XV - Publius Valerius Publicola (an de Rome 245 à 251)

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Publius Valerius, fils de Volusus, triompha trois fois ; la première, des Véiens ; la seconde, des Sabins, et la troisième, de ces deux peuples ensemble (1). Malgré ses victoires, il se fit soupçonner d'aspirer à la royauté, parce qu'il n'avait pas remplacé dans le consulat son collègue Brutus (2), et qu'il avait à Velia (3) une maison de forte assiette. Informé de ce soupçon, il s'en plaignit au peuple, et envoya aussitôt des ouvriers pour abattre sa maison. Il fit ôter en même temps les haches des faisceaux de ses licteurs, qui reçurent aussi l'ordre de les baisser devant le peuple assemblé. De plus, il porta une loi qui permettait aux citoyens d'appeler des jugements des magistrats à l'assemblée du peuple. Cette conduite populaire lui fit donner le surnom de Poplicola (4). Il mourut lorsqu'il était consul pour la quatrième fois. Il était si pauvre, qu'il fut enterré du produit d'une quête qu'on fit parmi les citoyens (5). Les dames romaines portèrent son deuil pendant un an.


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(1)  Notre auteur s'est trompé, en faisant triompher trois fois P. Valerius. Il paraît que la ressemblance des noms l'a induit en erreur, lorsqu'il a attribué à P. Valerius un triomphe dont fut honoré M. Valerius Publicola, son frère, l'an 248 de la fondation de Rome. Arntzen pense qu'il faudrait lire, primum de Veientibus, iterum de Sabinis ac de iisdem gentibus.

(2)  Les éditions de Pitiscus et de Juncker portent Bruti et celle d'Arntzen Tricipitini. La première leçon est conforme au récit de Tite-Live.

(3)  Cet endroit du mont Palatin était ainsi appelé du verbe vellere, parce que les gardiens de troupeaux, comme le dit Varron, avaient coutume d'y arracher la laine aux brebis avant qu'on eût imaginé de les tondre. De vellere on a fait vellus, toison.

(4)  Les manuscrits, consultés par Schott, portent tous Poplicola ; mais plusieurs autres et quelques éditions offrent Publicola et Poblicola. On dit aussi Plebicola. Ces mots viennent de populum ou de plebem colere. La loi de l'appel au peuple qui fit donner à Valerius le surnom de Poplicola, n'était point une nouveauté. Elle était tombée en désuétude sous les derniers rois ; il ne fit que la remettre en vigueur. Les décemvirs l'abrogèrent pour la troisième fois ; elle fut renouvelée par un autre, Valerius, consul avec M. Horatius.

(5)  On accorda de plus à Valerius un honneur qu'on n'avait rendu à personne avant lui, en plaçant son tombeau à Velia, et près du forum, dans l'enceinte de la ville. Il faut aussi remarquer que le texte latin de cette phrase est beaucoup plus court dans les anciennes éditions que dans celles qui ont paru depuis le seizième siècle. Nous avons sous les yeux le Dictionarium propriorum nominum, etc. de Robert Etienne, 1541, in 4°, où manquent ces mots quater consul, adeo pauper extitit, ut collectis a populo nummis. Schott assure qu'il les a tirés des manuscrits qu'il avait sous les yeux. Arntzen affirme au contraire qu'ils manquent dans ceux qu'il a vus ; ils sont placés entre deux parenthèses dans les éditions que j'ai consultées.