La maison de Marcus Gavius Rufus

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Péristyle

Cette habitation a été découverte en 1867 et 1868 ; les noms de son propriétaire ont été connus par deux des inscriptions à la pointe, des sgraffiti qui sont tracés sur fond rouge aux côtés de sa porte ; à gauche on lit :

M. GAVI. DOMVS.
Maison de Marcus Gavius.

et à droite :

RVFII VA (le)
Adieu, Rufus.

Les noms qui figurent dans ces inscriptions ont pu être réunis à l'aide de deux autres qui avaient déjà été trouvées, la première le 3 avril 1756 et que le journal des fouilles nous a conservée` :

GAVIVM RVFVM ET TRIBIVM AED.
AIl M. AED. SITTI.

La seconde le 9 juin 1855 sur un mur de la rue des Holconius ; celle-ci commence par ces mots :

M. GAVIVM RVFVM
II. VIR OVF.

Nous trouverons sur une maison de la Via della Casina dell'Aquila une troisième inscription en l'honneur du même personnage.

Le prothyrum n'a aucun ornement ; à sa gauche est une porte conduisant dans deux pièces dont le sol n'est pas pavé et dont les murailles brutes et non recrépies présentent les trous de pièces de bois qui purent porter des mangeoires ; il nous semble hors de doute qu'elles durent servir d'écurie. Les deux pièces sont séparées par un mur sous lequel est un puits ; une arcade semi-circulaire permettait d'y puiser du rez-de-chaussée et on pouvait aussi tirer l'eau du premier étage par un conduit surmontant l'arcade et ménagé, comme une cheminée, dans l'épaisseur de la muraille.

L'atrium toscan a un pavé composé de morceaux de pierre et de marbre noyés dans le ciment et encadré d'une bordure de mosaïque noire. Dans la partie découverte est un beau compluvium de marbre blanc qui se présente en largeur et qui, sans aucun motif apparent, n'est pas placé dans l'axe du prothyrum ; au milieu est un trou garni de bronze par lequel jaillissait un jet d'eau. L'écoulement se faisait par une petite ouverture semi-circulaire percée dans une des bordures de marbre et l'eau arrivait, ainsi dans une citerne dont l'embouchure est très étroite.

En tête du compluvium est un piédestal en briques qui portait le joli groupe de marbre que nous avons vu dans le temple de Mercure, le Faune à demi agenouillé accompagné de son chien. Un tuyau qui sort, par le haut du piédestal traversait le corps du chien dont la gueule lançait l'eau dans une petite vasque d'où elle tombait dans le bassin.

Les murs de l'atrium sont simplement recrépis et n'avaient point encore leur décoration ; au pied de celui de gauche est visible le tuyau de plomb qui amenait l'eau aux fontaines de l'atrium et du péristyle. L'atrium n'a point de chambres et ses murs présentent seulement au fond une porte de chaque côté. Celle de droite donne accès à une grande pièce qui ouvre sur le péristyle et qui par sa forme et les guirlandes de pampres qui la décorent semble avoir été un triclinium. La porte de gauche appartient à une pièce presque aussi vaste qui dut tenir lieu du tablinum qui n'existe pas à sa place ordinaire. Sa riche ornementation n'avait jamais été terminée, et en outre elle est aujourd'hui dans un triste état. Les murailles présentent des panneaux jaunes et rouges partagés par des architectures fantastiques surmontées d'hippocampes couleur de bronze. Des trois sujets qui devaient décorer les milieux de ces murailles, deux n'ont jamais été exécutés et l'enduit est resté vierge ; le troisième nous offre un motif bien connu, la fable de Danaé, nais sa composition toute nouvelle a prêté à plus d'une conjecture. On y voit Danaé se dévoilant et tendant son vêtement comme pour réunir près d'elle une pluie d'or que lui verse un Amour qui, comme bien souvent, a échangé son carquois contre une corne d'abondance ; elle est debout devant un personnage assis, tenant un sceptre, et qu'au premier abord on prendrait pour Jupiter ; c'est aussi la pensée qui vint à l'esprit de Heydemann ; mais le roi des dieux serait donc au même instant lui-même et la pluie d'or en laquelle il se métamorphosa ; ce n'est guère supposable ; d'un autre côté, sa pose grave, ses longs vêtements, son sceptre et surtout son air sévère ne conviendraient guère à la circonstance ; aussi croyons-nous que c'est avec raison que M. Ed. Brizio a vu dans cette scène l'accomplissement en présence même d'Acrisius du destin de sa fille auquel il avait en vain tenté de s'opposer.

Dans cette salle furent trouvés le 12 mars 1868, en présence de l'amiral américain Ferragut, sept squelettes dont six ensevelis dans le lapillo n'y avaient laissé aucune empreinte ; il n'en est pas de même du dernier qui avait été saisi par la cendre et que le commandeur Fiorelli a pu faire mouler à l'exception de la jambe gauche. C'est ce moulage que nous avons vu dans une des salles de l'école d'archéologie et dont nous avons donné le dessin.

De l'atrium on passe directement dans un péristyle carré entouré de douze colonnes polygonales blanches où l'on reconnaît la trace des anneaux des rideaux, et au pied desquelles règne un canal où l'eau descendait des toits par des tuyaux de terre cuite incorporés dans deux d'entre elles ; on y trouve plusieurs embouchures de citerne et au fond un bassin de marbre et une fontaine.

La muraille de droite du péristyle n'a pas de porte ; elle offre seulement, au commencement, un renfoncement de 1m 05 sur 4m 20 de largeur, dans lequel est une sorte de grande auge de maçonnerie divisée en deux compartiments. Est-ce une caisse à fleurs, un vivier pour des poissons, une double baignoire ? C'est ce que nous n'oserions décider.

A la suite est un autre renfoncement carré, un peu moins profond et assez bien orné à l'intérieur, quoiqu'il paraisse n'avoir été qu'une sorte d'armoire où l'on trouva beaucoup d'élégants meubles de bronze et des statuettes de même métal, un dieu Lare, une Pallas, un Apollon, une Fortune, etc. A droite, devant l'armoire, gisait sur le sol du péristyle un très riche tabouret oblong de bronze, un Suppellaneum ou Scamnum orné sur un de ses grands côtés d'Hermès itiphalliques et qui probablement devait être appliqué de l'autre contre un lit.

La muraille de gauche est percée de nombreuses portes. La première ouvre sur un cabinet où furent trouvés de nombreux instruments de chirurgie, la seconde sur une petite chambre sans ornements, la troisième sur un cabinet profond et étroit servant de procaeton à une chambre qui a également pour entrée la quatrième porte. Des peintures qui décoraient cette chambre, il ne reste qu'une composition médiocre représentant Narcisse se mirant dans la fontaine ; sur la muraille du fond, M. S. Dino croit reconnaître à quelques légers vestiges Vulcain présentant à Thétis les armes d'Achille.

Dans la cinquième pièce on voit au milieu de panneaux noirs des peintures fort endommagées, deux figures de femme isolées et deux sujets. L'un de ceux-ci nous offre une femme éplorée tombant en fuyant devant un jeune homme vêtu, ce qui ne permet pas de le prendre pour Apollon, et dont la tête et les bras sont effacés ; deux petits Amours soulèvent le vêtement de la fugitive et derrière celui qui la poursuit, aperçoit dans le lointain, sur un rocher, un hermès de Priape, divinité des chemins. M. E. Brizio reconnaît dans cette composition la fable rapportée par Callimaque de la nymphe de Diane Britomarte, fille de Jupiter et de Carmè, qui, poursuivie par Minos, roi de Crète, finit par se précipiter dans la mer d'où elle fut retirée vivante dans les filets d'un pêcheur. Dans l'autre tableau, on voit une femme agenouillée implorant deux personnages assis, un homme et une femme ; nous sommes forcés d'avouer que nous ignorons la scène que l'artiste a voulu représenter.

La sixième pièce est une sorte d'ala dont les murailles inachevées étaient encore brutes et sans peintures ; le pavé est en mosaïque blanche. Des peintures de la septième pièce, il ne reste qu'un masque tragique ; enfin la huitième porte conduit à une chambre d'esclave et à la cuisine, près de laquelle est une grande salle éclairée sur le viridarium et contenant des latrines.

L'oecus situé au fond du péristyle n'est pas très grand, mais il était richement décoré. Sa corniche est ornée de petits Amours en bas-reliefs ; le pavé est en mosaïque blanche semée de petits cubes noirs. Sur les murailles étaient trois peintures qui ont été portées au musée : à droite, les Centaures baisant la main de Pirithoüs, au fond Thésée vainqueur du Minotaure, et à gauche Bacchus dans l'assemblée des dieux. On y voit encore des architectures avec figures, deux paysages dont un bien conservé rappelant les compositions fantastiques des Chinois, quelques masques, des sacrifices, une Bacchante, des Amours chassant un sanglier, enfin, au fond, deux groupes de vases accompagnés l'un d'une oie vivante, l'autre d'une têe de boeuf et d'une hache.

Aux côtés de l'oecus sont plusieurs pièces sans ornements, évidemment inachevées, bien que toutes aient déjà leur pavé plus ou moins élégant. Dans un viridarium situé à gauche et dont les murailles peintes en bleu étaient ornées de festons blancs, on trouva un grand nombre d'amphores portant des inscriptions.