La maison de Caius Vibius

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Elle doit son nom à un cachet de bronze trouvé dans le tablinum et portant ces mots C. VIBI. C. et à une inscription en grandes lettres rouges qui se lit sur la muraille de son péristyle :

C. VIVI
ITALI
EBVNIS
CARYS S. ATI
ATVA.

Cette habitation, découverte en 1867 et 18682 et bâtie en grande partie en briques, était évidemment en reconstruction au moment de la catastrophe et la plupart de ses murailles attendaient encore leur revêtement.

L'atrium toscan pavé de mosaïque blanche et noire n'a qu'un compluvium de maçonnerie grossière et sans moulures ; il devait recevoir une bordure de marbre et avoir en tête une belle table dont les pieds, formés de griffons adossés ayant sous leurs ailes, entre autres ornements, une chouette perchée sur une branche d'olivier, sont appuyés contre la muraille gauche du portique. Une circonstance nous confirme dans la pensée que, bien qu'un laps de temps de seize années se fût écoulé entre les deux événements, la maison avait été ruinée par le tremblement de terre de l'an 63 et que telle était la cause de sa restauration ; c'est que l'un de ces pieds de table était fendu et avait été raccommodé au moyen d'une attache de plomb encore visible.

Les pièces à droite de l'atrium sont restées nues et sans ornements. La première, attenante au prothyrum et qui dut être la loge du portier, était éclairée par une petite fenêtre ouverte sur la rue en haut de la muraille et en face de l'entrée. Une porte basse au fond de la pièce donne accès à un réduit, une sorte de bûcher ménagé sous le rampant d'un escalier extérieur qui servait aux locataires, aux inquilini du premier étage.

Dans la seconde pièce, où l'on trouva un grand dolium de terre cuite, est l'entrée d'un escalier qui suivant toute la muraille de la troisième chambre, venait déboucher au-dessus de l'ala ; un coffre-fort fut trouvé dans cette dernière chambre.

La première pièce à gauche du prothyrum a ses murailles sans ornements, mais bien conservées, et on y distingue les trous des poutres qui portaient le plancher du premier étage. Dans la seconde chambre qui a reçu sa décoration, on reconnaît seulement parmi les arabesques un petit cartel où l'on voit un griffon blanc se jetant sur une biche. Dans le pavé, dit M. L. Brizio , existent encore les traces oxydées d'un lit bas sur lequel donnait peut-être la jeune Tertulla, dont le nom gravé à la pointe sur divers endroits de la façade est une fois accompagné d'un voeu pour son repos : «Tertulla, quiesce». Dans la troisième chambre sont, au milieu de panneaux jaunes, deux paysages d'une exécution médiocre. Dans celui de droite on voit un hermès de Priape, une mince colonne à laquelle est suspendu un bouclier de bronze, et près de là un troupeau de chèvres paissant ; le principal motif de la seconde composition est un sacrifice. Au-dessous de la corniche de stuc sont peintes sur fond blanc des architectures fantastiques, des arabesques avec figures, des vases, des hippogriffes, des guirlandes, etc.

Les murailles des alae, grossièrement recrépies, n'avaient pas encore reçu leur revêtement de stuc.

Le tablinum, pavé en mosaïque blanche encadrée d'une grecque noire, ouvre de toute sa largeur sur le péristyle ; sa paroi de gauche complètement disparue dut être une simple cloison de bois le séparant du corridor ou fauces dont l'existence est constatée par la différence de son pavé. Il est situé entre deux pièces également sans ornements. Celle de gauche avait sa principale entrée sur le péristyle et sa destination ne nous paraît pas bien déterminée ; quant à celle de droite plus vaste, et dans laquelle on entrait du tablinum par une porte et du péristyle par une large baie qui paraît n'avoir jamais été fermée autrement que par des rideaux, elle servait évidemment de triclinium et elle méritait bien ce nom.

On y trouva en effet, le 11 janvier 1868, trois grands et magnifiques lits de table, lecti tricliniares, et on voit encore dans le sol l'indication de la place où posaient leurs pieds. Elevés de 0m 44, longs de 2m 30 et larges de 1m 20, ils étaient en bois de noyer et bronze, avec ornements incrustés d'argent et de cuivre. Aux dossiers sont deux Amours tenant des grappes de raisin qu'ils offrent à des lapins. Les bois étaient consumés en grande partie, mais on a pu les restituer d'après l'empreinte qu'ils avaient laissée sur la cendre, et l'un de ces lits est maintenant au nombre des plus grandes curiosités exposées au musée de Naples. Auprès des lits étaient des morceaux de pain, deux grands candélabres, une lampe, un seau, une belle lanterne surmontée d'une figurine de Pan, deux strigiles, des vases et des coupes de bronze, enfin un bracelet de bronze en forme de serpent ayant de petites émeraudes dans les yeux ; en un mot il semblait que les habitants ne fissent que de quitter la table pour fuir la mort qui les menaçait.

Le portique du péristyle est soutenu par quatre piliers avec demi-colonnes adossées et douze colonnes de briques non encore couvertes de stuc. Deux des piliers formaient un entre-colonnement plus large devant le tablinum et les deux autres devant l'exèdre.

Au pied du premier pilier à gauche est une embouchure de citerne dont le couvercle de lave conserve sou anneau de fer très oxydé ; une seconde ouverture du même genre placée dans l'area est en pierre et fermée par un disque de marbre blanc ; celle-ci appartient, non à une citerne, mais à un puits où l'eau se trouve encore à la profondeur de 25m, répondant justement à la hauteur de Pompéi au-dessus du niveau de la mer. Au fond de cette area est une grande piscine oblongue présentant son grand côté élargi au milieu par une saillie semi-circulaire. Auprès de ce bassin sont déposées plusieurs jarres de terre.

Une troisième embouchure de citerne se trouve entre les colonnes à droite de la piscine.

Du même côté est dans la muraille une niche surmontée d'un fronton , un laraire, dans lequel on distingue un reste de peinture jaune. Auprès existent une espèce de resserre qui servit probablement de sacrarium et l'entrée d'un corridor conduisant à la cuisine qu'accompagnent les inévitables latrines. La cuisine avait un grand fourneau et une large baie d'où un escalier de bois descendait à une boutique située en contre-bas et ouvrant, sur la rue des Augustales. De cette circonstance, M. C. Brizio nous paraît conclure avec vraisemblance que C. Vibius était un négociant qui faisait vendre par un esclave ses marchandises dans cette boutique.

Dans le même angle S.-O. du péristyle d'où part le corridor de la cuisine, on a rétabli une partie du toit en appentis qui couvrait le portique.

Au fond du péristyle est une vaste salle de forme légèrement trapézoïdale sans aucune décoration ; ce devait être l'oecus ou exèdre. A sa gauche, sous le portique, est une resserre où l'on voit encore les traces des tablettes dont elle était garnie, et une des crapaudines de bronze de la porte à deux battants qui la fermait.

Le côté gauche du péristyle présente quatre petites pièces de profondeur inégale afin de corriger l'irrégularité du terrain et de conserver aux portiques le plan rectangulaire. La première pièce est un cabinet à deux portes large et très peu profond, et la seconde un cabinet un peu plus profond qui fut garni de tablettes. C'est sur le trumeau qui sépare sa porte de la suivante qu'est peinte l'inscription de C. Vibius. Après le cabinet auquel cette porte donne accès, on trouve enfin la quatrième pièce, la plus profonde de toutes, conservant également l'indication des tasseaux qui portaient ses tablettes.