LXXIX - Jules César (an de Rome 693 à 709)

Chapitre 78SommaireChapitre 80

Jules César
Musée Campana

C. Julius César fut surnommé Divus (Divin ) à cause de l'admiration qu'inspirait la grandeur de ses exploits. Jeune encore, il partit pour l'Asie, accompagné de son ami Thermus. Les fréquentes visites qu'il rendit à Nicomède, roi de Bithynie, le firent accuser d'une conduite contraire à la pudeur. De retour à Rome, il fit condamner Dolabella. Ensuite, s'étant embarqué pour l'île de Rhodes, avec l'intention de s'y perfectionner dans l'éloquence (1), il fut pris par des pirates ; mais il recouvra sa liberté, en leur payant une rancon. Quelque temps après il les fit prisonniers, et les punit du dernier supplice. Elu préteur, il se rendit maître de la Lusitanie, et conquit la Gaule, depuis les Alpes jusqu'à l'Océan, qu'il traversa deux fois pour soumettre la Grande-Bretagne. Après tant de victoires il demanda le triomphe ; mais Pompée le lui fit refuser par le sénat. Pour se venger, il prit les armes (2), chassa Pompée de Rome, et le poursuivit jusqu'à Pharsale, où il le vainquit. Lorsqu'à son arrivée en Egypte, on lui présenta la tête de son rival, il versa des larmes et lui fit de magnifiques funérailles. Les ministres de Ptolémée osèrent l'assiéger lui-même ; il les défit, et, par leur mort et celle du roi, il satisfit aux mânes de Pompée. Dans le même temps, par la seule terreur de son nom, il contraignit Pharnace à sortir de ses états (3). A ces exploits il faut ajouter la défaite de Juba et de Scipion en Afrique (4), et la grande victoire qu'il remporta en Espagne, auprès de la ville de Munda sur les fils de Pompée. Par sa clémence à l'égard des amis de Pompée il éteignit toutes les haines, et déposa ses ressentiments avec ses armes. Lentulus (5), Afranius, et Faustus, fils de Sylla, furent les seuls Romains qu'il fit mourir. Le sénat lui avait décerné la dictature pour toute sa vie, lorsqu'il y fut assassiné, de vingt-trois coups de poignard, par des conjurés, à la tête desquels étaient Brutus et Cassius. Son corps fut exposé devant la tribune aux harangues. On dit qu'il y eut dans cette circonstance une éclipse de soleil (6).


Chapitre 78Haut de la pageChapitre 80

(1)  Il suivit, à cet effet, des leçons d'Apollonius Molon, célèbre rhéteur de ce temps-là, dont Cicéron fut aussi le disciple.

(2)  Le refus qu'on fit du triomphe à César ne fut pas la seule cause de sa rébellion. Il y faut ajouter le sénatus-consulte que fit rendre Pompée pour l'obliger à renvoyer ses troupes, et à venir de la Gaule se justifier dans l'assemblée des comices.

(3)  Ce combat où César fut vainqueur ne dura que quatre heures. Ce fut à cette occasion qu'il écrivit à Cléopâtre ces mots célèbres : veni, vidi, vici ; je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu.

(4)  Cette défaite arriva auprès de la ville de Thapse.

(5)  On trouve Lentulus dans tous les manuscrits. Schott pense, d'après Dion et Suétone, qu'il faudrait lire L. Caesarem. Ce Romain, qui était parent de César et son ennemi, fut mis à mort par ses ordres. Ni Florus, ni les autres historiens, ne parlent de ce Lentulus.

(6)  Scaliger a fort bien prouvé, dans son ouvrage de Emendat. temp., 1. 5, qu'il n'y eut alors aucune éclipse de soleil : mais Plutarque, Horace et Suétone rapportent que, dans le temps où Octave faisait célébrer des jeux en l'honneur de César, il parut dans le ciel, pendant sept jours, un astre chevelu, une comète.