Chapitre 48

Comment le roi En Pierre, après avoir terminé ses visites, tint ses cortès à Barcelone, dans lesquelles il régla les affaires du royaume, et fit amiral son fils En Jacques-Pierre, qu'il chargea de surveiller les travaux qui se faisaient en Catalogne, ainsi que la construction des galères ; et comment, au jour fixé, tout le monde fut réuni au port Fangos.

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Ledit seigneur roi ne cessait de visiter, examiner et hâter tous ses ouvrages. Aussi avançait-on tout, à cause de lui, plus rapidement en huit jours qu'on n'aurait pu le faire dans l'espace d'un mois s'il ne fût allé inspecter les travaux en personne. Or, voyant que tout était presque terminé, il convoqua ses cortès à Barcelone et là il régla les affaires de son royaume et les objets relatifs à son expédition. Il créa amiral un fils naturel qu'il avait et qui se nommait En Jacques-Pierre, jeune homme très agréable et fort capable en toutes choses. Ledit En Jacques-Pierre prit le bâton d'amiral, et nomma vice-amiral un chevalier catalan de très bonne maison, nommé En Cortada, bon homme d'armes et plein de bon jugement et d'expérience sur tout ce qui était propre à la chevalerie. Après cela il fixa au 1er mai le jour auquel tous ceux qui devaient être du voyage seraient rendus au port Fangos (1) tout armés et prêts à s'embarquer. Il ordonna qu'En Raymond Marquet et En Bérenger Mallol seraient chargés de faire pousser avec vigueur les travaux de Catalogne, aussi bien galères que barques et nefs. Il désigna en chaque lieu de bons marins pour tenir l'oeil aux préparatifs qui se faisaient pour le passage aux lieux de leurs résidences. Dans Valence le seigneur En Jacques-Pierre qui était du royaume de Valence, se chargea de hâter les préparatifs de la flotte aussi bien que des cavaliers, des almogavares et des arbalétriers du pays d'en haut. Que vous dirai-je ? en tous lieux, soit de la côte, soit de l'intérieur, le roi voulut que les troupes et les travaux fussent rapidement poussés, afin qu'au jour désigné tout fût réuni et par mer et par terre, ceux-ci à Tortose, ceux-là au port Fangos. Que vous dirai-je de plus ? Tout le monde s'y rendit avec la meilleure volonté ; ceux qui devaient emmener cent balistes en emmenèrent deux fois autant, et les varlets les suivirent, sans même qu'on le voulût, et refusèrent de recevoir un sou de solde. Tout ce qu'il y avait de captals au royaume d'Aragon, en Catalogne et Valence, et les syndics de toutes les cités s'y rendirent aussi. Le roi arriva et campa devant le port Fangos, où toute la flotte était réunie avec tout ce qui était nécessaire au voyage, de sorte que le roi, les comtes, barons, chevaliers, almogavares et varlets de menées n'avaient plus qu'à s'embarquer.


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(1) Ce port est maintenant fermé par les alluvions de l'Ebre.