[Les démêlés de Cicéron
avec Clodius]
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XXXVI. Clodius, jeune Romain d'une grande naissance, mais
insolent et audacieux, aimait Pompéia, femme de
César : déguisé en musicienne, il se
glissa secrètement dans la maison de César, le
jour que les femmes romaines y célébraient un
sacrifice mystérieux, interdit à tous les
hommes. Il n'en était pas resté un seul dans
cette maison ; mais Clodius, si jeune encore qu'il n'avait
pas de barbe au menton, espéra qu'il pourrait se
glisser, parmi les autres femmes, dans l'appartement de
Pompéia, sans être reconnu. Entré de nuit
dans une maison très vaste, il s'égara, et il
errait de côté et d'autre, lorsqu'il fut
rencontré par une des femmes d'Aurélia,
mère de César, qui lui demanda son nom.
Forcé de répondre, il dit qu'il cherchait une
des femmes de Pompéia, qui se nommait Abra. La
suivante, ayant reconnu aisément que ce n'était
pas la voix d'une femme, appelle à grands cris les
autres femmes, qui, étant accourues, ferment toutes
les portes, et font de si exactes recherches, qu'elles
trouvent Clodius dans la chambre de l'esclave avec laquelle
il était entré. Le bruit que fit cet
événement obligea César de
répudier Pompéia, et de citer Clodius devant
les tribunaux, pour crime d'impiété (51).
XXXVII. Cicéron
était ami de Clodius (c') qui, dans l'affaire de
Catilina, l'avait servi avec le plus grand zèle, et
avait toujours été comme un de ses gardes
(52). La
défense de Clodius consistait à dire qu'il
n'était pas à Rome ce jour-là, qu'il en
était même très éloigné.
Mais Cicéron déposa qu'il était venu ce
jour-là même chez lui, pour traiter de quelque
affaire ; ce qui était vrai. Au reste, il fit cette
déposition, moins pour attester la
vérité, que pour guérir les
soupçons de sa femme, qui haïssait Clodius, parce
qu'elle savait que sa soeur Clodia avait envie
d'épouser Cicéron, et qu'elle se servait, pour
négocier ce mariage, d'un certain Tullus, ami intime
de Cicéron, lequel voyait tous les jours Clodia, et
lui faisait assidument la cour. Térentia, dont Clodia,
était voisine, regardait ces visites comme très
suspectes ; c'était d'ailleurs une femme d'un
caractère difficile ; et comme elle gouvernait son
mari, elle le poussa à rendre témoignage contre
lui. Plusieurs citoyens des plus distingués
déposèrent aussi contre Clodius, et
l'accusèrent de s'être parjuré, d'avoir
commis des friponneries, d'avoir corrompu le peuple à
prix d'argent, et séduit plusieurs femmes. Lucullus
produisit deux femmes esclaves, qui attestèrent que
Clodius avait entretenu un commerce incestueux avec la plus
jeune de ses soeurs, mariée alors à ce
même Lucullus : c'était aussi un bruit
généralement répandu, qu'il avait
déshonoré ses deux autres soeurs, dont l'une,
nommée Térentia (d'), avait
épousé Marcius Rex ; et l'autre, appelée
Clodia, était femme de Métellus Céler,
et avait eu le surnom de Quadrantaria, parce qu'un de
ses amants lui avait envoyé, dans une bourse, de
petites pièces de cuivre, au lieu de pièces
d'argent. Les Romains appellent quadrants la plus
petite de leurs monnaies de cuivre (53). Ce fut son inceste
avec cette dernière de ses soeurs qui diffama le plus
Clodius dans Rome.
XXXVIII. Cependant le
peuple se montrant très mal disposé envers ceux
qui semblaient s'être ligués contre Clodius pour
le charger par leurs dépositions, les juges, qui
craignirent qu'on n'usât de violence,
environnèrent le tribunal de gens armés ; et la
plupart, en écrivant leur opinion sur les tablettes,
brouillèrent à dessein les mots (54). Il parut pourtant
qu'il y avait eu plus de voix pour l'absoudre ; et le bruit
courut qu'on avait distribué de l'argent aux juges
(e'). Aussi
Catulus, les ayant rencontrés au sortir du tribunal :
«Vous avez eu raison, leur dit-il, de demander des
gardes pour votre sûreté, de peur qu'on ne vous
enlevât votre argent». Clodius ayant
reproché à Cicéron que les juges
n'avaient pas ajouté foi à sa déposition
: «Au contraire, lui répondit Cicéron, il
y en a eu vingt-cinq qui m'ont cru, puisqu'ils vous ont
condamné ; et trente qui n'ont pas voulu vous croire,
puisqu'ils ne vous ont absous qu'après avoir
reçu votre argent» (f'). César,
appelé en témoignage dans cette affaire, ne
voulut pas déposer : il dit que sa femme n'avait pas
été convaincue d'adultère ; mais qu'il
l'avait répudiée, parce que la femme de
César devait être exempte, non seulement de
toute action criminelle, mais encore de tout
soupçon.
XXXIX. Clodius,
délivré de ce péril, et nommé
tribun du peuple, s'attacha tout de suite à tourmenter
Cicéron ; il lui suscita le plus d'affaires qu'il lui
fut possible, et souleva contre lui tous ceux qu'il put
gagner. Il se ménagea la faveur du peuple, en
proposant des lois très avantageuses pour la multitude
(55). Il fit
décerner aux deux consuls les plus belles provinces :
à Pison, la Macédoine ; et à Gabinius,
la Syrie. Il donna le droit de bourgeoisie à un grand
nombre d'hommes indigents, et tint toujours auprès de
sa personne une troupe d'esclaves armés. Des trois
personnages qui avaient alors le plus de pouvoir dans Rome,
Crassus était l'ennemi déclaré de
Cicéron ; Pompée se faisait valoir
auprès de l'un et de l'autre, et César
était sur le point de partir pour la Gaule avec son
armée. Cicéron chercha à s'insinuer
auprès de ce dernier, quoiqu'il sût bien qu'il
n'était pas son ami, et qu'il lui était
même devenu suspect depuis l'affaire de Catilina. Il le
pria donc de l'emmener avec lui dans la Gaule, en
qualité de son lieutenant (56). César y
consentit sans peine ; et Clodius voyant que Cicéron
allait échapper à son tribunal, feignit de
vouloir se réconcilier avec lui ; et, rejetant sur
Térentia tous les sujets de plainte que Cicéron
lui avait donnés, il ne parla plus de lui que dans les
termes les plus honnêtes et les plus doux. Il
protestait qu'il n'avait contre lui aucun sentiment de haine,
et qu'il ne s'en plaignait qu'avec la modération qu'on
doit à un ami. Par cette dissimulation, il dissipa
tellement toutes les craintes de Cicéron, que celui-ci
remercia César de sa lieutenance, et se livra de
nouveau aux affaires publiques.
XL. César,
offensé de cette conduite, anima Clodius contre lui,
aliéna Pompée, et déclara devant le
peuple que Cicéron lui paraissait avoir blessé
la justice et les lois, en faisant mourir Lentulus et
Céthégus sans aucune formalité de
justice (57).
C'était sur cette accusation qu'on l'appelait en
jugement. Cicéron, voyant le danger dont le
menaçait la haine de ses ennemis, prit la robe de
deuil, laissa croître sa barbe, et allait partout
supplier le peuple de lui être favorable. Clodius se
trouvait sur ses pas, dans toutes les rues, suivi d'une
troupe de gens audacieux et violents qui le raillaient sur
son changement d'habit et sur son air abattu, qui lui
faisaient nulle outrages, qui souvent même lui jetaient
de la boue et des pierres, et l'empêchaient de faire
ses sollicitations au peuple. L'ordre presque entier des
chevaliers romains prit, comme lui, l'habit de deuil ; et
plus de vingt mille jeunes gens l'accompagnaient, les cheveux
négligés, et sollicitaient le peuple en sa
faveur. Le sénat s'assembla pour
décréter que le peuple changerait de robe,
comme dans un deuil public ; mais les consuls
s'opposèrent à ce décret ; et Clodius
étant venu assiéger le lieu du conseil avec ses
satellites armés, la plupart des sénateurs
sortirent en poussant de grands cris, et déchirant
leurs robes. Un spectacle si triste n'excitant ni la
compassion ni la honte de ces scélérats, il
fallait ou que Cicéron sortît de Rome, ou qu'il
en vînt aux mains avec Clodius. Il implora le secours
de Pompée, qui s'était éloigné
à dessein, et se tenait à la campagne, dans sa
maison d'Albe. Après lui avoir envoyé d'abord
Pison, son gendre, Cicéron y alla lui-même.
Mais, prévenu de son arrivée, Pompée
n'osa soutenir sa vue. Il aurait eu trop de honte de voir,
dans cet état d'humiliation, un homme qui avait
livré pour lui de si grands combats, qui, dans son
administration publique, lui avait rendu les services les
plus importants ; mais, devenu le gendre de César, il
sacrifiait à son beau-père une ancienne
reconnaissance ; et étant sorti par une porte de
derrière, il évita cette entrevue (58).
XLI. Cicéron, trahi
par Pompée et abandonné de tout le monde, eut
enfin recours aux consuls. Gabinius le traita toujours avec
beaucoup de dureté ; mais Pison, lui parlant avec
douceur, lui conseilla de se retirer, de céder pour
quelque temps à la fougue de Clodius, de supporter
patiemment ce revers de fortune, et d'être une seconde
fois le sauveur de sa patrie, qui se trouvait, à son
occasion, agitée de séditions et menacée
des plus grands maux. Cicéron délibéra
sur cette réponse avec ses amis. Lucullus fut d'avis
qu'il restât, l'assurant qu'il triompherait de ses
ennemis ; mais tous les autres lui conseillèrent de
s'exiler lui-même pour un temps, persuadés que
le peuple, quand il serait las des folies et des fureurs de
Clodius, ne tarderait pas à le regretter.
Cicéron prit ce dernier parti : il avait depuis
longtemps dans sa maison une statue de Minerve, qu'il
honorait singulièrement ; il la prit, la porta dans le
Capitole, où il la consacra, après y avoir mis
cette inscription : A MINERVE, PROTECTRICE DE ROME (g'). Il se fit escorter
par les gens de quelques-uns de ses amis, et prit à
pied le chemin de la Lucanie, pour se rendre de là en
Sicile.
XLII. Dès qu'on fut
informé de sa fuite, Clodius fit rendre contre lui un
décret de bannissement, et afficher dans toutes les
rues la défense de lui donner l'eau et le feu, et de
le recevoir dans les maisons, à la distance de cinq
cents milles de l'Italie (h'). Mais le respect qu'on
avait pour Cicéron fit généralement
mépriser cette défense ; on le recevait partout
avec empressement, et on l'accompagnait en lui
témoignant les plus grands égards. Seulement
dans une ville de la Lucanie, appelée alors Hipponium
et aujourd'hui Vibone, un Sicilien, nommé Vibius,
à qui Cicéron avait donné de
fréquentes marques d'amitié, et qu'il avait
fait nommer, pendant son consulat, à la charge
d'intendant des ouvriers, lui refusa sa maison, et lui offrit
une retraite dans sa terre. Caïus Virginius (i'), préteur de
Sicile, qui avait aussi de grandes obligations à
Cicéron, lui écrivit de ne pas venir dans sa
province. Affligé de ces traits d'ingratitude, il se
rendit à Brunduse, d'où il s'embarqua pour
Dyrrachium par un vent favorable ; mais il était
à peine en pleine mer, qu'il s'éleva un vent
contraire qui, le lendemain, le reporta au lieu même
d'où il était parti. Il se remit bientôt
en mer ; et en arrivant à Dyrrachium, comme il
était sur le point de débarquer, il survint
tout à coup un tremblement de terre qui fit retirer
les eaux de la mer. Les devins conjecturèrent que son
exil ne serait pas long, ces sortes de signes
présageant toujours un changement favorable.
XLIII. Pendant son
séjour à Dyrrachium, il fut visité par
une foule de personnes qui lui témoignèrent le
plus vif intérêt ; et les villes grecques
disputèrent d'empressement à lui rendre plus
d'honneurs. Mais toutes ces marques d'affection ne purent ni
lui rendre son courage, ni dissiper sa tristesse. Semblable
à un amant malheureux, il tournait sans cesse ses
regards vers l'Italie. Humilié, abattu par son
infortune, il montra beaucoup plus de faiblesse et de
pusillanimité qu'on n'en devait attendre d'un homme
qui avait passé toute sa vie à s'instruire ;
car souvent il priait ses amis de ne pas l'appeler orateur,
mais philosophe, parce qu'il s'était attaché
à la philosophie comme au but de toutes ses actions :
et l'éloquence n'était pour lui que
l'instrument de sa politique. Mais l'opinion n'a que trop de
pouvoir pour effacer de notre âme les impressions de la
raison, comme une teinture qui n'a pas
pénétré dans l'étoffe
s'altère aisément. L'habitude de traiter avec
le peuple dans les affaires du gouvernement nous fait adopter
les passions du vulgaire. Ou ne peut éviter leur
influence que par une attention continuelle sur
soi-même, en communiquant avec les personnes du dehors,
que par le talent de participer aux affaires, sans partager
les passions qui s'y mêlent.
XLIV. Clodius,
après avoir fait bannir Cicéron, brûla
ses maisons de campagne et sa maison de Rome, sur le sol de
laquelle il éleva le temple de la Liberté. Il
mit en vente tous ses biens, et les faisait crier tous les
jours, sans qu'il se présentât personne pour les
acheter. Devenu, par ses violences, redoutable à tous
les nobles ; disposant du peuple, qu'il laissait s'abandonner
à tous les excès de la licence et de l'audace,
il osa s'attaquer à Pompée lui-même, et
blâmer plusieurs des ordonnances qu'il avait rendues
pendant qu'il commandait les armées. Pompée,
à qui cette censure faisait tort dans l'opinion
publique, se reprocha d'avoir sacrifié Cicéron
; et, changeant de disposition, il se ligua avec ses amis
pour s'occuper des moyens de le rappeler. Clodius, de son
côté, s'y opposant de tout son pouvoir, le
sénat décréta qu'il suspendait tout
rapport et toute expédition des affaires publiques,
jusqu'au rappel de Cicéron. Sous le consulat de
Lentulus (j'), la
sédition fut poussée si loin, qu'il y eut des
tribuns du peuple blessés sur la place publique, et
que Quintus, frère de Cicéron, fut
laissé pour mort parmi beaucoup d'autres (k'). Ces excès
commencèrent à ramener le peuple ; et Annius
Milon, l'un des tribuns du peuple, osa le premier
traîner Clodius devant les tribunaux, pour les
violences qu'il avait commises. La plus grande partie du
peuple et des habitants des villes voisines se joignirent
à Pompée, qui, fort de leur secours, chassa
Clodius de la place publique, et appela le peuple aux
suffrages, pour le rappel de Cicéron. Jamais
décret ne fut rendu avec autant d'unanimité. Le
sénat, rivalisant de zèle avec le peuple,
arrêta qu'on décernerait des remercîments
aux villes qui avaient recueilli Cicéron dans son
exil, et que sa maison de Rome et ses maisons de campagne,
que Clodius avait détruites, seraient rebâties
aux dépens du public (59).
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(c') Voyez
l'Oraison sur les Provinces consulaires, chap.
IX.
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(d') D'autres
l'appellent Tertia, et cette leçon paraît la
vraie.
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(e') Cicéron
le dit clairement dans sa dixième Lettre du
premier livre à Atticus.
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(f') Cette
réponse, et le mot de Catulus aux juges, se
trouvent dans cette même lettre.
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(g') Ne
pouvant plus défendre Rome par son
éloquence, il la met sous la protection de
Minerve.
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(h') Plus
de cent soixante grandes lieues. M. Dacier a
substitué le mot de Rome à celui de
l'Italie, sans avertir pourquoi il fait ce
changement.
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(i') Il y a
dans le texte, Verginius ; mais la leçon
que j'ai suivie est celle de Cicéron, Oraison
pour Plancus, chap. XL.
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(j') Il fut
consul avec Q. Cécilius Métellus
Népos, l'an de Rome six cent
quatre-vingt-dix-sept, cinquante sept ans avant J. C. la
cinquantième année de l'âge de
Ciceron.
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(k') D'après
le récit de Cicéron, qu'on n'accusera pas
d'avoir affaibli les faits, son frère ne courut
pas un si grand danger ; il parait que Plutarque s'est
trompé en appliquant à Quintus ce que
Cicéron rapporte un peu plus bas du tribun
Sextius, qui, blessé très dangereusement,
n'évita de périr que parce qu'on le crut
mort. Voyez Cicéron, Pro Sextio, cap.
XXXV-XXXVII.
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(51) Il doit y
avoir ici de l'altération dans le texte ; car on
ne peut pas croire que Plutarque se contredise
lui-même à ce point : nous avons vu, dans la
vie de César, que ce fut un tribun du
peuple qui se porta pour l'accusateur de Clodius ; et
nous verrons plus bas que César, appelé en
témoignage dans cette affaire, ne voulut pas
déposer ; qu'il dit que sa femme n'avait pas
été convaincue d'adultère ; mais
qu'il l'avait répudiée, parce que la femme
de César devait être exempte même de
soupçon.
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(52) Le
fait que Plutarque rapporte ici paraît
extrêmement douteux ; il n'est pas même bien
sûr que Cicéron ait jamais été
l'ami de Clodius ; et un passage de son Discours sur
les provinces consulaires, chap. lX, prouverait tout
au plus que Clodius n'était pas son ennemi ; mais
non qu'il y eût eu jamais entre eux beaucoup de
liaison.
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(53) Le
quadrans, qui faisait la quatrième partie
de l'as romain, n'était pas la plus petite des
monnaies de cuivre qui eussent cours à Rome ; la
plus petite de ces monnaies était le
sextula, qui faisait la sixième partie de
l'as.
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(54) Dacier
croit ce passage corrompu, parce qu'il trouve ridicule
cette manière de donner son avis en brouillant et
confondant les lettres ; mais dans les affaires de la
nature de celle de Clodius, où les juges avaient
à craindre la fureur du peuple s'ils le
condamnaient, il n'est pas étonnant qu'ils
cherchassent à cacher l'avis qu'ils donnaient, et
qu'ils se contentassent de proclamer la sentence
d'absolution.
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(55) Voyez
là-dessus Asconius, le commentateur de
Cicéron, dans ses notes sur le Discours contre
Pison, chap. VI.
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(56) Cependant
Cicéron, dans son Discours sur les provinces
consulaires, chap. XVII, dit que César ne lui
avait pas seulement proposé cet emploi, mais qu'il
l'avait prié de l'accepter.
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(57) Clodius
avait assemblé le peuple hors de la ville, afin
que César, qui en était déjà
sorti avec le titre de proconsul, pût s'y trouver.
Là, après que les consuls Pison et Gabinius
eurent été interrogés, suivant
Patercule, liv.II, chap. XLV, sur ce qu'ils pensaient de
la loi de Clodius, qui ordonnait d'interdire l'eau et le
feu à celui qui aurait fait périr un
citoyen sans avoir observé les formalités
de la justice ; César, dont on demanda l'avis,
répondit qu'il ne pouvait approuver qu'on
eût fait mourir, d'une manière contraire aux
lois, Lentulus et ses complices, mais qu'il ne lui
paraissait pas juste de faire maintenant une loi sur des
choses qui s'étaient passées il y avait
déjà longtemps.
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(58) Dion
est ici conforme à Plutarque ; mais on voit, dans
les Lettres à Atticus, que Cicéron,
avant d'aller en exil, eut une entrevue avec
Pompée, qui lui dit qu'il ne ferait rien de
contraire aux volontés de César.
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(59) Comme
la place de sa maison de Rome avait été
consacrée, les pontifes furent consultés
pour savoir si on devait la rendre à
Cicéron : ils répondirent qu'elle avait
été mal consacrée, et qu'elle
pouvait être rendue. Les consuls lui firent donner,
pour cette maison, près de cinq cent mille livres
; pour celle de Tusculum, environ cent mille livres, et
soixante mille pour celle de Formies ; il se plaint de
ces deux dernières estimations, qui furent
trouvées au-dessous de la valeur des maisons, non
seulement par tous les gens de bien, mais par le peuple
lui-même. Voyez la deuxième lettre du
quatrième livre des Lettres à
Atticus.
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