XIV - Les Fabiens (an de Rome 274) | | | |
Les Romains étaient en guerre avec les Véiens. La famille des Fabiens demanda à marcher contre l'ennemi en son propre nom (1). Ils partirent au nombre de trois cent six sous le commandement du consul Fabius. Après avoir repoussé plusieurs fois les Véiens, ils campèrent sur les bords de la Crémère. Les ennemis, abandonnant alors la force ouverte pour employer la ruse, envoyèrent çà et là des troupeaux à la vue de leur camp. Dans le dessein de s'en emparer, les Fabiens accoururent sans nulle méfiance ; mais ils tombèrent dans les embuscades des Véiens, et furent massacrés jusqu'au dernier. Le jour où ce malheur arriva (2) fut mis au nombre des jours néfastes, et la porte par laquelle ces braves guerriers étaient sortis fut nommée Scélérate (3). Un seul rejeton de la famille, qui était resté à Rome à cause de sa trop grande jeunesse, perpétua sa race (4) jusqu'à ce Quintus Fabius Maximus qui vainquit Annibal en temporisant, et que pour cette raison les ennemis de sa gloire surnommèrent Cunctator ou le temporiseur (5).
| (1) Perizonius pense qu'il est peu vraisemblable qu'une seule famille ait pu fournir un si grand nombre d'hommes en état de porter les armes. Selon ce savant et judicieux critique, cette petite armée devait être composée des Fabiens et de leurs clients. Quant à nous, nous trouvons encore plus invraisemblable que sur tant d'hommes faits, il n'y ait eu qu'un enfant mâle en bas âge.
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| (2) Le 15 des kalendes du mois d'août, ou le 17 juillet.
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| (3) C'était la porte Carmentale, ainsi nommée de Carmenta, mère d'Evandre, ancien roi du Latium. Elle était située au pied du Capitole, entre le roc Tarpéien et le Tibre. Le temple de la déesse Carmenta en était voisin.
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| (4) Il épousa la fille de Numerius Otacilius Maleventanus, à condition qu'il donnerait à son fils aîné le prénom de Numerius : à quoi il consentit.
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| (5) C'est de lui qu'il est question dans ce vers de l'Enéide, 1.6. : Unus qui nobis cunctando restituit rem.
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