XLVI - M. Marcellus (an de Rome 531 à 545)

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M. Marcellus vainquit dans un combat singulier Viridomare, général gaulois, et fut, après Romulus, le troisième Romain qui consacra des dépouilles opimes à Jupiter Férétrien (1). Le premier il apprit aux soldats à se retirer sans présenter le dos à l'ennemi. Il prouva qu'Annibal n'était pas invincible, par la victoire qu'il remporta sur ce grand capitaine, près de la ville de Nôle, à la faveur d'un défilé, vers lequel il l'avait attiré. Il se rendit maître de Syracuse après un siège de trois ans (2). Le sénat, trompé par les calomnies de ses ennemis, lui refusa le triomphe qu'il avait mérité pour cet exploit ; mais il se rendit à lui-même cet honneur sur le mont Albain (3). Il était consul pour la cinquième fois lorsqu'il fut tué dans une embuscade (4) qu'Annibal lui avait dressée. Ce général lui fit de pompeuses funérailles, et ordonna que ses restes fussent portés à Rome. Malheureusement ceux auxquels il avait confié ce précieux dépôt, ayant été attaqués par des maraudeurs, l'abandonnèrent pour se défendre. Ainsi les cendres de Marcellus périrent éparses sur le champ de bataille (5).


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(1)  Les phrases latines, Spolia opima Jovi Feretrio tertius a Romulo consecravit. Primus docuit quomodo milites cederent, nec terga praeberent, et le mot Hannibalem ne se lit ni dans les manuscrits, ni dans les anciennes éditions. C'est évidemment un passage en partie intercalé dans quelques manuscrits récemment découverts, et en partie mutilé par les copistes.

(2)  Ce siège ne dura si longtemps que par l'effet des machines de l'invention du grand géomètre et mécanicien Archimède.

(3)  Tite-Live rapporte, 1.26, ch.21, que le sénat lui décerna l'ovation.

(4)  Ce malheur lui arriva comme il se rendait avec Crispinus et une faible escorte sur une colline, située entre son camp et celui des ennemis, dans le dessein de reconnaître leur position.

(5)  Voici comment Plutarque rapporte cet événement : «Annibal, ayant fait brûler solennellement le corps de Marcellus, on enferma les cendres dans une urne d'argent, surmontée d'une couronne d'or, et les envoya à son fils. Des Numides maraudeurs survinrent et attaquèrent ceux qui portaient cette urne, afin de s'en emparer. Pendant le combat les cendres et les os furent dispersés. A la nouvelle de cet événement, Annibal dit que rien n'arrivait sans la volonté des dieux. Il fit punir les Numides, mais il ne songea point à faire recueillir les restes de Marcellus».