[XIV. Représentations artistiques de Déméter]
Déméter a été d'abord adorée dans des arbres sacrés ou sous la forme d'Argoi lithoi. Parmi les douze pierres brutes de l'agora de Pharae, représentant les grands dieux, il y en avait une pour Déméter. Pausanias mentionne, comme subsistant encore de son temps, un certain nombre de xoana très antiques de la déesse. Dans la plupart elle était assise. Les idoles de terre-cuite de Tégée peuvent donner une idée des xoana de cette classe. D'autres devaient ressembler au simulacre presque informe de la déesse de Lydie, munie des attributs des épis et du pavot, dont nous plaçons ici une image, empruntée à un médaillon d'argent de la province d'Asie [Cistophori], qui porte au droit l'effigie d'Hadrien.
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Parmi les
xoana mentionnés par Pausanias, le plus étrange était celui de la Déméter Melaina de Phigalie. Il était primitivement en bois, mais il fut détruit dans un incendie. Après un certain intervalle, il fut refait en marbre par Onatas d'Egine, mais d'une manière exactement conforme à l'ancien type, d'après l'ordre d'un oracle. La déesse y était assise, vêtue d'une tunique talaire. Elle avait sur ses épaules, au lieu d'une tête humaine, une tête de cheval avec sa crinière, autour de laquelle se dressaient des serpents ; sur une main un dauphin, sur l'autre une colombe. Des doutes ont été élevés par divers érudits sur l'existence réelle de ce bizarre simulacre ; ces doutes sont devenus une négation formelle sous la plume de M. Petersen et de M. Overbeck. Pas plus que M. R. Foerster, je n'y saurais souscrire. Pausanias, il est vrai, ne parle de la statue de Phigalie que par ouï-dire ; elle avait été détruite depuis trois générations par un éboulement de la voûte de la grotte sous laquelle elle était placée. II y a aussi quelque chose d'étrange et d'inattendu à voir Onatas, même sur la prescription d'un oracle, consentir à reproduire un type aussi monstrueux, aussi en dehors des habitudes et de l'esprit de l'art de son temps. Mais il est incontestable aujourd'hui que l'art hellénique, lors de ses premiers balbutiements, a eu assez fréquemment recours à la combinaison de têtes d'animaux placées sur des corps humains dans la représentation des divinités, à l'imitation de ce qui se faisait en Egypte et en Asie. On trouve des combinaisons de ce genre dans les grossières intailles, du travail le plus archaïque, qui se rencontrent dans les îles de l'Archipel. L'auteur des
Philosophumena parlant d'après Plutarque des peintures très anciennes du
pastas des Lycomides à Phlya en Attique, y signale une figure de femme à tête de chien. Deux vases archaïques du Louvre offrent des personnages, l'un à tête de lion, l'autre à tête de lièvre. A côté de ces exemples, la tête de cheval de la Déméter Melaina n'a rien d'invraisemblable ; et en même temps, cette particularité du symbolisme des premiers temps grecs était trop oubliée à l'époque de Pausanias pour venir à l'esprit de ceux qui auraient cherché à inventer une image fabuleuse. Il en est de même des autres attributs prêtés à la même statue. Une monnaie de Parium de Mysie montre à nos regards une Déméter enveloppée de serpents et ayant près d'elle un dauphin. Quant à la colombe, des textes formels la donnent à la même déesse.
Cicéron parle d'une ancienne statue de bronze de Déméter tenant les flambeaux, qui existait à Enna et qui paraît avoir daté du temps de la fondation des temples de cette localité, sous Gélon. C'est d'une statue assise de cette période de l'art que le type est imité dans la terre cuite ci-jointe, trouvée dans un tombeau d'Egine, qui appartient au Musée Britannique et porte les traces d'une inscription dédicatoire peinte sur le dossier du trône de la déesse. Des terres cuites de l'Italie méridionale offrent une image analogue, pour laquelle le nom le plus vraisemblable est celui de Déméter. Les deux Grandes Déesses étaient représentées dans les sculptures de la base de l'Apollon Amycléen, et leur mode de figuration pendant la période de l'ancien style et de l'art hiératique a été copié dans un certain nombre de bas-reliefs d'un archaïsme d'imitation, comme l'Autel des douze dieux du musée du Louvre, où il ne reste plus malheureusement d'antique de la figure de Déméter que la partie inférieure, une base carrée de la Villa Albani et le puteal du Palais Colonna.
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Les deux statues de Damia et d'Auxésia, qui couronnaient en acrotères le fronton du temple d'Egine, peuvent être prises comme spécimens de la représentation des Grandes Déesses dans l'école éginétique. Mais il est à remarquer que le type qui est donné également à toutes les deux se montre en général spécialement propre aux images de Coré [
Proserpina], de même que c'est celui qui, toujours empreint d'un accent d'archaïsme, est conservé par les Romains pour la figure de Spes. A l'école des sculpteurs attiques qui précédèrent immédiatement Phidias paraît dû le
grand bas-relief d'Eleusis, dont le sujet précis est encore douteux, mais qui contient certainement une représentation de Déméter et de Coré.
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Phidias et ses élèves ont représenté les deux Grandes Déesses d'Eleusis, la mère et la fille, dans un des deux groupes les plus admirables et les plus fameux du fronton oriental du Parthénon. La figure de Déméter que la plupart des interprètes ont cru reconnaître dans l'assemblée des dieux qui occupe le centre de la frise, du côté de l'est, est plus douteuse. M. Benndorf a établi que le Praxitèle auteur de trois statues de Déméter, Coré et Iacchos, qui se trouvaient dans le temple de Déméter à Athènes n'était pas le grand sculpteur de ce nom, mais un contemporain et probablement un élève de Phidias. Vers la CIIe olympiade, vivait Damophon de Messène, à qui l'on dut les images de Déméter et de sa fille dans les temples de Mégalopolis et d'Acacésion. Vers le même temps, Euclide d'Athènes exécuta les statues du temple de Bura en Achaïe, dont l'une représentait Dérnéter. Mais le maître qui établit définitivement le type plastique de Déméter fut le chef de la nouvelle école attique, Praxitèle, qui, à notre connaissance, exécuta cinq statues différentes de la déesse, représentée isolément ou groupée avec d'autres personnages, dans des attitudes variées. Un peu après lui, on nomme encore Sthennis d'Olynthe, qui avait fait trois figures de bronze de Déméter, Zeus et Athéné, transportées ensuite à Rome, dans le temple de la Concorde.
On ne cite aucun tableau célèbre de Déméter. Mais cette déesse tenait sa place dans les compositions des douze grands dieux de Zeuxis, d'Euphranor et d'Asclépiodore. Se mettant dans son char attelé de serpents à la poursuite du ravisseur, elle figurait aussi certainement dans le tableau de l'enlèvement de Perséphoné par Nicomaque, qui, transporté à Rome et conservé dans la cella de Minerve au grand temple du Capitole, a été le prototype imité dans tous les sarcophages de l'époque romaine qui offrent le même sujet [Proserpina].
Malgré la grandeur des artistes qui se sont attachés à le créer, le type idéal de Déméter est peut-être, entre ceux des divinités féminines et matronales, le moins nettement déterminé et le moins fixe. On peut dire que, dans les oeuvres de l'art antique, la déesse d'Eleusis ne se reconnaît avec certitude qu'à ses attributs. S'il fallait pourtant donner une définition un peu précise de l'aspect qui lui a été le plus généralement donné, surtout sous l'influence de l'école de Praxitèle, et de ce qui distingue cet aspect de celui de Héra et de Hestia, le trait qui nous semblerait le plus frappant à relever, c'est que son type est toujours moins idéal, se rapproche davantage de l'humanité. Le caractère matronal, qui semblerait au premier abord une conséquence nécessaire de la nature et du rôle mythologique de Déméter, est loin de lui être donné d'une manière constante. Elle a quelquefois, au contraire, une apparence singulièrement juvénile, à tel point que, comme nous l'avons déjà dit [sect. VIII], la distinction des traits de la mère et de la fille devient dans bien des cas presque impossible. Rien de plus instructif à cet égard que la planche où M. Overbeck a réuni les principaux exemples des têtes des Grandes Déesses représentées sur les monnaies antiques. Un tiers au moins de ces effigies demeurent incertaines, sans qu'on puisse déterminer d'une manière positive s'il faut les attribuer à Déméter ou à Coré. De même, en présence des nombreux vases peints qui montrent Triptolème avec les deux déesses qui assistent à son départ [Triptolemus], les érudits ont éprouvé souvent, pour dire quelle est la mère et quelle est la fille, des hésitations que les inscriptions, jointes aux figures sur un certain nombre de ces monuments, dissipent seules en quelques cas.
| Les statues authentiques de Déméter sont rares. La majorité de celles que l'on donne comme telles dans les musées doivent être impitoyablement écartées, car leur attribution, souvent d'une fausseté manifeste, ne repose que sur des attributs ajoutés par la fantaisie des restaurateurs modernes et qui n'ont rien d'antique. Une des plus belles et des plus certaines est la statue colossale du musée du Vatican, qui peut servir de type de tout un groupe de figures analogues, parmi lesquelles le premier rang, au point de vue de l'art, appartient sans conteste à une statue du musée du Capitole, restaurée à tort en Junon. Ces statues ont une étroite parenté de type avec la Déméter du grand bas-relief d'Eleusis ; l'aspect de la déesse y est très matronal. Originairement, la main gauche élevée s'appuyait à un long sceptre. La numismatique nous offre de nombreux exemples d'images de Déméter conçues dans la même donnée.
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La statuette (haute de 1 m.) du palais Doria à Rome, est le type le plus complet d'un autre groupe d'images, où la déesse est voilée et tient le flambeau en même temps que les épis. On en voit de semblables sur quelques médailles.
Un troisième groupe de représentations statuaires de Déméter debout est constitué principalement par la prétendue Sapho de la villa Albani et par deux marbres du musée de Naples. Ici la figure, par sa pose et son costume, rappelle la Coré du bas-relief d'Eleusis ; la tête est sensiblement juvénile, mais les formes du corps conviennent mieux à la mère qu'à la fille.
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| Les monnaies nous offrent de nombreuses figures de Déméter assise, qui doivent être copiées d'images des temples. Jusqu'à présent on ne connaît qu'une seule statue du même genre, d'attribution certaine. Elle appartient au musée de Naples et les attributs y ont été restitués d'après des indications sûres, si ce n'est que le restaurateur a refait trop court le flambeau que tient la déesse. La statue assise de Cnide nous offre un type spécial, la Déméter Achea ou affligée. Les deux statuettes de Strawberry-Hill et de la collection Blundell, dont il a été question dans la section XIII, représentent aussi la déesse assise, mais avec des attributs d'une nature exceptionnelle.
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La figure ci-jointe fournit un beau spécimen des représentations, assez rares jusqu'à présent, de Déméter dans les peintures murales des villes de la Campanie. L'artiste l'y a envisagée exclusivement comme déesse des moissons, comme amallophoros ou ioulô, bien que tenant le flambeau avec les épis. Une autre peinture intéressante de Pompéi représente Déméter Chloé debout, nimbée, les cheveux ceints d'épis et de feuillages verts, tenant un flambeau richement orné, autour duquel s'enroule une bandelette, et une corbeille plate, remplie d'épis et de feuillages. Albricus décrit en grand détail une peinture, évidemment des bas temps romains, où l'on voyait, entre deux arbres chargés de fruits, Cérès assise sur un boeuf. A son bras droit était suspendu un calathos rempli de semences ; sa main droite tenait une houe et la gauche une faucille. A droite de la déesse, étaient un laboureur et un semeur, à sa gauche, un moissonneur et un batteur. Dans le haut de la composition l'on voyait à droite Junon versant la pluie, à gauche Apollon, comme soleil, répandant ses rayons.
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| Les représentations de Déméter sont assez multipliées sur les vases peints, surtout dans les scènes de la mission de Triptolème et dans les sujets empruntés au mythe de Perséphoné. Deux des illustrations insérées plus haut dans cet article en donnent de bons spécimens. Nous en ajoutons ici un troisième. Cette figure de la déesse, tenant les épis et un court flambeau allumé, est remarquable par les riches broderies de son péplos et par la luxueuse couronne à pointes qui ceint son front. Quelques autres peintures de vases, en petit nombre, donnent le même ornement de tête à la déesse, avec de légères variantes ; il s'observe aussi sur une médaille d'Hermioné, où il forme un simple cercle de métal, sans pointes ni dentelures. Sur une monnaie d'Olbia, c'est une véritable couronne murale qui se combine avec les épis autour de la tête de Déméter ; elle la caractérise comme divinité poliade, comme la Purgophoros dont parle Suidas.
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Mais la vraie couronne de Déméter, l'ornement qui charge le plus habituellement sa tête, quand elle en porte un, est le Calathus, trop souvent désigné des archéologues sous la dénomination impropre de
modius. Dans certains cas, comme sur le fameux vase à reliefs de Cumes, le calathos dont est coiffée Déméter se surcharge d'ornements somptueux, à la façon de celui de métal que l'on a découvert dans le tombeau d'une de ses prêtresses, au Bosphore Cimmérien. Il tourne alors à la tiare droite ou
cidaris, que nous voyons aussi à la déesse dans quelques
peintures de vases et qui lui valait à Phénée le surnom de Cidaria.
Le voile se combine avec le calathos, comme coiffure de Déméter, dans le bas-relief affectant l'archaïsme de la base de la villa Albani et dans une belle statuette de terre cuite, trouvée à Eleusis même, que possède le Musée du Louvre. Cette figurine est manifestement copiée d'une statue de la plus grande époque de l'art, empreinte d'un accent hiératique intentionnellement cherché par le sculpteur, peut-être de celle qui se dressait à l'intérieur de l'anactoron d'Eleusis, et que certains indices, dans les témoignages littéraires, permettent de soupçonner avoir été chryséléphantine. L'objet que la déesse y tient dans sa main droite, tandis que la gauche porte le porc, est très probablement le flambeau allumé ; on a un certain nombre d'exemples d'une représentation aussi conventionnelle de sa flamine.
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Déméter est, du reste, très souvent voilée dans les monuments figurés de toute nature ; le voile est un de ses attributs caractéristiques. Nous avons vu plus haut qu'il lui est constamment donné quand on la représente comme
Achea ou désolée. Mais elle n'a pas besoin d'être envisagée sous cet aspect pour être voilée. Cet attribut appartient, aussi bien qu'à elle, à toutes les déesses matronales. Et il est à remarquer que, parmi les têtes de Déméter figurées sur les médailles, celles où elle est voilée sont incontestablement celles où le caractère matronal est le plus accusé.
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On rencontre dans les collections d'antiquités des bustes
estampés de terre cuite, qui n'ont jamais que la face antérieure,
ayant été destinés à servir d'appliques,
et où la figure est toujours coupée au-dessous de la
poitrine. Ces bustes représentent ou bien Déméter
voilée, comme dans le bel exemple que nous insérons
ici, ou bien Coré [Proserpina],
Dionysos [Bacchus] et même Aphrodite, en tant qu'Epitymbia
ou Tymbôrychos, se confondant avec Coré [Venus].
Ces bustes se déposaient dans les tombes grecques, appliqués
contre une des parois et disposés de manière à
ce que la divinité qu'ils représentent parût s'élever
de la terre, dans laquelle la partie inférieure de son corps
serait encore engagée. C'est là un type de représentation
propre aux divinités chthoniennes, qui résident sous
la terre et opèrent à la surface du sol, au printemps,
une montée périodique, type et gage de la palingénésie
des morts.
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Déméter, Coré et Dionysos étaient ainsi figurés dans les images de culte du Nymphôn de Pyraia, près de Sicyone. Un bas-relief provenant du tombeau des Haterii sur la voie Labicane, actuellement conservé au Musée du Latran, montre, sous une forme de buste, Déméter, Coré, Hadès-Pluton et Hermès Psychopompe, ou, pour employer les noms latins, Cérès, Proserpine, Pluton et Mercure. Des bustes isolés de Déméter, s'élevant du sol, s'observent aussi sur des plaques décoratives de terre cuite et dans les peintures murales de tombeaux helléniques. Même notre déesse, comme Dionysos, pouvait être quelquefois représentée, à titre de simulacre de culte, par un simple masque. Telle était la Déméter Cidaria de Phénée. Il est bon d'y comparer les témoignages établissant que l'on représentait par une simple tête, dans une intention symbolique, la Praxidiké de la Béotie, déesse chthonienne et infernale, qui a par certains côtés une grande parenté avec Déméter.
On parle d'une
theôn agora en Eleusini, dont la mention devient proverbiale. Cette expression définit parfaitement les réunions de divinités que nous trouvons quelquefois sur les monuments autour des Grandes Déesses d'Eleusis, celle, par exemple, qui assiste au départ de Triptolème sur la cylix peinte à figures rouges du potier Hiéron où tous les personnages sont désignés par leurs noms. Le plus important et le plus magnifique exemple de ces réunions de divinités à Eleusis, en rapport avec le culte mystique de la ville, est fourni par le
célèbre vase à reliefs peints de Cumes, au Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg.
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Nous en reproduisons ici la composition. Au centre, on voit Déméter assise sur le rocher de agelastos petra, coiffée d'un riche calathos et tenant le sceptre, entre Coré et Dionysos, tous les deux debout : Coré étroitement enveloppée dans son himation et tenant un long flambeau allumé ; Dionysos, qui tient la place d'Iacchos adolescent, couronné de lierre, portant le thyrse, vêtu de la stola théâtrale et ayant derrière lui le trépied des concours choragiques. Des deux côtés de ce groupe des trois divinités principales, sont Triptolème, assis sur son char attelé de serpents, et Eubuleus debout, tenant le Bacchos des initiés et apportant le porc du sacrifice ; il remplit ici l'office de l'epibomios dans les Eleusinies, et Triptolème celui de l'hierophantes, comme dans les peintures de vases où il initie Héraclès et les Dioscures [Triptolemus]. L'extrémité gauche de la composition est occupée par les figures de Rhéa assise, coiffée d'un haut calathos richement orné, qui tient ici la même place que Gê Kourotrophos dans le grand sacrifice des Hieropoioi à Eleusis [Eleusinia, sect. VI], et d'un héros juvénile, l'un des autochthones d'Eleusis, probablement Caucon, qui fait l'office de Dadochus. A l'extrémité de droite sont Athéné et Aphrodite assise, entre elles deux Artémis-Hécate debout, tenant les flambeaux : c'est le groupe des trois déesses compagnes de Coré au moment où elle fut enlevée.
Article de F. Lenormant