Livre X - Lettres 71 et 72
PLINE A L'EMPEREUR TRAJAN L'état des enfants que l'on appelle exposés fait ici, seigneur, la matière d'une grande question, qui regarde toute la province. Comme je n'ai trouvé, dans les constitutions de vos prédécesseurs, aucune décision sur ce sujet, ni particulière pour la Bithynie, ni même générale, j'ai cru la devoir chercher dans vos ordres ; car je ne pense point qu'il me soit permis de me régler, par des exemples, dans ce qui ne doit être réglé que par votre autorité. On m'a représenté un édit que l'on disait être d'Auguste pour Annia ; des lettres de Vespasien aux Lacédémoniens, de Titus aux mêmes et aux Achéens ; et enfin de Domitien à Avidius Nigrinus, à Arménius Brocchus, gouverneurs de cette province, et aux Lacédémoniens. Je ne vous les envoie pas, tant parce que ces pièces ne me paraissent pas en assez bonne forme, et que quelques-unes même me sont suspectes, que parce que je sais que les vrais originaux sont en bon état dans vos archives. TRAJAN A PLINE On a souvent traité la question qui regarde ceux qui, nés libres, ont été exposés, et ensuite élevés par quelques gens et nourris dans la servitude. Mais parmi les constitutions de mes prédécesseurs, il ne s'en trouve aucune sur ce sujet qui soit générale pour toutes les provinces. II est vrai que l'on voit des lettres de Domitien à Avidius Nigrinus et à Arménius Brocchus, sur lesquelles on pouvait peut-être se régler ; mais entre les provinces dont elles parlent, il n'est point fait mention de la Bithynie. Je ne crois donc pas, ni que l'on doive refuser la liberté à ceux qui la réclameront sur un tel fondement, ni qu'on les puisse obliger à la racheter par le remboursement des aliments qu'on leur aura fournis.
| © Agnès Vinas |