrages ont été transférés au musée de Naples, nais on en trouve encore sur place bien des morceaux curieux. Ils ont en général un caractère efféminé et érotique, tel qu'il convenait au goût du temps.


Fiches bibliographiques des illustrations