Maison des colonnes de mosaïque

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Sacrarium

La façade de cette maison présente de chaque côté de l'entrée deux grandes boutiques avec arrière-boutique qui avaient été découvertes dès 1813 ; la maison même n'a été dégagée qu'en 1837 et 1838. La porte, accompagnée de deux pilastres cannelés, peints en rouge jusqu'à 1m 50 du sol, donne accès à un prothyrum de 2m 70 de largeur sur 10m 05 de profondeur. Celui-ci était décoré de peintures présentant, au milieu de panneaux rouges et jaunes séparés par des architectures, de petits cartels contenant des masques tragiques, des paysages, des oiseaux et des poissons. Après avoir franchi le prothyrum, on se trouve dans une vaste cour ou plutôt un jardin de forme irrégulière ; dans son angle à droite est l'entrée d'une petite enceinte située derrière l'hémicycle, et sur laquelle donne la porte du tombeau 5. Au centre de la grande cour était une treille portée par quatre colonnes revêtues de mosaïques, d'un travail assez fin et dont les ornements se composent d'arabesques et d'écailles de poisson ; les chapiteaux manquent ; ces colonnes ont été portées au musée, mais on a indiqué leur emplacement par des fûts en maçonnerie.

On trouva au même lieu deux beaux candélabres de marbre. Au fond de la cour, et en face du prothyrum, est une grande niche également en mosaïque, encadrée d'une ligne de bucardes ; le cul-de-four en forme de coquille présente au centre une Néréide sur un taureau marin. Dans la grande niche en est une plus petite avec une corniche formée aussi de coquillages naturels et de mosaïques représentant des feuillages et un vase à deux anses. Du fond de cette niche l'eau tombait par plusieurs gradins dans un bassin semi-circulaire. En avant sont deux piliers carrés qui durent porter la continuation de la treille, ou un petit toit destiné à protéger la fontaine.

Au côté nord de la cour, une baie large de 4m 50, et que fermaient des portes quadrivalves, donne accès à une seconde cour à laquelle on pouvait aussi arriver directement de la rue par un passage large de 2m 50, ouvrant sur la chaussée de la rue des Tombeaux, sous la première arcade du portique de l'hôtellerie voisine. Dans la cour, en face de cette entrée se trouve un sacrarium, une chapelle consacrée aux dieux Lares ou plutôt à Hercule (1) avec un petit autel peint, présentant sur sa face antérieure un pope s'apprêtant à sacrifier un porc, à gauche une patère, à droite une massue, et derrière un coq. A gauche de la cour se trouvait un portique soutenu par six colonnes dont le tiers inférieur peint en noir repose sur des dés colorés en rouge. Sous ce portique ouvraient un posticum et un assez grand nombre de pièces dont aucune ne paraît avoir pu servir à l'habitation des maîtres, qui sans doute occupaient le premier étage dont deux escaliers attestent l'existence. Les pièces groupées à gauche, autour d'un petit atrium, composent des communs avec toutes leurs dépendances : office, cuisine, fourneaux, pierre d'évier, moulin, cave, etc. Dans la cuisine, le petit laraire n'est pas oublié. Dans l'angle de droite, du même côté de la cour est une grande écurie avec sa mangeoire et son abreuvoir, séparée du posticum par plusieurs petites chambres destinées sans doute aux esclaves. Toute cette habitation est dans un état de ruine presque complet ; d'après sa distribution et l'ouverture de sa seconde porte sous la galerie dont nous allons parler, nous pensons qu'on peut y reconnaître une hôtellerie aussi bien que dans les constructions voisines.

En avant de celles-ci, sur une rue qui oblique vers la droite et près de son embranchement dans la rue des Tombeaux, règne un portique découvert en 1813. Ce portique formé de 27 arcades, qui presque toutes existaient encore au moment des fouilles, ne paraît pas avoir été construit en une seule fois ou par un seul propriétaire ; en effet, dans la moitié de sa longueur les piédroits sont en briques ainsi que les arcs, tandis que, dans l'autre moitié, ils sont formés d'un unique bloc de tuf volcanique haut de 1m 55, posant sur un dé et portant un arc également en pierre.


(1)  La présence de la massue et le sacrifice d'un porc rendent cette seconde hypothèse plus vraisemblable.
«Quelqu'un ayant immolé à Hercule un porc d'après un voeu qu'il avait fait pour sa santé».
Quidam immolasset verrem quum sancto Herculi
Cui pro salute votum debebat sua.
(PHEDRE, Fabl. 4).