La maison de Marcus Gavius Rufus |
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Plan | Visite |
Péristyle |
Cette habitation a été découverte en 1867 et 1868 ; les noms de son propriétaire ont été connus par deux des inscriptions à la pointe, des sgraffiti qui sont tracés sur fond rouge aux côtés de sa porte ; à gauche on lit : M. GAVI. DOMVS.
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GAVIVM RVFVM ET TRIBIVM AED.
AIl M. AED. SITTI.
La seconde le 9 juin 1855 sur un mur de la rue des Holconius ; celle-ci commence par ces mots :
M. GAVIVM RVFVM
II. VIR OVF.
Nous trouverons sur une maison de la Via della Casina
dell'Aquila une troisième inscription en l'honneur
du même personnage.
Le prothyrum n'a aucun ornement ; à sa gauche
est une porte conduisant dans deux pièces dont le sol
n'est pas pavé et dont les murailles brutes et non
recrépies présentent les trous de pièces
de bois qui purent porter des mangeoires ; il nous semble
hors de doute qu'elles durent servir d'écurie. Les
deux pièces sont séparées par un mur
sous lequel est un puits ; une arcade semi-circulaire
permettait d'y puiser du rez-de-chaussée et on pouvait
aussi tirer l'eau du premier étage par un conduit
surmontant l'arcade et ménagé, comme une
cheminée, dans l'épaisseur de la
muraille.
L'atrium toscan a un pavé composé de
morceaux de pierre et de marbre noyés dans le ciment
et encadré d'une bordure de mosaïque noire. Dans
la partie découverte est un beau compluvium de
marbre blanc qui se présente en largeur et qui, sans
aucun motif apparent, n'est pas placé dans l'axe du
prothyrum ; au milieu est un trou garni de bronze par
lequel jaillissait un jet d'eau. L'écoulement se
faisait par une petite ouverture semi-circulaire
percée dans une des bordures de marbre et l'eau
arrivait, ainsi dans une citerne dont l'embouchure est
très étroite.
En tête du compluvium est un piédestal en
briques qui portait le joli groupe de marbre que nous avons
vu dans le temple de
Mercure, le Faune à demi agenouillé
accompagné de son chien. Un tuyau qui sort, par le
haut du piédestal traversait le corps du chien dont la
gueule lançait l'eau dans une petite vasque
d'où elle tombait dans le bassin.
Les murs de l'atrium sont simplement recrépis
et n'avaient point encore leur décoration ; au pied de
celui de gauche est visible le tuyau de plomb qui amenait
l'eau aux fontaines de l'atrium et du
péristyle. L'atrium n'a point de chambres et
ses murs présentent seulement au fond une porte de
chaque côté. Celle de droite donne accès
à une grande pièce qui ouvre sur le
péristyle et qui par sa forme et les guirlandes de
pampres qui la décorent semble avoir été
un triclinium. La porte de gauche appartient à
une pièce presque aussi vaste qui dut tenir lieu du
tablinum qui n'existe pas à sa place ordinaire.
Sa riche ornementation n'avait jamais été
terminée, et en outre elle est aujourd'hui dans un
triste état. Les murailles présentent des
panneaux jaunes et rouges partagés par des
architectures fantastiques surmontées d'hippocampes
couleur de bronze. Des trois sujets qui devaient
décorer les milieux de ces murailles, deux n'ont
jamais été exécutés et l'enduit
est resté vierge ; le troisième nous offre un
motif bien connu, la fable de Danaé, nais sa
composition toute nouvelle a prêté à plus
d'une conjecture. On y voit Danaé se dévoilant
et tendant son vêtement comme pour réunir
près d'elle une pluie d'or que lui verse un Amour qui,
comme bien souvent, a échangé son carquois
contre une corne d'abondance ; elle est debout devant un
personnage assis, tenant un sceptre, et qu'au premier abord
on prendrait pour Jupiter ; c'est aussi la pensée qui
vint à l'esprit de Heydemann ; mais le roi des dieux
serait donc au même instant lui-même et la pluie
d'or en laquelle il se métamorphosa ; ce n'est
guère supposable ; d'un autre côté, sa
pose grave, ses longs vêtements, son sceptre et surtout
son air sévère ne conviendraient guère
à la circonstance ; aussi croyons-nous que c'est avec
raison que M. Ed. Brizio a vu dans cette scène
l'accomplissement en présence même d'Acrisius du
destin de sa fille auquel il avait en vain tenté de
s'opposer.
Dans cette salle furent trouvés le 12 mars 1868, en
présence de l'amiral américain Ferragut, sept
squelettes dont six ensevelis dans le lapillo n'y
avaient laissé aucune empreinte ; il n'en est pas de
même du dernier qui avait été saisi par
la cendre et que le commandeur Fiorelli a pu faire mouler
à l'exception de la jambe gauche. C'est ce moulage que
nous avons vu dans une des salles de l'école
d'archéologie et dont nous avons donné
le dessin.
De l'atrium on passe directement dans un
péristyle carré entouré de douze
colonnes polygonales blanches où l'on reconnaît
la trace des anneaux des rideaux, et au pied desquelles
règne un canal où l'eau descendait des toits
par des tuyaux de terre cuite incorporés dans deux
d'entre elles ; on y trouve plusieurs embouchures de citerne
et au fond un bassin de marbre et une fontaine.
La muraille de droite du péristyle n'a pas de porte ;
elle offre seulement, au commencement, un renfoncement de 1m
05 sur 4m 20 de largeur, dans lequel est une sorte de grande
auge de maçonnerie divisée en deux
compartiments. Est-ce une caisse à fleurs, un vivier
pour des poissons, une double baignoire ? C'est ce que nous
n'oserions décider.
A la suite est un autre renfoncement carré, un peu
moins profond et assez bien orné à
l'intérieur, quoiqu'il paraisse n'avoir
été qu'une sorte d'armoire où l'on
trouva beaucoup d'élégants meubles de bronze et
des statuettes de même métal, un dieu Lare, une
Pallas, un Apollon, une Fortune, etc. A droite, devant
l'armoire, gisait sur le sol du péristyle un
très riche tabouret oblong de bronze, un
Suppellaneum ou Scamnum orné sur un de
ses grands côtés d'Hermès itiphalliques
et qui probablement devait être appliqué de
l'autre contre un lit.
La muraille de gauche est percée de nombreuses portes.
La première ouvre sur un cabinet où furent
trouvés de nombreux instruments de chirurgie, la
seconde sur une petite chambre sans ornements, la
troisième sur un cabinet profond et étroit
servant de procaeton à une chambre qui a
également pour entrée la quatrième
porte. Des peintures qui décoraient cette chambre, il
ne reste qu'une composition médiocre
représentant Narcisse se mirant dans la
fontaine ; sur la muraille du fond, M. S. Dino croit
reconnaître à quelques légers vestiges
Vulcain présentant à Thétis les armes
d'Achille.
Dans la cinquième pièce on voit au milieu de
panneaux noirs des peintures fort endommagées, deux
figures de femme isolées et deux sujets. L'un de
ceux-ci nous offre une femme éplorée tombant en
fuyant devant un jeune homme vêtu, ce qui ne permet pas
de le prendre pour Apollon, et dont la tête et les bras
sont effacés ; deux petits Amours soulèvent le
vêtement de la fugitive et derrière celui qui la
poursuit, aperçoit dans le lointain, sur un rocher, un
hermès de Priape, divinité des chemins. M. E.
Brizio reconnaît dans cette composition la fable
rapportée par Callimaque de la nymphe de Diane
Britomarte, fille de Jupiter et de Carmè, qui,
poursuivie par Minos, roi de Crète, finit par se
précipiter dans la mer d'où elle fut
retirée vivante dans les filets d'un pêcheur.
Dans l'autre tableau, on voit une femme agenouillée
implorant deux personnages assis, un homme et une femme ;
nous sommes forcés d'avouer que nous ignorons la
scène que l'artiste a voulu représenter.
La sixième pièce est une sorte d'ala
dont les murailles inachevées étaient encore
brutes et sans peintures ; le pavé est en
mosaïque blanche. Des peintures de la septième
pièce, il ne reste qu'un masque tragique ; enfin la
huitième porte conduit à une chambre d'esclave
et à la cuisine, près de laquelle est une
grande salle éclairée sur le viridarium
et contenant des latrines.
L'oecus situé au fond du péristyle n'est
pas très grand, mais il était richement
décoré. Sa corniche est ornée de petits
Amours en bas-reliefs ; le pavé est en mosaïque
blanche semée de petits cubes noirs. Sur les murailles
étaient trois peintures qui ont été
portées au musée : à droite, les
Centaures baisant la main de Pirithoüs, au fond
Thésée vainqueur du Minotaure, et
à gauche Bacchus dans l'assemblée des
dieux. On y voit encore des architectures avec figures,
deux paysages dont un bien conservé rappelant les
compositions fantastiques des Chinois, quelques masques, des
sacrifices, une Bacchante, des Amours chassant un sanglier,
enfin, au fond, deux groupes de vases accompagnés l'un
d'une oie vivante, l'autre d'une têe de boeuf et d'une
hache.
Aux côtés de l'oecus sont plusieurs
pièces sans ornements, évidemment
inachevées, bien que toutes aient déjà
leur pavé plus ou moins élégant. Dans un
viridarium situé à gauche et dont les
murailles peintes en bleu étaient ornées de
festons blancs, on trouva un grand nombre d'amphores portant
des inscriptions.