Scène 1
Cicéron
CICERON
Orgueilleux monuments d'une grandeur
passée,
Qui par celle des dieux n'étoit point
effacée ;
Et vous, marbres sacrés de nos premiers
aïeux,
Qui faisiez l'ornement de ces superbes lieux,
En vain, de vos travaux célébrant la
mémoire,
Rome a cru de vos noms éterniser la gloire
;
Bientôt vous ne serez qu'un horrible
débris,
Et de nouveaux objets de larmes et de cris.
Déjà les rejetons de vos tiges
fameuses,
D'Antoine et de César victimes
malheureuses,
N'offrent plus à nos yeux qu'un mélange
confus
De morts et de mourants dans la fange
étendus.
(il jette les jeux sur le tableau des proscriptions,
et il voit son nom)
Mais, parmi tant d'horreurs, quelle gloire
imprévue
Vient ranimer mon coeur et briller à ma vue
?
Mon nom ne sera plus étouffé dans
l'oubli,
Et dans ses dignités le voilà
rétabli.
Enfin je suis proscrit : que mon âme est ravie
!
Je renais au moment qu'on m'arrache la vie.
Héros infortunés, souffrez que ce
tableau
Me serve, ainsi qu'à vous, de trône et de
tombeau.
Je mourrai dans ton sein, ô ma chère
patrie !
Eh ! que ne peut mon sang épuiser la furie
Des cruels triumvirs qui s'abreuvent du tien !
Qu'avec plaisir pour toi j'aurais donné le mien
!
Au milieu des tourments je serais mort tranquille
;
Je vivais pour toi seule, et je meurs inutile.
Quelqu'un vient.
Scène 2
Mécène, Cicéron
CICERON
C'en est fait ; voici l'heureux instant
Qui va livrer ma tête au glaive qui
l'attend.
Mais je l'espère en vain ; c'est le sage
Mécène,
Qu'une pitié cruelle en tremblant me
ramène,
Et qui me croit peut-être accablé de
douleur
A l'aspect du seul bien qui peut toucher mon
coeur.
MECENE
Malgré les soins divers dont vous étiez
la proie,
Je lis dans vos regards une secrète joie
Qui dissipe ma crainte et flatte mon espoir.
César l'augmente encor, dès qu'il veut
vous revoir.
Ah, Cicéron ! souffrez que je vous
concilie.
Pour triompher d'Antoine, et pour braver Fulvie,
Accordez votre fille aux soins officieux
D'un ami qui voudroit pouvoir l'unir aux dieux ;
Renoncez à l'orgueil de ces vertus
austères
Qu'en des temps moins cruels se prescrivaient nos
pères.
Ce n'est qu'en se pliant à la
nécessité
Que l'on peut des tyrans tromper
l'autorité.
Un torrent n'a jamais causé plus de ravage
Que lorsqu'à son courant on ferme le passage
;
Laissez-le s'écouler, et nous donnez la paix
:
Couronnez par ce don tous vos autres bienfaits.
CICERON
César vous aurait-il chargé de la
conclure,
Rebuté d'outrager les dieux et la nature ?
Moins pressé de la soif de grossir ses
trésors,
Vous aurait-il promis de respecter les morts,
De ne point dépouiller leurs enfants et leurs
femmes
Des biens que ce cruel prodigue à des
infâmes ?
Ignorez-vous encor que des édits nouveaux
Ordonnent de fouiller jusque dans les tombeaux ;
Que son avidité, par des lois inhumaines,
Impose des tributs jusqu'aux dames romaines ?
Vous fait-il espérer que de notre union
L'instant sera la fin de la proscription ?
MECENE
C'est pour vous que d'hier César l'a
suspendue.
CICERON
Hé bien ! sur ce tableau daignez jeter la
vue.
(il lui montre le tableau de la
proscription)
Pour me mieux distinguer, c'est mon funeste nom
Qui seul en fait le prix.
MECENE
Dieux ! quelle trahison !
César aurait dicté cet arrêt
sanguinaire !
Mais non ; je reconnois la main du
téméraire
Qui seul aura tracé cet horrible décret
:
Eh ! quel autre qu'Antoine eût commis ce forfait
?
César jusqu'à ce point eût-il
flétri sa gloire ?
Si je l'en soupçonnais, ou si j'osais le
croire,
Loin de tenter encor de le justifier,
Je serais le premier à le sacrifier.
S'il est vrai que César ait voulu vous
proscrire,
Sur ce même tableau je vais me faire
inscrire.
Adieu : si je ne puis vous sauver de ses coups,
Vous me verrez combattre et mourir avec vous.
Scène 3
Cicéron
CICERON
Eh ! qu'importe à César que nous mourions
ensemble,
Et qu'un même supplice aux enfers nous rassemble
?
Que je plains ton erreur, aveugle courtisan,
Si tu crois par ta mort attendrir un tyran !
Scène 4
Cicéron, Octave
CICERON
Je le vois : terminons ma course
infortunée
Par l'emploi que m'avait commis ma
destinée.
Parlons : fassent les dieux que mes derniers
accents
Ne se réduisent point à des cris
impuissants !
OCTAVE
Cicéron en ces lieux n'a-t-il point vu
Mécène ?
CICERON
Je ne l'ai que trop vu pour accroître ma
peine.
Mais sur un autre point, César,
écoute-moi ;
C'est l'unique faveur que j'exige de toi.
Je vois avec pitié que ta rigueur
extrême
Attirera bientôt la foudre sur
toi-même.
Si pour nous accabler de maux et de douleurs
La terre a ses tyrans, le ciel a ses vengeurs.
Crains, malgré ton pouvoir, que quelque main
hardie
Ne te punisse un jour de tant de barbarie.
Quels monstres ont jamais immolé des enfants
?
Peut-on trop respecter ces êtres innocents
?
Hélas ! de tes fureurs victimes
lamentables,
Leurs mères ne sont pas pour toi plus
redoutables ;
Et cependant tu veux les priver de leurs biens :
César leur eût plutôt
prodigué tous les siens.
C'était par des bienfaits qu'il vengeait une
injure ;
Son fils, pour se venger, détruirait la
nature.
Est-ce ainsi que tu veux succéder à
César,
Ce héros qui traînait tous les coeurs
à son char ?
Imite sa bonté ; crois-moi, fais-nous
connaître
Que tu peux l'égaler, le surpasser
peut-être.
OCTAVE
Et pourquoi n'imputer qu'à moi seul ces
décrets
Dont Rome a ressenti de si cruels effets ?
Antoine est-il pour eux un dieu plus favorable ?
CICERON
Eh ! qui pourroit fléchir ce tigre
inexorable,
Dans l'ivresse, l'orgueil, et le luxe
allaité,
Monstre, que le destin n'a que trop bien
traité,
Et qui, pour ton malheur, nourri dans le carnage,
N'a pour toute vertu qu'une valeur sauvage ?
César, dès qu'il s'agit d'avoir recours
aux dieux,
Qui, d'Antoine ou de toi, leur ressemble le mieux
?
Le ciel de ses bienfaits t'enrichit sans mesure ;
Respecte les faveurs que te fit la nature.
Que n'as-tu pas reçu de sa prodigue main ?
Tous les dons d'un génie au-dessus de
l'humain.
Lorsqu'il ne tient qu'à toi d'être
adoré dans Rome,
Te sied-il d'être Antoine, ou de n'être
qu'un homme ?
Sois César, sois un dieu ; tu le peux, tu le
dois :
Trop heureux que le sort te laisse un si beau choix
!
OCTAVE
Tu n'auras pas en vain recours à ma
clémence,
Ni d'un sexe timide embrassé la
défense.
Je souscris à tes soins ; je veux, en ta
faveur,
Abolir ces décrets qui te font tant
d'horreur.
Au sort des malheureux une âme si sensible
Pour moi seul aujourdhui sera-t-elle inflexible ?
Je viens sur ta fierté faire un dernier
effort.
Qu'avec mon amitié la tienne soit
d'accord.
Je ne refuse rien, lorsque ta voix m'implore :
Laisse-moi triompher du fiel qui te dévore
;
Réunissons deux coeurs divisés trop
longtemps
Pour des coeurs vertueux, j'ose dire aussi
grands.
CICERON
Octave, tu me fis admirer ton enfance :
J'attendais encor plus de ton adolescence ;
Tu m'as trompé. Les coeurs remplis
d'ambition
Sont sans foi, sans honneur, et sans affection :
Occupés seulement de l'objet qui les
guide,
Ils n'ont de l'amitié que le masque perfide
;
Prodigues de serments, avares des effets,
Le poison est caché même sous leurs
bienfaits.
La gloire d'un grand homme est pour eux un
supplice,
Et pour lui, tôt ou tard, devient un
précipice.
Je n'espère plus rien, et je crains encor
moins.
Garde pour tes amis tes bontés et tes soins
;
Pour en être il faudrait aimer la tyrannie.
OCTAVE
Déchire le bandeau d'une aveugle manie,
Erreur dont ton orgueil s'est laissé
prévenir,
Et rougis des discours que tu m'oses tenir.
Que peut me reprocher ton injuste colère ?
Qu'ai-je fait qu'avant moi n'eût fait ici mon
père ?
N'obéissait-on pas lorsque César vivait
?
CICERON
Sois seulement son ombre, et je suis ton sujet.
Du bonheur des humains sage dépositaire,
En faisant toujours bien, ne songe qu'à mieux
faire.
Sois clément, vertueux, et rétablis les
lois,
Je serai le premier à te donner ma voix ;
Mais, tant que je verrai des tigres en furie
Déchirer les enfants de ma triste patrie,
Je ferai de mes cris retentir l'univers,
Et je les porterai jusque dans les enfers.
OCTAVE
Pour me livrer la guerre avec plus d'assurances,
Des hommes et des temps pèse les
circonstances.
Mon père n'eut jamais que sa gloire à
venger,
Ainsi César pouvait pardonner sans danger
;
Pour un autre César il n'eut point à
proscrire.
Qui d'ailleurs eût osé lui disputer
l'empire ?
Je ne suis entouré que de vils
sénateurs,
Opprobre des humains, lâches perturbateurs,
Que se fût immolé la justice
ordinaire,
Dont Brutus a voulu lui-même se
défaire,
Et que ce meurtrier n'a laissé dans ces
lieux
Que pour m'assassiner, ou me rendre odieux :
Car de mes ennemis l'indigne politique
Ne tend qu'à me charger de la haine
publique.
Mais en de vains discours c'est trop nous engager
:
Je ne suis pas venu pour me faire juger.
Pour la dernière fois je demande Tullie.
CICERON
Faut-il que jusque-là ta grandeur s'humilie
?
D'un amour simulé laissons là les
attraits :
Va, je t'ai pénétré plus que tu ne
voudrais.
Les doux liens du coeur, étrangers dans ton
âme,
Ne triompheront point de l'ardeur qui t'enflamme
;
C'est la soif de régner ; voilà ce que tu
veux :
Mais, comme il faut voiler ce projet dangereux,
Tu veux en imposer par l'hymen de Tullie ;
Faire croire aux Romains, puisqu'à toi je
m'allie,
Que j'épouse à mon tour ta haine et ta
fureur
En faveur d'un hymen qui me comble d'honneur ;
Si je t'ouvre un chemin à la grandeur
suprême,
Que je l'aplanis moins pour toi que pour moi-même
;
Et qu'enfin c'est moi seul qui dicte tes arrêts
:
Prétexte précieux pour m'immoler
après.
OCTAVE
Si j'avais de te perdre une secrète envie,
Qui pourrait m'engager à retenir Fulvie ?
Imprudent orateur, songe que ton orgueil
A de tes intérêts toujours
été l'écueil.
S'il me faut pour régner l'appui d'une
famille,
Qu'ai-je besoin, dis-moi, de toi ni de ta fille ?
Ingrat, si tu jouis de la clarté du jour,
Apprends que tu ne dois ce bien qu'à mon
amour.
Vois ton nom.
CICERON
Je l'ai vu, César ; je t'en rends
grâce.
Mais il ne s'agit pas du sort qui me menace.
Il s'agit des Romains. Pour la dernière
fois
D'un ami malheureux daigne écouter la
voix.
OCTAVE
Je n'écoute plus rien d'un ami si perfide.
Ce n'est pas l'intérêt de Rome qui te
guide ;
Ce fameux Clodomir, ce rival odieux,
Qu'avec tant de secret tu cachais en ces lieux,
Injurieux objet d'une lâche tendresse,
Est le seul où ton coeur aujourd'hui
s'intéresse :
C'est l'amant de Tullie ; ose me le nier.
CICERON
Je ne chercherai pas à m'en justifier.
Pourquoi de ce rival te ferais-je un mystère
?
A-t-il trempé ses mains dans le sang de ton
père ?
Ou, si c'est un forfait que d'aimer les Romains,
Implacable tyran, détruis tous les
humains.
C'est dans la cruauté que brille ton
courage.
OCTAVE
Ah ! c'est pousser trop loin le mépris et
l'outrage.
Adieu : je t'abandonne à mon
inimitié.
CICERON
Va, fuis ; je l'aime mieux encor que ta
pitié.
Celle de tes pareils à la fois
déshonore
Et celui qu'elle épargne et celui qui
l'implore.
Scène 5
Cicéron
CICERON
Mais que sont devenus mes enfants malheureux,
Depuis l'instant fatal qui m'a séparé
d'eux ?
Ma fille dans sa fuite a-t-elle été
surprise,
Ou Sextus aurait-il manqué son entreprise
?
Hélas ! de Tusculum s'ils ont pris le
chemin,
Dans mes tristes foyers ils m'attendront en vain.
Je ne reverrai plus ce couple que j'adore.
Eh ! puis-je désirer de les revoir encore
?
J'obtiens le seul honneur que j'avais souhaité
;
Et du moins je pourrai mourir en liberté...
Scène 6
Cicéron, Sextus, Tullie
CICERON
Mais je vois mes enfants ! Chers témoins de ma
joie,
C'est pour la partager que le ciel vous envoie.
Le destin va bientôt terminer mes malheurs,
Et mon sort est trop beau pour mériter des
pleurs.
Viens, ma fille, jouis des honneurs de ton père
:
Vois, lis sur ce tableau la fin de ma
misère.
Sextus, vous m'avez vu le front humilié
Que, parmi ces grands noms, le mien fût
oublié.
Je me plaignais à tort des mépris d'un
barbare,
Pardonnons-lui tous deux un affront qu'il
répare.
TULLIE
Seigneur, est-ce donc là ce destin
glorieux,
Qui doit être pour nous si grand, si
précieux ?
Mourir dans les tourments, victime de Fulvie,
C'est mourir dans l'opprobre et dans l'ignominie.
Eh ! comment, sans rougir d'un si cruel
transport,
Pouvez-vous avec joie annoncer votre mort ?
Changerez-vous toujours d'avis et de conduite ?
Un grand coeur doit avoir plus d'ordre et plus de
suite.
A peine vous formez un généreux
dessein,
Qu'à l'instant même il est banni de votre
sein.
A l'amour paternel un faux honneur succède
;
Et, plus le mal est grand, plus on fuit le
remède.
César ne vous a point encore
abandonné.
Si nous mourons, c'est vous qui l'aurez
ordonné.
Vous le savez, la mort n'a rien qui m'épouvante
;
Des coeurs infortunés c'est la plus douce
attente.
Ce qui me fait gémir, c'est de voir votre
coeur
S'honorer d'un trépas qui n'est qu'un
déshonneur.
Mais de ce même fer dont l'amour de Tullie
S'est armé pour défendre une si belle
vie,
Si vous vous obstinez à rester en ces
lieux,
Je saurai, malgré vous, m'immoler à vos
yeux.
CICERON
Ah, ma fille ! étouffez ce transport
téméraire.
SEXTUS
Mon père, il vous apprend ce que vous devez
faire.
Se peut-il qu'un grand coeur se montre si jaloux
Des honneurs qu'un esclave obtiendrait comme vous
?
Quel misérable orgueil pour une âme
romaine !
Ah! loin de nous vanter une vertu si vaine,
Rougissez de vous voir proscrit sur ce tableau.
C'est dans le ciel qu'il faut inscrire un nom si
beau.
Des plus nobles proscrits je viens d'armer
l'élite ;
C'est à mourir entre eux que l'honneur nous
invite.
Laisserez-vous périr ces guerriers
généreux
Qui s'exposent pour vous au sort le plus affreux
?
Un Romain, tant qu'il veut, peut rétablir sa
gloire ;
C'est en cherchant la mort qu'il trouve la
victoire.
Lorsqu'il faut terminer ses déplorables
jours,
Est-ce au fer des bourreaux qu'il faut avoir recours
?
CICERON
Ah ! je n'aspire point aux honneurs de la guerre
;
Le ciel ne m'a point fait pour désoler la
terre,
Ni pour briller dans l'art des travaux
meurtriers.
Ainsi que ses vertus, chacun a ses lauriers.
Et que peut m'importer, dès qu'il faut que je
meure,
Quelle main me viendra marquer ma dernière heure
?
Lorsqu'on ne peut plus vivre, il faut savoir
mourir,
Et se rendre, quand rien ne peut nous secourir.
A quoi me servira votre valeur suprême,
Plus terrible cent fois pour moi que la mort même
?
Tullie est un héros au-dessus du
trépas,
Qui viendra s'élancer à travers les
soldats.
Voulez-vous qu'à mes yeux on égorge ma
fille,
Et l'héritier qui peut relever ma famille
?
Et comment osez-vous hasarder nos amis,
Dès que le moindre espoir ne nous est plus
permis ?
Dans l'ardeur de tenter une vaine défense,
Les ferez-vous périr pour toute
récompense ?
SEXTUS
Hé bien! si rien ne peut nous sauver de la
mort,
Nous mourrons tous du moins dignes d'un meilleur
sort.
CICERON
C'est parler en soldat, dont l'ardente manie
Méprise également et la mort et la
vie.
Je suis père, et je dois mieux penser qu'un
amant
Qui ne consulte plus que son emportement.
On n'en veut qu'à moi seul en ce moment funeste
;
Faut-il imprudemment sacrifier le reste ?
Mon sang apaisera la fureur des tyrans :
Ah ! laissez-lui l'honneur de sauver mes enfants.
Calmez les fiers transports de ce coeur indomptable
;
Ma mort est désormais un mal
inévitable.
Ma fille, qui n'a plus d'autre soutien que vous,
Aura-t-elle à pleurer son père et son
époux ?
Adieu, mon cher Sextus ; adieu, chère Tullie
:
Pour m'aimer plus longtemps conservez votre vie.
On vient. Ah ! c'en est fait : dieux ! quel moment
affreux !
Hélas! pour ma défense ils se perdront
tous deux.
Scène 7
Cicéron, Sextus, Tullie, Philippe
PHILIPPE, à Sextus
Vos amis assemblés sous diverses cohortes,
Pour vous accompagner, sont déjà loin des
portes.
(à Tullie)
Madame, en ce moment, daignez suivre ses pas.
Du sort de Cicéron ne vous alarmez pas.
Octave, qui ne veut que semer l'épouvante,
A cru, pour ébranler votre âme trop
constante,
Devoir ranger son nom au nombre des proscrits ;
Mais, malgré le courroux dont son coeur est
épris,
Il ne peut consentir à livrer votre père
:
Ainsi ne craignez rien de sa feinte
colère.
(à Cicéron)
Loin de vouloir, seigneur, en terminer le cours,
Il vient de m'ordonner de veiller sur vos jours :
Marchons à Tusculum, tandis qu'avec Tullie
Sextus ira se rendre au rivage d'Ostie.
CICERON
Adieu, triste témoin do mes voeux
superflus,
Palais infortuné, je ne vous verrai plus.
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