Préface
De magnifiques ouvrages ont fait connaître au monde
savant les restes si précieux de Pompéi, mais
à cause de leur magnificence même ils ne peuvent
trouver place que dans un petit nombre de
bibliothèques privilégiées ; d'ailleurs
le format de la plupart d'entre eux ne leur permettra jamais
de devenir le vade mecum des voyageurs. Nous n'avons
nullement la prétention de faire mieux que des
devanciers tels que Mazois, Millin, Raoul-Rochette, W. Gell,
Gandy, Donaldson, Mommsen, Wordsworth, Quaranta, Avellino,
Arditi, Carlo Bonnucci, Jorio, Minervini, Garrucci et les
académiciens d'Herculanum, des savants, des artistes
tels que Fiorelli, de Petra, Fausto et Felice Niccolini,
Dyer, Overbeck et tant d'autres ; seulement, mettant à
profit leurs recherches, nous pourrons les compléter
par les observations que nous avons faites, les mesures que
nous avons prises nous-même pendant plusieurs longs
séjours à Pompéi et surtout par la
description, le dessin et les plans des monuments nombreux
exhumés depuis l'apparition de la plupart de leurs
savants ouvrages. Un récent voyage à Naples et
la publication faite en 1860 par le commandeur Fiorelli du
Journal officiel des fouilles depuis 1748 nous permettront
même de compléter aussi et parfois de corriger
les premières éditions de notre livre et enfin
d'y faire figurer les résultats des dernières
fouilles (1).
Notre but principal est de populariser la connaissance de
ces ruines célèbres en présentant, dans
un seul volume d'un format portatif et d'un prix peu
élevé, le résumé des grands
travaux qu'elles ont fait naître ; de servir de guide
au voyageur lorsqu'il parcourra le Forum, le temple d'Isis ou
la voie des Tombeaux ; de lui permettre d'en emporter avec
lui un souvenir fidèle et durable ; enfin de donner
à celui auquel un tel bonheur est refusé une
idée exacte de ce tableau palpitant de la vie publique
et privée des Romains. Nous adressant principalement
aux gens du monde, nous ne leur supposerons jamais les
connaissances spéciales qui sont l'apanage des
antiquaires ; aussi saisirons-nous toutes les occasions
d'expliquer les moeurs, les usages, les coutumes dont les
monuments de Pompéi nous offriront à chaque pas
l'exemple et l'aplication.
Heureux si nos descriptions peuvent faire éprouver
à nos lecteurs quelque faible partie de l'enthousiasme
qu nous saisit en présence de ces
vénérables restes des temps passés, de
ce plan en relief de la civilisation d'un peuple qui pendant
plus de dix siècles fut l'arbitre des destinées
du monde !
(1) Nous saisissons avec empressement cette occasion de payer un juste tribut de reconnaissance aux savants napolitains dont l'excessive obligeance a puissamment facilité nos travaux. Nous devons citer en première ligne de feu M. le prince de San Giorgio-Spinelli, ancien surintendant général des fouilles du royaume de Naples, son illustre successeur, M. le commandeur Giuseppe Fiorelli, M. le chevalier Raffaelle Campanelli, architecte de Pompéi, et après eux le soprastante Andrea Frari et ses collègues, enfin les jeunes élèves de l'école d'archéologie récemment établie à Pompéi, MM. Eduardo Brizio et Salvatore Dino. Nous nous reprocherions même de ne pas donner ici une marque de bon souvenir aux nombreux gardiens de Pompéi, qui tous ont rivalisé pour nous d'empressement et de zèle, et qui par leur intelligence et leur excellente tenue font le plus grand honneur à la nouvelle organisation introduite à Pompéi par M. le commandeur Fiorelli.