Les maisons de Championnet

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Atrium de la maison de Championnet


Découvertes en 1799, sous la direction de l'abbé Zarilli, dans une fouille partielle ordonnée par le général français Championnet, ces deux maisons contiguës reçurent son nom qu'elles ont conservé, mais que souvent on applique plus spécialement à la seconde.

La première, marquée A sur le plan particulier, offre à gauche de l'entrée une boutique dont la porte est condamnée. Franchissant le prothyrum 2, pavé en mosaïque à damier, on se trouve dans un atrium toscan 3 ayant au centre le compluvium 4. Aux côtés du prothyrum sont deux petites chambres 5 et 6, pavées en mosaïque et destinées aux hôtes. Trois autres pièces existent à la gauche de l'atrium ; la première 7, sans ornement, fut la loge du portier, cella ostiarii.

La seconde 8 est une ala contenant cette espèce de baignoire que nous avons déjà observée dans plusieurs habitations de Pompéi ; la troisième 9 fut une chambre à coucher. Dans la petite loge 10 se tenait l'esclave préposé à l'atrium, 1'atriensis. Viennent ensuite le tablinum 11 pavé en mosaïque, et le corridor, fauces, 12, communiquant tous deux avec le péristyle.

Le quatrième côté de l'atrium n'avait point de chambres. Le péristyle 13 était soutenu par quatorze colonnes ; en y entrant, on trouve à gauche un cabinet 14, un escalier conduisant à l'étage supérieur, puis deux grandes chambres à coucher 15 et 16, séparées par un cabinet adjoint à la première ; enfin, au fond du péristyle est un oecus ou salon 18, ouvrant sur une terrasse 20, et flanqué de deux pièces 17 et 19, dont l'une dut être un cabinet d'étude et l'autre une bibliothèque. Cette dernière partie est presque entièrement détruite.

La seconde maison B est plus richement décorée, et, quoique n'étant pas très vaste, paraît avoir appartenu à un citoyen aisé. Le prothyrum a donne entrée dans un atrium b de l'espèce de ceux appelés tétrastyles, c'est-à-dire soutenus par quatre colonnes. Ces colonnes, construites en briques recouvertes de stuc, sont d'ordre corinthien et cependant sans base, et posant directement sur l'encadrement en mosaïque qui règne sans interruption autour du compluvium. Cette circonstance singulière d'un ordre corinthien sans base s'expliqua par l'examen attentif des chapiteaux qui n'existent plus, mais que Mazois vit encore en place. Il reconnut que l'ordre était primitivement dorique, et que plus tard le propriétaire, préférant la richesse à la pureté, les avait fait recouvrir d'un chapiteau corinthien en stuc. Ces métamorphoses ne sont pas rares à Pompéi, et nous en avons déjà signalé plus d'un exemple. C'est à la même époque que furent remplies les cannelures qui reparaissent sous le stuc du tiers inférieur des colonnes. Au milieu de l'atrium est le compluvium e, à la tête duquel est un puteal.

Aux côtés de la porte sont deux petites chambres e f dont la première, pavée en mosaïque, fut destinée à un hôte, et l'autre, plus simple, à un esclave. A gauche de l'atrium une grande pièce g, également pavée en mosaïque, paraît avoir été un triclinium communiquant avec une exèdre h. Vient ensuite une ala i au fond de laquelle se trouvent deux petites pièces k 1 dont les murailles présentent encore les traces des tablettes qui les garnissaient. Ces cabinets durent servir à serrer, l'un, des vases d'un usage domestique, l'autre, des vases et ustensiles sacrés, et peut-être les Lares eux-mêmes.

Un corridor m communique à la fois avec un long passage n débouchant sur la rue de la Basilique et avec un escalier qui descendait à la cuisine et aux salles souterraines, et montait à l'étage supérieur. Le tablinum o et le corridor ou fauces p occupent leur place ordinaire entre l'atrium et le péristyle r ; celui-ci est carré au lieu d'être oblong, et formé de 12 colonnes doriques ; il repose sur un crypto-portique ; de même que son aire, il est porté par la voûte des quatre pièces souterraines. On appelait les jardins de cette espèce horti pensiles.

A la gauche du tablinum et ouvrant sur le péristyle est une belle chambre à coucher s placée également au-dessus d'une pièce souterraine ; ses panneaux peints en bleu de ciel et enrichis d'élégantes arabesques présentaient dans des médaillons un Faune et une Nymphe et des génies ailés groupés avec divers animaux ; ces peintures sont presque entièrement effacées.

Au fond du péristyle était un oecus t, deux passages u montant par quelques degrés à une terrasse r qui donnait sur le port et la mer, un laraire x et une petite pièce z adossée à celui-ci et qui dut être un cabinet de repos. De ces diverses constructions il ne reste presque plus de traces, les voûtes des salles souterraines sur lesquelles elles reposaient s'étant écroulées en grande partie.

Revenant à l'atrium et redescendant par l'escalier ouvert sur le corridor m, nous trouvons à mi-étage, sous la chambre s, une petite pièce élégamment ornée de stuc qui dut servir de refuge aux maîtres de la maison pendant les chaleurs de l'été ; elle ne reçoit de lumière que par un soupirail au-dessous duquel est une petite fenêtre ouverte sur le cryptoportique.

Continuant à descendre l'escalier, on se trouve dans la partie souterraine de l'habitation qui est éclairée par des espèces de cheminées ouvertes dans l'area du péristyle. Ces salles ne furent entièrement déblayées qu'en 1827, mais il paraît que leur existence était connue depuis longtemps et qu'elles avaient servi de retraite à des brigands, car on y trouva un stylet moderne. Le crypto-portique, qui s'étend sous le portique du péristyle, entoure les quatre pièces voûtées situées sous l'area, pièces dénuées de tout ornement, et dont l'une, qui servit de cuisine, conserve encore son fourneau. Plusieurs petits caveaux ouvrent aussi sur le crypte-portique, qui sans doute communiqua également avec l'appartement d'été situé sous la terrasse et sous l'oecus. Des salles qui le composaient, une seule est visible ; elle a 8m 80 sur 4m 90 ; son pavé est composé de charmants dessins en mosaïque blanche et noire ; sur les panneaux noirs de la muraille étaient peints des masques et des animaux fantastiques et au-dessus régnait une élégante corniche de stuc où prenait naissance une voûte peinte, presque entièrement détruite.

On a trouvé dans cette habitation plusieurs squelettes de femmes portant des bagues, des bracelets et des colliers d'or qui furent envoyés au musée de Paris.