[Rome - 54 av. JC]
A TIRON
Et moi aussi je voudrais bien qu'il vous fût possible
de me rejoindre ; mais je crains pour vous le voyage. La
diète, les purgations, la force du mal vous ont
épuisé. Les rechutes sont graves à la
suite de maladies si graves ; la moindre imprudence y expose.
Aux deux jours nécessaires pour arriver à
Cumes, ajoutez-en cinq autres sans interruption pour le reste
du voyage. Je veux être à Formies le 3 des
kalendes. Faites, mon cher Tiron, que je vous y trouve tout
à fait vaillant. Privées de votre concours, mes
études chéries, je devrais dire nos
études chéries, sont dans une langueur
mortelle. La lettre que vous m'avez envoyée par Acaste
les a un peu ranimées. Pompée qui est là
quand je vous écris, rit et plaisante ; il voulait
entendre quelque chose de moi ; je lui ai répondu que
chez moi, sans vous, tout était mort. Revenez donc
bien vite à ces Muses qui vous appellent. Je serai, le
jour dit, fidèle à ma parole. Pourrais-je y
manquer, quand c'est moi qui vous ai appris la signification
étymologique du mot fidèle.
Rétablissez-vous entièrement. Je suis tout
prêt. Adieu.
Le 14 des kalendes.
Edition des Lettres de Cicéron - Collection des Auteurs latins de Nisard, in Oeuvres complètes de Cicéron, tome V, Paris, Firmin-Didot (1869) - Traduction de M. Defresne