VIII - Tarquin le Superbe (an de Rome 219 et suiv.) | | | |
Tarquin s'attira par son caractère le surnom de Superbe. Quoiqu'il fût monté sur le trône par le meurtre de son beau-père, il se signala néanmoins par son courage dans les combats. Les Latins et les Sabins furent soumis ; il enleva aux Volsques la ville de Suessa-Pométia ; et, par un stratagème de son fils Sextus, il se rendit maître de Gabies (1). De plus, il institua les féries latines (2), fit construire des loges dans le cirque, et le grand égout pour lequel tout le peuple mit la main à l'oeuvre ; ce qui fit donner à cet ouvrage le nom de fosses romaines (3). En faisant creuser les fondements du Capitole, il trouva une tête d'homme. Cet événement fit croire aux Romains que leur ville serait un jour la capitale du monde entier. Dans le temps que Tarquin assiégeait la ville d'Ardée (4), un de ses fils se rendit coupable de viol envers Lucrèce. Il fut banni de Rome avec lui, et se retira auprès de Porsenna, roi d'Etrurie, avec le secours duquel il essaya en vain de recouvrer son royaume. Ensuite, obligé de sortir du pays des Latins, il se rendit à Cumes, où il passa le reste de ses jours dans l'opprobre.
| (1) Selon Strabon, cette ville était située à égale distance de Rome et de Préneste. Elle n'existe plus.
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| (2) Nous ne pouvons mieux faire connaître à nos lecteurs en quoi consistaient les féries latines, que par les détails que nous a laissés à ce sujet Denis d'Halycarnasse, 1. 4 : «Tarquin, dit-il, proposa de désigner un temple commun où les Romains, les Latins, les Herniques, les Volsques se rendraient chaque année pour vendre leurs marchandises, prendre ensemble leurs repas, et offrir des sacrifices. Une haute montagne, qui dominait le pays des Albains, et s'élevait presqu'au centre du territoire de ces peuples, fut choisie pour le lieu de ce rassemblement. Les féries s'y célébraient une fois par an. Pendant leur durée, tous devaient s'abstenir de quelque violence que ce fût, les uns à l'égard des autres, soit à cause de la sainteté du lieu, soit en vertu d'une loi qui fut faite à ce sujet. La même loi portait que les sacrifices qui devaient être offerts à Jupiter Latial, ainsi que les repas, seraient en commun, d'après la contribution qui aurait été imposée à chaque peuple, et la portion qui lui aurait été assignée. Quarante-sept peuples participent à ces féries et à ces sacrifices. On les célèbre encore de notre temps sous le nom de féries latines. Les peuples qui s'y rendent pour sacrifier apportent, les uns des agneaux, les autres des fromages, quelques-uns du lait, quelques autres des gâteaux. La victime est un taureau qui appartient à tous. On distribue à chaque peuple une partie de ses entrailles. Le sacrifice est offert pour tous. Les Romains y président».
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| (3) Selon P. Festus, le mot cloaca dérive ou de cloacando, id est inquinando, ou de colando, id est fluendo. Le grand égout se divisait auprès du temple de Jupiter Stator en trois conduits, dont deux furent fermés dans la suite. Le troisième, où coulait une eau très limpide, passait par le lac Curtius, sous le forum romain, côtoyait le mont Palatin jusqu'au Velabrum, et aboutissait au Tibre par un canal formé de pierres carrées.
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| (4) Ville d'Etrurie, ainsi appelée du nom d'un oiseau ; elle avait été la capitale du royaume de Turnus. Du nom d'Ardée on a formé celui d'Ardélion, qu'on donne à une espèce d'hommes qui entreprennent beaucoup, n'achèvent rien, ou qui effleurent toutes les sciences, sans en apprendre les principes.
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