Le grand lupanar |
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Voici la première fois que cette maison, découverte en 1845 devant les savants du VIIe congrès italien, reçoit cette dénomination infamante ; je crois cependant qu'elle peut lui être justement appliquée. Sans parler de son voisinage du Vico storto, que tout annonce avoir été, au moins en partie, consacré à la débauche, les nombreuses inscriptions gravées à la pointe sur toutes ses murailles me paraissent ne laisser aucun doute. Qui eût osé en tracer de semblables sur les parois d'une habitation respectable ? Il suffira de citer quelques exemples des plus décentes parmi celles qui nous ont été conservées par ceux qui ont pu les déchiffrer lors de leur découverte, car aujourd'hui presque toutes ces inscriptions sont illisibles. Nous avions encore pu en 1854 distinguer sur le pilier qui sépare deux chambres à gauche de l'atrium les premiers mots de celle-ci :
CANDIDA ME DOCVIT NIGRAS ODISSE PVELLAS.
Au-dessous était écrite cette réponse maligne :
ODERIS SED ITERAS ... NON INVITVS AMABO
qui paraît devoir être lue :
Oderis sed iteras : ego non invitus amabo.
SCRIPSIT VENVS PHYSICA POMPEIANA.
NOLANIS FELICITER
STABIANAS PVELLAS.
Dans l'atrium toscan de cette maison est un compluvium de marbre blanc en tête duquel est une petite niche en marbre et en mosaïque grossière d'où l'eau tombait dans le bassin par un tuyau de bronze qui existe encore ; derrière est une table de marbre blanc portée par quatre pieds de brocatelle terminés par des griffes.
Le péristyle n'est entouré que d'un côté et demi par des portiques soutenus par quatre colonnes ioniques réunies à leur base par un pluteus qu'interrompent un puits et son auge. Au fond se trouve une charmante fontaine de mosaïque et de coquillages d'une parfaite conservation ; elle a la forme d'une niche contenant un petit piédestal qui soutenait une figure jetant de l'eau. Cette fontaine est reportée à droite hors de l'axe de l'atrium.
Sous le portique à gauche est un petit laraire, niche carrée au fond de laquelle est peint un serpent dévorant une offrande.
Plusieurs peintures de cette maison sont aujourd'hui détruites ; quelques autres ont été portées au musée ; elles représentent Ariane abandonnée, Dédale et Pasiphaé, et une composition dans laquelle on croit reconnaître l'Apothéose d'Homère.