[Février 49 av. JC]
A TIRON.
Votre santé nous inquiète beaucoup. Les
arrivants s'accordent à dire que le mal n'est pas
dangereux, mais peut traîner en longueur. C'est une
consolation et à la fois une cause de tourment, si je
dois longtemps encore être privé d'une
compagnie, dont votre absence me fait sentir plus vivement
l'utilité et les charmes. Toutes mes pensées
sont avec vous. Mais, je vous conjure de ne point vous
exposer, faible encore, à une si longue navigation, et
à un voyage d'hiver. Ne vous embarquez qu'à bon
escient. Avec une santé faible à peine peut-on
se garantir du froid dans de bonnes habitations, et au milieu
des villes. Jugez s'il est facile de se préserver de
ses atteintes en voyage et sur mer. Le froid est le grand
ennemi des peaux délicates, dit Euripide. Mais
fait-il autorité pour vous ? Je regarde, moi, ses vers
comme autant d'axiomes. Soignez-vous, soignez-vous, si vous
m'aimez, et revenez-nous vaillant le plus tôt possible.
Adieu : aimez-moi toujours. Le fils de Quintus vous
embrasse.
Edition des Lettres de Cicéron - Collection des Auteurs latins de Nisard, in Oeuvres complètes de Cicéron, tome V, Paris, Firmin-Didot (1869) - Traduction de M. Defresne