XLV - Scipion Nasica (an de Rome 549 à 600) | | | |
P. Scipion Nasica (1), reconnu par le sénat pour le plus vertueux des Romains, eut l'insigne honneur de recevoir dans sa maison la mère des dieux. Nommé consul par le tribun Gracchus, il se démit de cette magistrature, en apprenant que les augures ne lui avaient pas été favorables (2). Elu censeur, il fit enlever du forum des statues que d'ambitieux citoyens s'y étaient érigé à eux-mêmes. Pendant son consulat, il s'empara de Delminium, capitale de la Dalmatie. Après cet exploit, il refusa le titre d'imperator (3) que les soldats voulaient lui donner, ainsi que le triomphe qui lui fut décerné par le sénat. Scipion Nasica était l'homme le plus éloquent de son temps, le plus habile jurisconsulte, le magistrat le plus prudent et le plus sage. Ses belles qualités lui firent donner le surnom de Corculum (4).
| (1) Aurelius Victor confond dans ce chapitre les actions du père avec celles du fils, comme il a fait plus haut, en parlant des deux Attilius.
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| (2) Cette phrase regarde Scipion le fils, et la précédente se rapporte au père. Le pronom is par lequel elle commence dans le latin, devrait être remplacé par ejus.
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| (3) C'était un titre militaire qui n'était accordé qu'à un général victorieux, dont l'armée avait tué dix mille ennemis.
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| (4) Il ne faut point entendre ce mot diminutif de cor dans le sens qu'on lui donne quelquefois, en le traduisant par petit coeur. Il semble au contraire qu'il faudrait le rendre par homme de coeur, d'un grand coeur. Corculum se trouve dans le Brutus et les Tusculanes de Cicéron. Victor mêle encore ici l'histoire du père à celle du fils, à qui fut donné le surnom de Corculum.
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