XVI - Aulus Postumius, dictateur (an de Rome 257) | | | |
Tarquin, chassé (1) de l'Etrurie, se réfugia auprès de Mamilius de Tusculum, son gendre, qui souleva en sa faveur les peuples du Latium. Les Romains, se trouvant alors vivement pressés, nommèrent dictateur A. Postumius (2). Les deux armées en vinrent aux mains auprès du lac Regille (3). Comme la victoire était depuis longtemps disputée, le maître de la cavalerie (4) ordonna à ses soldats de lâcher la bride à leurs chevaux pour que rien ne pût arrêter leur impétuosité. Les Latins furent mis en déroute par cette charge, et leur camp tomba au pouvoir des Romains. Dans cette circonstance, deux jeunes guerriers, montés sur des chevaux blancs, apparurent au milieu de la cavalerie, et combattirent avec une valeur qui fut remarquée de toute l'armée. Après la bataille, le dictateur les fit chercher, mais en vain, pour leur donner la récompense qu'ils méritaient. Persuadé alors que c'étaient Castor et Pollux, il leur dédia un temple sous un titre commun (5).
| (1) On lit dans le texte ejectus, terme qui doit bien humilier les princes auxquels on refuse un asile, ou qu'on renvoie par des motifs que dicte la politique. Ovide a dit : Turpius ejicitur quam non admittitur hospes. L'exemple de Tarquin nous apprend combien peu les princes malheureux doivent compter sur une protection durable, de la part des puissances qu'ils ont appelées à leur secours, à moins que ces puissances ne trouvent leur intérêt à la leur continuer. La Providence seule protège bien les malheureux.
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| (2) A. Postumius est le premier dictateur dont l'histoire romaine fasse mention. Cette dignité, supérieure à celle des consuls, ne s'accordait que pour six mois et dans une pressante nécessité. Celui qui en était revêtu exerçait une puissance absolue sur les citoyens. Sylla est le premier qui ait pris le titre de dictateur perpétuel, et Jules César le second.
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| (3) Ce lac était situé dans le territoire de Tusculum. Victor dit Regilli lacum au lieu de Regillum lacum, parce qu'il y avait une ville de ce nom. Ainsi, comme on ne dit pas le lac Genève, mais de Genève, il nous semble qu'il faudrait dire le lac de Régille.
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| (4) Le maître de la cavalerie était un officier-général, sur qui le dictateur se déchargeait du commandement de cette arme, pour se charger lui-même de celui de l'infanterie. Sous les rois, les tribuns des Célères en remplissaient les fonctions.
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| (5) Ce temple fut bâti au-dessus du forum. Il ne portait que le nom de Castor, quoique Victor dise : Communi titulo.
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