La maison des princes de Russie |
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Plan | Visite |
Cette belle habitation, dont l'entrée principale porte le n° 57 sur la rue de Stabia, a été fouillée en mai 1852, en présence des fils de l'empereur de Russie, Nicolas Ier. Son plan présente une disposition particulière, motivée sans doute par la forme du terrain, qui avait plus de largeur et moins de profondeur que celui d'une maison ordinaire d'égale importance. L'atrium et le péristyle sont plus larges que profonds, et ne sont séparés que par une simple muraille au lieu de l'être par un tablinum et quelques autres pièces.
Par un prothyrum pavé en opus signinum semé symétriquement de petites pierres blanches, on entre dans l'atrium toscan ; au centre est un très joli compluvium de marbre en tête duquel est un cippe carré revêtu de marbre contenant un tuyau de plomb qui versait l'eau dans une vasque posée sur une petite base de marbre ornée de grandes feuilles d'acanthe. La fontaine est accompagnée d'une table de marbre blanc portée par deux pieds d'un très beau travail, composés chacun de la partie antérieure d'une chimère et d'un griffon. Sur la face supérieure de la table est gravé le nombre LXXIX et on y trouva un petit groupe de bronze représentant Hercule armé de sa massue et un jeune Phrygien agenouillé devant lui.
Une grande porte donne entrée au péristyle large de 14m 10 et profond de 11 mètres seulement ; il était soutenu par dix colonnes qui portent encore un fragment d'entablement. Dans l'angle à droite est un renfoncement, une sorte d'armoire, où l'on a trouvé quelques petits vases de terre cuite. Les murailles du péristyle étaient ornées de panneaux alternativement jaunes et rouges avec des figures de Diane, de Latone, de Victoires, de Bacchantes, etc. Au fond du péristyle sont, à droite un triclinium où se voient les faibles vestiges de deux génies et d'un lévrier et au milieu un petit oecus précédé de deux piliers ornés de riches arabesques d'un style beaucoup moins léger que dans les autres édifices de Pompéi. Sur le paroi de gauche était une peinture médiocre, mais intéressante par le sujet dans lequel M. Minervini reconnaît Alcméon tuant sa mère Eriphyle ; cette peinture a été enlevée. Enfin à gauche de l'oecus, dans une petite pièce, sont plusieurs têtes dans des médaillons et trois tableaux, Vénus et Adonis, Diane et Endymion, et une scène dans laquelle le même savant a cru voir Oreste et Pylade reconnus par Iphigénie, et réfléchissant aux moyens de fuir la Tauride ; nous avions cru nous-même qu'elle représentait plutôt Léda et les Dioscures, sujet qui nous semblait plus en rapport avec les compositions mythologiques qui l'entourent ; aujourd'hui une nouvelle supposition est émise par M. Ed. Brizio ; l'absence de costume héroïque, la teinte de réalisme qui domine dans cette composition lui font penser que la figure assise que l'on a prise pour une femme n'est autre chose qu'un magistrat revêtu de la toge écoutant deux plaideurs, et M. Minervini s'est rangé à cette opinion.
«Dans cette maison, dit Dyer, à la hauteur de près de quinze pieds du sol, ont été découverts quatre squelettes presque dans une position verticale ; plus bas était un autre squelette avec une hache. Cet homme paraît avoir percé la muraille d'une des petites chambres du prothyrum, et avoir été près d'y pénétrer quand il fut étouffé soit par la cendre, soit par les exhalaisons méphitiques. On a pensé que ces personnes avaient péri en cherchant des objets précieux après la catastrophe».