Damien Avice (Thyeste) dans la mise en scene de Thyeste de Sénèque par Thomas Jolly -



Même si le mythe des Atrides est grec à l'origine, sa puissance a évidemment inspiré aussi les dramaturges romains, en particulier Sénèque qui a donné de l'un de ses épisodes inauguraux la version la plus brutale et réaliste qui nous soit parvenue. Traduite par Florence Dupont, une spécialiste iconoclaste du théâtre latin, et montée au festival d'Avignon en 2018 par Thomas Jolly, un jeune metteur en scène inventif, spécialiste de la représentation de la violence et de la cruauté, la tragédie Thyeste de Sénèque constitue un exemple de ce qui peut ou ne peut pas se dire et se montrer devant des spectateurs.

La question se pose particulièrement à propos du sacrifice abominable qu'accomplit Atrée lorsqu'il prépare le banquet auquel il a convié son frère Thyeste. Il faudra prendre pour point de repère le rituel « normal » d'un sacrifice aux dieux romains pour mesurer à quel point celui-ci est perverti.

 

Thyeste dans la mise en scène de Thomas Jolly
Avignon, 2018

1. Documents préliminaires


2. Le récit du sacrifice des enfants

Le messager dans la mise en scène de Thomas Jolly
Avignon, 2018

Le théâtre, qu'il soit romain ou même contemporain, n'ayant ni les mêmes moyens techniques ni surtout les mêmes visées que le cinéma gore, comment peut-il rendre compte de la transgression la plus monstrueuse et irreprésentable qui soit, le massacre d'enfants innocents et le dévoiement radical du rituel du sacrifice ? Thomas Jolly revisite la tradition du messager pour nous en proposer un spectacle saisissant.

Récit du messager

Cette traduction d'E. Greslou, fidèle au texte latin, est acceptable à la lecture mais peu adaptée à la scène. Vous pourrez la comparer avec celle du fichier audio de la captation du spectacle d'Avignon, pour mesurer à quel point Florence Dupont a su « décaper » le texte latin et le rendre plus efficace dans une mise en scène de théâtre moderne.





Article Sacrifices dans la religion romaine sur Wikipedia


3.Le banquet fatal

Atrée rejoue à présent la comédie qu'avait jouée son aïeul Tantale offrant aux dieux son fils Pélops pour mettre à l'épreuve leur omniscience. Mais cette fois, la victime de la supercherie est son frère Thyeste, un père qui peu à peu découvre l'horreur, la violence absolue qui a été infligée d'abord à ses enfants et à présent à lui-même. Comment représenter ce sommet de monstruosité, et à quoi cela peut-il servir aux spectateurs à qui le dramaturge a donné, au théâtre, l'omniscience des dieux ?

Scène entière dans la traduction d'Eugène Greslou, 1834
Texte extrait de la scène dans la traduction de Florence Dupont


4. Documents complémentaires