Cicéron Musée de Madrid | M. Tulius Cicéron naquit à Arpinum d'un chevalier romain (1), qui descendait du roi Tullus Attius (2). Dans sa jeunesse, il plaida avec beaucoup d'éloquence et de liberté la cause de Roscius (3) contre les partisans de Sylla. Craignant que sa hardiesse ne lui devînt funeste, il se rendit à Athènes avec l'intention de s'y perfectionner dans ses études. Après y avoir pris, avec beaucoup de zèle (4), les leçons d'Antiochus, philosophe académicien, il partit pour l'Asie, d'où il s'embarqua pour l'île de Rhodes, afin de s'y former dans l'éloquence, sous Molon, très habile rhéteur grec. Il y fit de si grands progrès, que ce savant maître ne put s'empêcher de dire, en versant des larmes, que ce jeune Romain enlèverait un jour à la Grèce la palme de l'éloquence. Il gouverna d'abord la Sicile en qualité de questeur (5). Elevé à l'édilité (6), il fit condamner Verrès comme coupable de concussion. Envoyé en Cilicie comme préteur (7), il délivra cette province des brigands qui l'infestaient. Pendant son consulat il fit punir de mort les complices de Catilina. Bientôt après il fut condamné à l'exil, victime de la haine de P. Clodius (8), de la connivence de César et de Pompée dont il avait signalé l'ambition avec autant de liberté qu'il en avait montré contre les partisans de Sylla, enfin de la faiblesse des consuls Pison et Gabinius, que Clodius avait attirés dans son parti, en leur procurant les revenus de la Macédoine et de l'Asie. Un an après il fut rappelé, à la demande de Pompée dont il suivit la fortune pendant la guerre civile. Après la défaite de ce triumvir il obtint aisément son pardon de César. Celui-ci ayant été assassiné, il s'attacha à Auguste, et prouva qu'Antoine était un ennemi de la république. Lorsque César Octave, Antoine et Lépide formèrent leur triumvirat, sa mort parut être une condition nécessaire à leur bonne intelligence (9). Il se livrait au repos à Formies (10) où il s'était retiré, quand un corbeau lui annonça le malheur qui le menaçait. Frappé de ce mauvais présage, il prit la fuite ; mais des assassins, envoyés par Antoine, le suivirent et lui donnèrent la mort. Sa tête fut portée à ce triumvir (11).
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