La maison de l'ours ou de la fontaine de mosaïque

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Fontaine de mosaïque

Découverte en 1865. Elle doit le premier nom sous lequel elle est surtout connue à une belle mosaïque qui se trouve à l'entrée de son prothyrum et qui représente un ours s'efforçant d'arracher une épieu qui lui traverse le corps et couvert du sang coulant de sa blessure. Dans l'angle gauche en haut du cadre de cette mosaïque on lit le mot HAVE, bonjour. Les murailles du prothyrum présentent des panneaux imitant des rideaux jaunes tendus aux quatre coins sur des fonds rouges ; sur ces panneaux sont peintes cinq figures nues parmi lesquelles en est une coiffée sur l'oreille d'un feutre mou comme ceux que l'on porte aujourd'hui ; une sixième figure n'avait pas encore été exécutée. Un médaillon rond contient les têtes de Pan couronné de roseaux, et de Syrinx paraissant effrayée ; le médaillon qui faisait pendant n'existe plus. A droite sur un soubassement rouge est peint un taureau marin ; c'est presque tout ce qui reste des nombreuses peintures de ce soubassement encore visibles au moment des fouilles.

Les murailles de l'atrium étaient noires avec plusieurs figures de Faunes et de Bacchantes aujourd'hui détruites ; le soubassement n'avait pas même reçu d'enduit, ce qui nous fait penser qu'il était en restauration. Peut-être devait-on le revêtir de tablettes de marbre.

L'atrium est entièrement pavé en mosaïque blanche sur laquelle sont décrites en noir plusieurs figures géométriques ; un enroulement encadre le compluvium.

La première pièce à droite, entièrement ouverte et n'ayant jamais eu de clôture, semble avoir tenu lieu d'ala ; au milieu de son pavé en opus signinum est un grand panneau de mosaïque blanche et noire, ayant lui-même au centre un carré formé de triangles de marbres variés. Des trois sujets qui décoraient les parois, celui du fond a disparu et il ne reste sur cette muraille qu'un médaillon avec un lion et un cerf. Sur le mur de droite est une composition toute nouvelle à Pompéi ; on y voit Danaé ayant atteint miraculeusement l'île de Séryphe, assise sur un rocher, les cheveux épars, tenant son enfant dans ses bras et contemplant tristement le coffre dans lequel ils avaient été exposés tous deux à la merci des flots. Aux côtés de ce tableau sont deux médaillons, une chèvre et un paysage. La peinture en face est fort belle et très bien conservée ; elle reproduit une fois de plus le motif si connu de Narcisse se mirant dans la fontaine. Dans les médaillons sont un paysage et une panthère ; enfin au quatrième côté de la pièce est, près de la porte, un autre paysage.

Une chambre fort simple qui ouvre ensuite sur l'atrium par une porte bivalve et une fenêtre, et dont le pavé conserve un assez joli panneau de marbre, paraît à M. Fiorelli avoir été le magasin des denrées et des comestibles que le propriétaire faisait vendre par son dispensator, une cella penaria.

On trouve dans l'angle la porte d'une pièce qui a perdu tous ses ornements, mais qui a conservé sa voûte ; à la naissance de celle-ci était une moulure coloriée en blanc et en bleu dont il ne reste qu'un léger fragment. Sur une muraille sont des vestiges d'architecture peinte sur fond noir ; au milieu du pavé était une mosaïque qui a été enlevée ; cette pièce avait une large baie ouverte sur le tablinum.

Revenons au prothyrum ; nous voyons à sa gauche une boutique communiquant avec l'atrium et ayant été occupée par l'esclave qui était à la fois le dispensator et l'ostiarius. A gauche de l'atrium est une porte conduisant à la cuisine éclairée par deux fenêtres sur la rue ; viennent ensuite une petite chambre assez bien décorée où deux trous percés dans la muraille ont fait reconnaître que des fouilles avaient été tentées, et un cabinet renfermant un escalier en partie de bois aujourd'hui détruit. Ce cabinet avait, ainsi que l'escalier et son palier supérieur, des panneaux noirs avec quelques peintures parmi lesquelles on remarque un coq devant un plat et un écureuil rongeant un fruit.

A gauche du tablinum et communiquant avec lui et avec l'atrium est un cabinet de forme irrégulière qui pouvait servir aux audiences données par le maître de la maison à ses clients. Le tablinum, exhaussé d'un degré de marbre et assez petit, est pavé d'une mosaïque blanche ayant au milieu un panneau formé de six morceaux carrés de jaune antique et encadré d'une bande de marbre gris et d'un enlacement en mosaïque. A la muraille de gauche, près de la porte du cabinet, est peint sur fond jaune un lion poursuirant une gazelle. Au-dessus était un autre lion bien dessiné et d'assez grande proportion dont toute la partie antérieure est détruite.

Au-dessous de la large fenêtre de la pièce droite est peint en camaïeu vert un hippocampe portant un Amour. Le fond du tablinum est entièrement ouvert et indiqué seulement par un degré de marbre que l'on monte pour entrer dans un petit xyste élégamment décoré qui remplace le péristyle. On y voit sur la muraille de droite une femme de grandeur naturelle tenant un bassin rempli d'où jaillit un jet d'eau. Sur ce mur font saillie deux piliers offrant sur fond rouge de grands autels jaunes et au-dessus des femmes nues debout ; l'une de celles-ci est assez conservée et bien dessinée.

Le fond du xyste offre un paysage où l'on reconnaît, à droite un loriot et une cigogne, et à gauche un sphinx colorié portant un bassin de marbre sur sa tête. Au centre de cette muraille est une fontaine de mosaïque qui peut rivaliser avec celles des deux maisons de la rue de Mercure ; par suite de cette absence de symétrie, qui semble en quelque sorte systématique à Pompéi, elle n'est dans l'axe ni de la porte, ni du compluvium, ni du tablinum. C'est une grande niche d'une entière conservation couverte de mosaïques et de coquillages ; le soubassement, qui sur les piédroits est en marbre, est à l'intérieur de la niche formé de petites pierres brutes ; il est surmonté d'une embouchure de bronze très aplatie d'où l'eau tombait dans le bassin semi-circulaire comme la niche, mais avançant un peu devant elle et se terminant carrément. Au-dessus du soubassement est une double ligne composée de coquillages (bucardes et tritonies), puis une large frise de mosaïque où l'on voit Neptune debout appuyé sur son trident, au milieu d'oiseaux aquatiques et de poissons d'une grosseur disproportionnée. Une nouvelle rangée des mêmes coquillages sépare cette frise du cul-de-four où est représentée Amphitrite couchée dans une conque. A la façade de la fontaine, au-dessus du soubassement de marbre sont deux masques de mosaïque, et plus haut deux génies tenant, l'un un aplustre, pavillon carré qui flottait aux mâts des navires, l'autre une couronne et une palme. Enfin le tout est couronné par un fronton encadré de coquillages et dont le tympan présente un Triton le corps terminé par des enroulements très compliqués.