[45 av. JC]

A TIRON.

Votre lettre me fait espérer que vous êtes mieux. Combien je le souhaite ! n'épargnez rien pour vous remettre tout à fait, et n'allez pas vous figurer que je sois contrarié de ne pas vous avoir. C'est être avec moi que de vous soigner, et je vous aime mieux cherchant votre santé que la satisfaction de mes yeux et de mes oreilles. C'est pourtant mon bonheur, vous le savez, de vous voir et de vous entendre. Mais je tiens plus encore à vous savoir bien portant. J'ai suspendu mon travail, parce que je n'aime point à écrire moi-même. Je lis et j'y prends plaisir. S'il y a quelques mots de ma main que les secrétaires ne puissent déchiffrer, donnez-leur en l'explication : il n'y a de difficile qu'une seule addition interlinéaire dont j'ai peine moi-même à me tirer. C'est le trait de Caton à quatre ans. Ne perdez pas de vue le triclinium (salle à manger). Tertia viendra, pourvu que Publius ne soit pas prié. Ce Démétrius-là n'a jamais eu beaucoup de rapports avec celui de Phalère ; c'est aujourd'hui un Billiénus renforcé. Aussi je vous nomme mon lieutenant. Observez-le bien. Il y a pourtant à dire.... mais quant à ces choses-là vous savez le reste. En définitif, si vous avez un entretien avec lui, vous m'en donnerez le détail. Ce sera un texte pour ma réponse et j'aurai une plus longue lettre de vous. Prenez soin de votre santé, cher Tiron, vous ne pouvez rien faire qui me touche davantage.


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Edition des Lettres de Cicéron - Collection des Auteurs latins de Nisard, in Oeuvres complètes de Cicéron, tome V, Paris, Firmin-Didot (1869) - Traduction de M. Defresne